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Pourquoi la France va (encore) misérablement perdre à l'Eurovision

Marie Myriam n'a pas de souci à se faire : ce n'est pas cette année que la France remportera le concours de chant, n'en déplaise à Amir.

Article rédigé par Mathieu Dehlinger
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
Le chanteur Amir, représentant de la France à l'Eurovision, photographié à Paris, le 15 avril 2016. (ELLIOTT VERDIER / AFP)

La malédiction n'est pas près de se terminer. Marie Myriam peut dormir sur ses deux oreilles : après l'édition 2016 de l'Eurovision, elle restera la dernière Française à avoir remporté le concours de chanson. Amir représentera l'Hexagone en finale, samedi 14 mai, mais l'ancien candidat de "The Voice" ne pourra pas faire de miracle. Avec un peu de mauvaise foi, francetv info vous explique pourquoi il n'a aucune chance de l'emporter.

(Pour ne pas prendre trop de risques, on vous explique aussi pourquoi, en réalité, la France va enfin gagner cette année...)

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Parce que l'Eurovision a déjà son favori

A en croire les bookmakers, le match est joué d'avance : la Russie va remporter l'Eurovision. Il faut dire que le pays est un habitué du podium : en 2012 et en 2015, les grands-mères de Buranovskiye Babushki et la jeune Polina Gagarina sont passées tout près de la victoire, avec une deuxième place.

Cette fois-ci, Sergueï Lazarev a mis toutes les chances de son côté. Une fois écoutée, sa chanson, You're The Only One, ne sort plus de la tête, estime le Telegraph (en anglais). Sa performance lors de la première demi-finale a été "époustouflante", analyse encore le Sydney Morning Herald (en anglais). Jugez vous-même :

Les parieurs misent sur un duel entre Moscou et Kiev. Le combat s'annonce d'autant plus féroce que la contribution ukrainienne, 1944, évoque la déportation par Staline des Tatars de Crimée, péninsule ukrainienne annexée par la Russie en mars 2014.

Parce que la mise en scène n'est visiblement pas terrible

Nathalie André aurait bien aimé cacher les images des premières répétitions d'Amir à Stockholm (Suède). "Elles devraient toujours être secrètes, a argumenté la patronne des divertissements de France 2 en conférence de presse. C'est la même chose que quand un grand chef prépare une recette de cuisine qu'il n'a jamais faite."

Sauf que ces répétitions sont "diffusées et commentées". Et les premiers retours n'étaient pas tendres avec Amir. Le chanteur français avait "l'air perdu" sur la scène, ce qui lui a valu un accueil "frisquet" dans la salle de presse, raconte 20 Minutes. "Aucune des prestations du Français projetées sur l’un des nombreux écrans n’a eu droit à des applaudissements nourris – contrairement à celles du candidat suédois, qui chante à domicile, ou de l’Italienne", précise le quotidien.

Amir le reconnaît lui-même : "La chanson manquait de mouvement, son énergie n'a pas été exploitée à son plein potentiel." "Mais c'est la première fois qu'on découvre la scène, la scénographie qu'on a pu faire, l'espace", a défendu Nathalie André. La défense n'a pas convaincu tous les fans du concours. "Amir est seul sur scène, il ne sait pas vraiment danser alors il faudrait que la caméra se charge de faire bouger tout ça", juge Ethan Marchand, webmaster du blog eurovision69.com, interrogé par 20 Minutes.

Il y a au moins 20 prestations meilleures que celle d’Amir. L’Eurovision, ce n’est pas qu’une bonne chanson, c’est aussi une bonne prestation…

Ethan Marchand, webmaster du blog eurovision69.com

dans "20 Minutes"

Parce que la France est maudite

A quoi bon se faire des illusions ? Cela fait bien longtemps que la France n'a pas gagné l'Eurovision : chaque année, les commentateurs du concours rendent hommage à notre dernière gagnante, Marie Myriam, avec son inoubliable L'Oiseau et l'enfant. C'était tout de même en 1977, il y a près de quarante ans. "Ma victoire commence à sentir la poussière", s'amuse aujourd'hui l'artiste, interrogée par l'AFP.

Depuis, la France s'enfonce doucement mais sûrement vers les tréfonds du classement, malgré quelques sursauts entre 2009 et 2011. La dernière fois que notre représentant est arrivé sur le podium remonte à 1991 : à l'époque, Amina avait atteint la deuxième place, avec son titre C'est le dernier qui a raison. L'URSS existait encore.

Parce qu'Amir crée la polémique

La candidature d'Amir ne bénéficie pas de soutien parmi les hautes sphères de l'Etat. Au contraire. Le secrétaire d'Etat chargé de la Francophonie, André Vallini, a taclé la chanson choisie pour nous représenter. "Consternant", a-t-il jugé sur son compte Twitter. La faute à un refrain fredonné en anglais, alors que l'Hexagone a rarement succombé à l'appel de la langue de Shakespeare.

Il n'en fallait pas plus pour déclencher une polémique, alimentée par Bernard Pivot. "C'est le nivellement par le bas, c'est un peu dommage, a jugé l'amoureux des mots sur BFMTV. Je préférerais que ce soit un nouveau Yves Montand qui arrive. Est-ce qu'on sera content si on gagne le prochain Eurovision avec une chanson en anglais ? Je n'en suis pas très sûr." Eric Zemmour y voit même une "parabole de notre destin national"... Dans son propre pays, Amir ne fait pas consensus. Alors comment convaincre en Europe ?

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