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Toro Y Moi annonce la tiédeur estivale avec le groove solaire de "Mahal"

Encore peu connu par ici, le chanteur, musicien et producteur américain Chaz Bundick alias Toro Y Moi, en est pourtant à son septième album. Le sensuel "Mahal", une excursion sonore particulièrement aboutie, est une bonne occasion de le découvrir.

Article rédigé par Laure Narlian
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 2 min
Chaz Bundick alias Toro Y Moi à San Francisco, perché sur un jeepney, minibus de transport collectif philippin (la mère du musicien est philippine), une photo qui orne la pochette de son album "Mahal". (CHRIS MAGGIO)

L’Américain Chaz Bundick, chanteur, musicien et producteur américain derrière Toro Y Moi, a déjà montré en un peu plus d’une décennie qu’il n’était pas l’homme d’un seul style. Érigé à ses débuts en prince de l’éphémère mouvement "chillwave" (style de musique électronique indolent abusant des filtres), ce caméléon a depuis son premier album en 2009 exploré à sa manière singulière aussi bien le R&B que la pop, le soft rock que la house music, sans compter ses collaborations hip-hop (Travis Scott, Odd Future) et électro (Chromeo, Flume, Flying Lotus).

Sur son septième album, le jubilatoire Mahal, Chaz nous embarque dans une nouvelle épopée sonore expérimentale sur coussins d’air. Car Mahal est un disque solaire et voluptueux, résolument taillé pour paresser dans la tiédeur de l’été.

Un mélange fluide et psychédélique

D’humeur joueuse, Chaz s'y montre plus éclectique que jamais. Il embrasse ici sans complexe psychédélisme luxuriant (Way Too Hot), néo-soul, blues alangui (Mississipi), disco-funk rutilant (Millenium), saxophone sensuel (Goes By So Fast) et éclats de post-rock (Foreplay), souvent combinés de façon inattendue au sein d’un même morceau. On a même repéré quelques échos de claviers à la Supertramp sur le final Days in Love ! Mais ces mélanges surprenants sont réalisés avec une fluidité telle qu’on ne sait parfois plus très bien où commencent et où finissent les chansons aux mélodies accrocheuses.

Des chansons construites amoureusement par Chaz en orfèvre de studio mais qui sont sans doute aussi le fruit de fructueuses improvisations. Car, en réaction à l'isolement dû à la pandémie, ce multi-instrumentiste solitaire à la voix délicieuse fait monter à bord pour la première fois une foule de collaborateurs. Il invite notamment Ruban Nielson d’Unknown Mortal Orchestra, dont la guitare réveille les climats cotonneux – avec des échos hendrixiens dès le titre d’ouverture The Medium – mais aussi Salami Rose Jose Louis, dont le chant enfantin illumine Magazine, et la prometteuse Sofie Royer, également au micro sur Clarity.

Un album délicieux, pétri de folie douce

Peu réputé pour ses textes, par trop elliptiques, Chaz semble cette fois esquisser un vrai propos tout en conservant son ton détaché. On perçoit un commentaire écolo sur Magazine, où il est question au détour d’une phrase "d’inévitable extinction", tandis que l’adorable Mr Postman, articulé autour d’une basse sautillante, pointe en filigrane la dématérialisation des échanges.

Sur In The Loop, Chaz critique à mots couverts les réseaux sociaux et notre besoin de rester au courant. Et il se fait encore plus personnel avec Last Year, dans laquelle on comprend que la période de pandémie l’a conduit à aller faire un tour chez le psy pour "apprendre à s’aimer". Nous, on aime en tout cas passionnément cet album touffu pétri de folie douce, sans doute son plus réussi à ce jour.

"Mahal" de Toro Y Moi (Dead Oceans/Modulor)
Toro Y Moi sera en concert le 4 octobre 2022 à Paris (Trabendo)

La pochette de "Mahal" de Toro Y Moi. (DEAD OCEANS / MODULOR)

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