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Brad Mehldau et Mark Guiliana, un tandem électrisant

Le pianiste de jazz Brad Mehldau a sorti un album étonnant, "Taming the Dragon", enregistré sur des claviers électriques avec le batteur Marc Guiliana. Loin des sphères musicales dans lesquelles on a l’habitude de le voir évoluer, il nous embarque, avec son complice, dans un voyage futuriste, spatial, entre groove, rock et électro. Une belle surprise que ce tandem malicieusement baptisé Mehliana.
Article rédigé par Annie Yanbekian
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Brad Mehldau (à gauche) et Mark Guiliana
 (Brantley Gutierrez)
Brad Mehldau et Marc Guiliana se connaissent depuis des années. S’ils ont l’habitude de se produire ensemble, ils n’avaient encore jamais concrétisé cette association par une session en studio. Il était temps de franchir le pas, les associations claviers/batterie se faisant plutôt rares dans le jazz.
Brad Mehldau, 43 ans, pianiste américain, peut-être la plus grande star du jazz de sa génération, mène une carrière brillante depuis une vingtaine d’années, semblant naviguer en toute sérénité entre de multiples projets, les siens et ceux auxquels il prête son inspiration et son jeu si reconnaissable. Très à l’aise en solo, impérial en trio (avec Jeff Ballard et Larry Grenadier), quand il ne compose pas, il visite avec passion les répertoires inépuisables du jazz, du rock ou du Brésil.

Mark Guiliana, 33 ans, batteur américain très créatif de la scène new-yorkaise, a eu l’occasion de travailler avec de nombreux artistes depuis une dizaine d’années. Ancien membre du trio du contrebassiste israélien Avishaï Cohen, il a aussi accompagné, entre autres, l’oudiste tunisien Dhafer Youssef, le guitariste béninois Lionel Loueke ou les chanteuses américaines Gretchen Parlato et Meshell Ndegeocello. Il mène aussi des projets musicaux en solo et avec son groupe de jazz et de rock indie Heernt.
Claviers électriques et polyrythmies
Dans le cadre de son travail avec Mark Guiliana, Brad Mehldau délaisse son piano pour des claviers électriques, Fender Rhodes, synthés... Dans la discographie du pianiste (les albums « Largo » en 2002, « Highway Rider » en 2010), on trouve déjà des traces d’expériences électriques ou électroniques combinées à de la polyrythmie, telles qu’on en entend dans le nouveau disque.

Dans « Taming the Dragon », disque sorti le 10 février chez Nonesuch, six des douze morceaux sont signés Mehldau, les six autres étant écrits avec Guiliana. Le disque comporte un morceau intitulé « Gainsbourg » qui s’ouvre sur un sample de la première mesure de « Initiales B.B. » avant de se développer vers d’autres horizons tout en nous donnant ponctuellement à entendre la voix du chanteur (« Manon »). Autre hommage, celui rendu à l’aviatrice disparue Amelia Earheart (1897-1937) dans « Elegy for Amelia E. », dont la voix est également samplée.
Monde futuriste et mélancolique
Le pianiste fait parfois le récitant dans un univers à la fois électro et jazz, un monde futuriste, teinté de couleurs seventies, empreint de mélancolie. Les effets, les samples et les rythmes virtuoses servis par Mark Guiliana ne sont jamais utilisés à outrance, mais dosés au contraire avec finesse et sobriété. Un voyage édifiant et envoûtant.

Brad Mehldau est actuellement en tournée avec son trio, avec des dates en France, comme l'indique son agenda. Le 31 mai prochain, il se produira en solo à Coutances dans le cadre du festival normand Jazz sous les Pommiers.
  (Nonesuch Record)

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