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Festival des Inrocks : The Shoes loupe la marche pour son retour scénique
Le premier album du duo The Shoes a marqué les esprits. Pétillant, intelligent, dansant, « Crack My Bones » et son electro-pop jouissive avait déboulé avec éclat en 2011 et enchanté 2012. Jeudi soir à la Cigale, le duo rémois était attendu avec impatience : il présentait en avant-première son second album à paraître l’an prochain. Hélas, son option maximaliste n’a pas vraiment convaincu.
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Temps de lecture : 4min
Une apocalypse sonore
La dernière fois qu’on avait vu The Shoes, c’était à l’Olympia, en juin 2012. Et déjà ça déménageait sévère. Pas moins de quatre batteurs dressaient un mur de percussions derrière eux. Mais le public connaissait les chansons par cœur et ce surplus de muscle venait en renfort, pour emmener plus loin dans la danse ces chansons vitaminées et attachantes.
Jeudi soir, à la Cigale dans le cadre du festival des Inrocks, Benjamin Lebeau et Guillaume Brière, penchés sur leurs claviers et leurs machines, n’étaient entourés que de deux batteurs. Pourtant, ce sont bien les basses qui frappaient au plexus en priorité.
Problème : derrière ce gros son tabasseur, pris en pleine figure, on peinait à distinguer les mélodies. Elles étaient écrasées, broyées, par la dance-machine qui a pris semble-t-il le pouvoir sur le nouvel album baptisé « Chemicals », promis pour 2015. Détails et chanteurs noyés sous les basses
Les trois chanteurs qui se sont succédés sur scène en ont aussi fait les frais, en particulier l’Anglais Esser, déjà présent sur « Crack My Bones », dont la jolie voix ne faisait pas le poids face à cette apocalypse sonore, mais aussi Thomas Azier (protégé de Woodkid) et Sage, le délicat chanteur de Revolver, chacun au micro sur deux nouvelles chansons.
D’ailleurs, le doute n’est plus permis lorsque The Shoes, visiblement très impliqués et en nage, abordent leurs anciens hits. Les joyaux « Time to Dance », « Stay The Same » ou « Wastin Time » deviennent sous nos yeux consternés des pachydermes dont les détails et la grâce se perdent derrière le rythme tout puissant. Comme si cela ne suffisait pas, le light show aveuglant surligne encore ce manque de délicatesse.
Bien sûr, présenter un album en avant-première, lorsque le public n’est pas encore familiarisé avec les morceaux, est toujours casse-gueule. Et donc courageux. Qui plus est lorsqu’on est programmé juste après le prometteur australien Chet Faker, qui, seul avec ses machines et sa voix envoûtante, a régalé le public durant 45 minutes de son électro-soul impeccable (revoir son concert sur Culturebox). Le combe-back du son techno-rave des années 90
Alors quelle mouche a piqué Benjamin Lebeau et Guillaume Brière ? Ont-ils bouffé du lion ? Ils sortent à peine de studio où ils ont passé plusieurs semaines, à Londres. Cela explique-t-il cette option techno qui convoque les fantômes du passé ?
Sur « Stay the same », le groupe joue avec l’intro de l'emblématique « Born Slippy » d’Underworld. Un clin d’œil qui confirme une impression générale : le duo lorgne vers les sons techno-rave des années 90, acid et big-beat – le titre de leur second album, « Chemicals », convient d’ailleurs parfaitement à un tel revival. De même que le sifflet qu'arbore Guillaume Brière en sautoir.
Ont-ils traîné plus que de raison ces derniers temps dans les nights-clubs londoniens, jusqu’à perdre toute mesure ? Leur nouvel album semble en tout cas taillé pour les méga-pistes des clubs anglais, ces usines à dance du week-end. L'euphorie des grandes arènes ?
Depuis 2012, Guillaume et Benjamin, qu'on a connus orfèvres de la production pour Gaëtan Roussel ou Yuksek, ont beaucoup travaillé pour la pub mais aussi participé activement à la réalisation du premier album de Woodkid. Ce dernier, présent dit-on en coulisses jeudi soir, a embarqué ses deux complices sur sa récente tournée.
Cette euphorie des grandes arènes a-t-elle gagnée The Shoes ? On est tentés de le penser en constatant combien leur son est inadapté à la petite salle chaleureuse de la Cigale. Une erreur de jugement ?
