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Flavien Berger en tournée avec ses robots fantômes : "Sur scène, je suis le seul humain"

Son second album "Contre-Temps", une petite merveille de pop électronique en français publiée en septembre, a confirmé la singularité rêveuse et futuriste de Flavien Berger. Avant son second passage à l'Olympia mercredi 27 mars 2019, le Parisien nous a raconté son rapport à la scène. A lire en regardant son concert en intégralité ci-dessous.

Article rédigé par Laure Narlian
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Le chanteur et musicien Flavien Berger au festival Pitchfork Paris, le 28 octobre 2016 à La Villette. (DAVID WOLFF - PATRICK / REDFERNS)

Revoir le concert de Flavien Berger à l'Olympia le 27 mars 2019



Sur scène, êtes vous toujours seul entouré de machines ?

Flavien Berger : Disons que je ne suis plus vraiment tout seul, mais je suis le seul humain sur scène: je suis entouré de trois fantômes. Ce sont des présences en creux, c'est la possibilité d'être plusieurs, visuellement, de manière un peu animiste. Faute d'avoir un bassiste, un batteur et un clavier, j'ai des robots fantômes qui apportent leur chorégraphie au spectacle. Mais je reste seul au contrôle de la musique. Parce que cette musique je l'ai faite tout seul, j'ai les clés de la production, de l'écriture et de l'interprétation, j'ai envie de la représenter sur scène. On pense bizarrement qu'un live doit représenter une écoute de disque lors qu'en fait ce sont des choses diamétralement opposées.

Sur vos albums, vous aimez jouer avec les accidents et l'imprévu. Est-ce pareil sur scène ? 
Il y a cette notion de sans filet, oui. Mais comme je suis piètre musicien, je n'ai pas fait de solfège, ça m'angoisse toujours un peu, j'ai peur d'oublier un accord, je ne me fais pas très confiance. J'essaye de respecter les morceaux du disque, de faire des concerts nickel pour ceux qui viennent les écouter tout en faisant en sorte de ne pas m'ennuyer, de me faire de petits frissons. Il y a des moments d'improvisation au synthé, dans les introductions, des ruptures au sein des morceaux et il y a aussi pas mal de freestyle au niveau du texte. Je me sers de la situation comme moment d'inspiration, j'essaye de capter ce qui fait qu'un public est différent d'un autre.


La pratique des concerts a-t-elle modifié votre approche de la musique ou suscité de nouvelles envies ?
J'ai toujours fait de la musique mais j'ai fait de la scène très tard, après la sortie de mon premier disque en 2014. Donc en fait j'ai une non religion de la scène, je découvre constamment et j'essaye de bricoler avec des outils non professionnels. La scène c'est très inspirant, mais c'est aussi bloquant. Quand j'ai fait mon second album, "Leviathan", une espèce de naïveté s'était envolée, j'avais rencontré d'autres musiciens et parlé de musique avec des gens dont c'était la pratique. En plus j'avais déjà fait une tournée donc je commençais à me demander comment j'allais adapter ces morceaux-là en live, j'avais perdu une certaine insouciance. Alors j'ai essayé de ne pas penser au live quand j'ai composé "Contre-Temps".

L'album "Contre-Temps" a été écrit autour du concept du temps et du voyage dans le temps. Quel est votre rapport au temps et rêvez-vous de vous téléporter à une autre époque ?
Non, je ne rêve pas de me téléporter dans une autre époque, je suis très bien dans ce présent. Je n'ai pas d'obsession sur le temps; c'est un thème méta en fait. J'aime bien faire des disques méta, qui parlent de la musique et qui parlent du temps. Parce qu'un disque qu'est-ce que c'est d'autre que sculpter le temps ?

C'est déjà votre second Olympia, que représente pour vous le fait de jouer dans cette salle, à domicile ?
Je ne veux pas donner l'impression de cracher dans la soupe mais disons que ça ne représente pas grand-chose pour moi. Je ne suis pas tres impressionné par les instances culturelles, par les étapes à franchir dans une carrière - d'ailleurs je déteste le mot carrière, pour moi les carrières c'est des choses qui creusent la terre et vident les ressources planétaires. Par contre j'aime bien me demander comment faire plaisir au public et proposer un truc inoubliable. Cette fois il faut se retrousser les manches parce que c'est la deuxième "rédac" de l'année, du coup il faut sortir un bon sujet et y aller.

Les gens qui vous ont déjà vu en novembre à l'Olympia auront-ils droit à des nouveautés ?
Oui, il y aura de nouvelles choses. Un nouvel ordre de morceaux, une autre interprétation, d'autres improvisations, des invités. Je pense que je vais être plus à l'aise que le premier. En novembre je commençais à peine la tournée, j'avais été fragilisé par des soucis personnels. Et puis que je le veuille ou non, j'ai beau désacraliser le truc, une fois sur scène c'est hyper impressionnant. Pendant tout mon premier Olympia en novembre je me suis accroché à mon micro comme on s'accroche à la rembarde de sécurité. D'ailleurs, quand je suis sorti de scène,  je n'ai pas quitté mon micro des mains pendant trois heures, c'était ma ceinture de sécurité, ma bouée de sauvetage. Alors que là je pense que la tournée m'a réinstallé dans mon cockpit, je maîtrise beaucoup mieux mon tableau de bord.

Qu'est ce qui vous émeut le plus dans cet échange avec le public ?
Mon public est hyper hétéroclite. Mais il y a beaucoup d'amoureux, beaucoup de couples. J'aime voir les gens qui ferment les yeux, qui sont là pour eux. Ceux qui viennent pour vivre le moment qu'ils ont choisi de vivre, qui savent pourquoi ils sont là et qui se laissent surprendre et bercer en même temps.

Allez-vous facilement au contact du public après les concerts ?
Oui et c'est super, c'est une nouvelle expérience de communiquer avec les gens venus vous voir. On se remercie mutuellement et ça prend du sens. Je me méfie toujours de ce qu'on appelle un succès basé sur un nombre d'écoutes. C'est autre chose lorsque les gens eux-mêmes derrière ces chiffres viennent pour te dire "mon histoire avec cet album c'est ça", "merci parce que à telle époque de ma vie il y avait ça", "c'est sur ce morceau qu'on s'est rencontrés". C'est rentrer dans des histoires humaines, c'est du solide et c'est nouveau pour moi. Le premier album a eu du temps pour s'installer dans la vie des gens donc on n'est pas dans une hype. Maintenant on est dans un rapport amical, durable.

Flavien Berger est en tournée dans toute la France jusque fin juillet. 

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