Facebook censure un groupe de rock pakistanais à la demande du gouvernement
La page du groupe de rock "Laal" sur le réseau social était aussi un lieu de conversations sur des sujets démocratiques.
Facebook se plie aux exigences du Pakistan. Le réseau social a bloqué la page d'un groupe de rock pakistanais populaire à la demande d'Islamabad, provoquant la colère des militants qui luttent contre la censure grandissante dans le pays. Laal ("Rouge") avait une page Facebook très visitée (plus de 400 000 "like") et ouverte aux débats sur des sujets tels que les droits des femmes ou le rôle de l'armée. Mais sa page dédiée est inaccessible aux Pakistanais depuis mercredi 4 juin, tout comme des pages telles que "Taalibansarezalimans" ("Les talibans sont des oppresseurs") et "Pakistani.meem", qui se décrit comme pro-démocratie et laïque.
Vendredi, Facebook a confirmé avoir fermé cette page au Pakistan à la demande du gouvernement en vertu d'un accord avec celui-ci. "Facebook ne nous en a même pas informés. Je l'ai remarqué en voyant qu'il n'y avait pas d'activité sur notre page", a déclaré Taimur Rahman, le guitariste de Laal. Selon le réseau social, 162 pages ou contenus ont ainsi été rendus inaccessibles aux internautes pakistanais entre juillet et décembre 2013 après qu'ils lui ont été signalés par le gouvernement comme problématiques au regard des lois "interdisant le blasphème ou la critique de l'Etat".
"Massacre à grande échelle de la liberté d'expression"
"Facebook commet une grave erreur", a commenté Yasser Latif Hamdani, un avocat pakistanais, qui estime lui que ces demandes de blocages du gouvernement sont "illégales et anticonstitutionnelles".
Le Pakistan censure de plus en plus souvent internet. Il bloque ainsi l'accès des internautes locaux à YouTube depuis 2012, et la publication par le site de partage de vidéos de L'Innocence des musulmans. Ce film à petit budget parodiant l'islam est jugé offensant par les cercles religieux conservateurs. Le directeur de Bytes For All, une organisation pakistanaise qui fait campagne contre la censure, a dénoncé "un massacre à grande échelle de la liberté d'expression au Pakistan".
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