Philippe Cohen Solal de Gotan Project publie "75010", un album hommage à son quartier parisien

Philippe Cohen Solal habite dans l'un des quartiers les plus cosmopolites de Paris, le 10e arrondissement. Dans son nouvel album, qui réunit de nombreuses voix invitées, il a voulu en faire la bande son.
Article rédigé par franceinfo Culture avec AFP
France Télévisions - Rédaction Culture
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Temps de lecture : 2 min
Le musicien et producteur Philippe Cohen Solal, à Paris, le 2 avril 2024. Et la pochette de son nouvel album "75010" paru chez Ya Basta. (JOEL SAGET / AFP)

Producteur, DJ, défricheur, compositeur pour le cinéma... L'un des co-fondateurs du trio Gotan Project, Philippe Cohen Solal, a connu mille vies sans jamais délaisser le quartier métissé de Paris, celui du 10e arrondissement, qui a nourri son inspiration et irrigue son nouvel opus baptisé 75010 (Ya Basta Records).

"Ce n'est pas toujours nécessaire d'enregistrer dans le monde entier, il est là mon monde entier. Je voulais faire la bande-son du Xe", résume le sexagénaire d'origine néerlando-tunisienne, depuis un café de cet arrondissement populaire de la rive droite. 

Un album où se bousculent les invités

Ce quartier est un petit précipité de mondialisation où se mélangent coiffeurs africains, restaurants indiens, barbiers turcs et bobos parisiens. C'est ce patchwork que célèbre son nouvel opus, au gré d'une pérégrination où l'on croise Charlélie Couture, une chanteuse rappeuse (Jodie Coste), des rappeurs turcs (Uzay), le musicien kurde Rusan Filiztek, la comédienne Judith Chemla et la chanteuse lyrique d'origine iranienne Ariana Vafadari.

"Grandes théories dans les salons, dans l'air un parfum de Révolution, pourtant les mêmes qui parlent d'égalité et de justice, défendent les profits et la spéculation", dit (plus qu'il ne chante) CharlElie Couture sur Ici, c'est comme ça et sa trompette mélancolique.

C'est dans son studio niché à deux pas du New Morning que Philippe Cohen Solal a réalisé cet album. Là même où il avait enregistré un des hymnes de la sono mondiale des années 2000 avec Gotan Project. Paru en 2001, La revancha del Tango a déferlé sur le globe en brassant électro et musique argentine. Plus de dix ans de tournées et trois albums ont à jamais marqué cet archiviste du son, qui possède 17 000 disques.

"C'était une explosion. Tu entends ta musique partout dans le monde alors que tout avait été fait à la maison", raconte-t-il. "Tu marches sur l'eau. Mais c'est là que les ego commencent à monter". Le trio finira par éclater avec pertes et fracas et frais d'avocats afférents.

Amateur de "claques musicales"

Avant l'ouragan Gotan, cet autodidacte rétif à l'autorité avait été punk à Jérusalem dans son adolescence, animateur de radio, superviseur musical de films de Lars Von Trier et Krzysztof Kieslowski ou directeur artistique chez Polydor, un job qu'il a "détesté". "Il fallait tout écouter simplement pour identifier le potentiel commercial, ce n'est pas mon truc", dit-il. Lui-même pensait d'ailleurs que Gotan Project, qui a écoulé plus de 3 millions d'albums, allait faire "un flop".

Cohen Solal ne manque pas de flair mais la musique est, avant tout, pour lui une affaire "de claques" artistiques, que lui ont successivement assénées le punk, le jazz-rock du Mahavishnu Orchestra, le ska, la trap ou la techno.

Une autre "claque" le saisit à la fin des années 80. Dans le quartier des Halles, il est aimanté par un guitariste de rue qui reprend Starfish and Coffee de Prince. "Je trouve ça incroyable":  Cohen Solal vient de découvrir Keziah Jones. A force d'obstination, il lui décroche son premier contrat et les deux artistes ne se sont jamais quittés. L'an passé ils ont publié Class of 89 pour célébrer leur amitié.

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