Cette mauvaise impression ne nous empêchera pas d’écouter avec intérêt lorsqu’il sortira l’ album de ces piliers de la scène rémoise. Pas question de juger "Chemicals" sur un premier concert, alors qu'il n’est même pas encore dans les bacs. Ce ratage ne nous fait pas perdre espoir. On y croit encore.
La dernière fois qu’on avait vu The Shoes, c’était à l’Olympia, en juin 2012. Et déjà ça déménageait sévère. Pas moins de quatre batteurs dressaient un mur de percussions derrière eux. Mais le public connaissait les chansons par cœur et ce surplus de muscle venait en renfort, pour emmener plus loin dans la danse ces chansons vitaminées et attachantes.
Jeudi soir, à la Cigale dans le cadre du festival des Inrocks, Benjamin Lebeau et Guillaume Brière, penchés sur leurs claviers et leurs machines, n’étaient entourés que de deux batteurs. Pourtant, ce sont bien les basses qui frappaient au plexus en priorité.
Problème : derrière ce gros son tabasseur, pris en pleine figure, on peinait à distinguer les mélodies. Elles étaient écrasées, broyées, par la dance-machine qui a pris semble-t-il le pouvoir sur le nouvel album baptisé « Chemicals », promis pour 2015. Détails et chanteurs noyés sous les basses
Les trois chanteurs qui se sont succédés sur scène en ont aussi fait les frais, en particulier l’Anglais Esser, déjà présent sur « Crack My Bones », dont la jolie voix ne faisait pas le poids face à cette apocalypse sonore, mais aussi Thomas Azier (protégé de Woodkid) et Sage, le délicat chanteur de Revolver, chacun au micro sur deux nouvelles chansons.
D’ailleurs, le doute n’est plus permis lorsque The Shoes, visiblement très impliqués et en nage, abordent leurs anciens hits. Les joyaux « Time to Dance », « Stay The Same » ou « Wastin Time » deviennent sous nos yeux consternés des pachydermes dont les détails et la grâce se perdent derrière le rythme tout puissant. Comme si cela ne suffisait pas, le light show aveuglant surligne encore ce manque de délicatesse.
Bien sûr, présenter un album en avant-première, lorsque le public n’est pas encore familiarisé avec les morceaux, est toujours casse-gueule. Et donc courageux. Qui plus est lorsqu’on est programmé juste après le prometteur australien Chet Faker, qui, seul avec ses machines et sa voix envoûtante, a régalé le public durant 45 minutes de son électro-soul impeccable (revoir son concert sur Culturebox). Le combe-back du son techno-rave des années 90
Alors quelle mouche a piqué Benjamin Lebeau et Guillaume Brière ? Ont-ils bouffé du lion ? Ils sortent à peine de studio où ils ont passé plusieurs semaines, à Londres. Cela explique-t-il cette option techno qui convoque les fantômes du passé ?
Sur « Stay the same », le groupe joue avec l’intro de l'emblématique « Born Slippy » d’Underworld. Un clin d’œil qui confirme une impression générale : le duo lorgne vers les sons techno-rave des années 90, acid et big-beat – le titre de leur second album, « Chemicals », convient d’ailleurs parfaitement à un tel revival. De même que le sifflet qu'arbore Guillaume Brière en sautoir.
Ont-ils traîné plus que de raison ces derniers temps dans les nights-clubs londoniens, jusqu’à perdre toute mesure ? Leur nouvel album semble en tout cas taillé pour les méga-pistes des clubs anglais, ces usines à dance du week-end. L'euphorie des grandes arènes ?
Depuis 2012, Guillaume et Benjamin, qu'on a connus orfèvres de la production pour Gaëtan Roussel ou Yuksek, ont beaucoup travaillé pour la pub mais aussi participé activement à la réalisation du premier album de Woodkid. Ce dernier, présent dit-on en coulisses jeudi soir, a embarqué ses deux complices sur sa récente tournée.
Cette euphorie des grandes arènes a-t-elle gagnée The Shoes ? On est tentés de le penser en constatant combien leur son est inadapté à la petite salle chaleureuse de la Cigale. Une erreur de jugement ?
Cette mauvaise impression ne nous empêchera pas d’écouter avec intérêt lorsqu’il sortira l’ album de ces piliers de la scène rémoise. Pas question de juger "Chemicals" sur un premier concert, alors qu'il n’est même pas encore dans les bacs. Ce ratage ne nous fait pas perdre espoir. On y croit encore.
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