Jazz à Vienne : Marion Tisserand, le marathon d'une photographe indépendante
Chaque année, le début de l'été en Rhône-Alpes est marqué par une vague de chaleur musicale qui invite à un lointain voyage dans le temps et dans les airs. Pendant une quinzaine de jours, le théâtre antique de Vienne réintègre son rôle d'arène où les sons des saxo flirtent avec des ambiances nocturnes qui s'étendent jusqu'aux premières lueurs. Et lorsque que le petit jour pointe, restent des notes de musique qui reviennent en boucle, de beaux souvenirs de visages réjouis et des images plein la tête.
Pour ne pas oublier et se souvenir encore, les photographes captent ces moments indélébiles et nous les rendent publics. Depuis 2002, Marion Tisserand couvre les concerts de "Jazz à Vienne "et raconte avec son œil aiguisé des soirées inoubliables. Une équipe de reportage de France 3 Grenoble l’a suivie dans le dédale des vieilles pierres, elle nous raconte ses coups de cœur de jazz à travers son métier de photographe indépendante.
Reportage : Aurélie Massait Salamanca, Grégory Lespinasse, Christian Chauvin et Azedine Kebabti
La vie à l'envers
Pour un photographe de concerts et de festivals, la vie a tendance à se décaler franchement vers la fin de journée. Ce qui n'est pas vraiment un problème pour Marion Tisserand. Oiseau de nuit, à l'affut des visages et des regards, son objectif suit ses envies. Arrivée sur le site vers 19h pour la conférence de presse, elle prend ensuite la température du début de soirée auprès de ses collègues photographes derrière le crash barrière "il y a plus d’entraide depuis quelques années, on se file des coups de main" souligne-t-elle.Accréditée généralement pour trois morceaux par soir, elle profite ensuite du bon son et de l’ambiance qui suit. Du Club de minuit au Jazz Mix, Marion reste à Vienne jusque trois heures du matin, puis rentre chez elle pour trier et choisir les meilleurs clichés. Guidée par son intuition et par les rencontres, les images qu’elle réalise sont toujours portées vers l'artiste : "j’aime les portraits, j’aime les gens dit-elle, je ne pourrais pas imaginer de faire une photo sans visage".
Le jazz dans la peau
Lorsque Marion Tisserand parle du jazz, son regard s’illumine encore plus. La jeune femme a reçu la musique en héritage. Elle se souvient que, toute petite déjà son père lui disait « le jazz est la base de toute bonne discothèque ». Enfant, elle tombe dans les bras de Miles Davis, Stan Getz, ou Didier Locckwood et fait ses propres rencontres. Diplômée des Arts Appliqués de Lyon, elle choisit la photo pour se rapprocher des musiciens.Marcus Miller ou Ibrahim Maalouf comptent aujourd’hui parmi ses artistes préférés. Une admiration qu’elle dévoile encore plus lorsqu’elle les capte dans son objectif. « Ce lieu c’est un vieux rêve d’ado et y être c’est magnifique, j’ai vraiment une histoire d’amour avec Jazz à Vienne » confie-t-elle alors que le concert de Macéo Parker bat son plein.
La magie Jazz à Vienne
Cela fait 35 ans que ça dure et "Jazz à Vienne " séduit toujours autant les aficionados du genre. Depuis qu’elle fréquente l’amphithéâtre, Marion est autant impressionnée par les artistes qu’elle a photographiés que par le public inconditionnel "Il peut tomber des cordes à Vienne, le public ne part jamais, c’est des résistants. En tant que photographes on doit être à la hauteur de cette ferveur"Du théâtre antique à l’exposition
Publié sur Culturebox en diaporama, son travail fait aussi l’objet d’une exposition collective en ce moment à Vienne.Accompagnée d’un collectif de neuf photographes, Marion a collecté une quarantaine de photos. Neuf regards qui racontent l’aventure des 35 ans de Jazz à Vienne. Christophe Charpenel qui figure dans cette exposition évoque ce qu’une photo peut aussi révéler "une personnalité cachée du musicien ou des artistes, l’intérêt de notre démarche est d’aller cueillir quelque chose qui ne se voit pas de loin".
#35 jusqu’au 11 juillet 2015 à la salle des fêtes de Vienne, Place Miremont
Avec Christophe Charpenel, Daniel Peyreplane, Isabelle Delfourne, Krystel Thibaud, Paul Bourdrel, Catherine Manin, Tim Motion, Emma Pittalis et Marion Tisserand
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