Cet article date de plus de sept ans.
Le Festival décontracté BBC Proms du Royal Albert Hall de Londres
Loin de l'atmosphère policée des concerts de musique classique traditionnels, perchés au dernier étage du Royal Albert Hall, à Londres, les spectateurs du festival BBC Proms écoutent l'orchestre sans se soucier des conventions. Ils sont des milliers chaque année à venir écouter, entre juillet et septembre, des concerts de prestige proposés chaque soir dans le cadre de ce festival de la BBC.
Publié
Mis à jour
Temps de lecture : 3min
"Le meilleur festival au monde"
"Si vous prenez un fauteuil dans les gradins, il faut se tenir droit, ça peut être inconfortable, alors qu'ici, on peut s'allonger, marcher, changer de position", explique une professeur londonienne de 38 ans, qui assiste pour la deuxième fois à une représentation depuis cette fameuse Gallery. Mais seulement une minorité de spectateurs en font l'expérience déconcertante.C'est un espace unique. Situé au sommet du bâtiment, ce couloir circulaire de plus de 250 mètres de long surplombe l'auditorium et offre une perspective impressionnante sur la salle, inaugurée en 1871. Ici pas de fauteuil rembourré ou de rangée numérotée, les spectateurs prennent place où ils le veulent pour apprécier au mieux les morceaux interprétés par l'ensemble philharmonique installé sur scène, quelques dizaines de mètres plus bas.
Appuyé contre la balustrade, avec une vue imprenable sur les musiciens, un auditeur a choisi de suivre le concert debout. "Ça me permet de rester concentré plus longtemps et de mieux percevoir la musique que si j'étais assis", explique ce quinquagénaire, qui marque le tempo de la main droite. Administrateur de la cathédrale de Southwark, à Londres, ce passionné assiste chaque année à une dizaine de représentations. "C'est le meilleur festival au monde" estime-t-il.
Comme lui, la majorité des spectateurs de la Gallery se pressent contre la rambarde, afin d'observer les artistes. Ils sont nombreux, jumelles à la main, à scruter la conduite du chef d'orchestre. Certains doivent même jouer des coudes pour se frayer une place et apercevoir violonistes et hautboïstes, installés au centre de la scène.
Autour d’un verre
En retrait de quelques mètres, couchés sur une couverture, une festivalière et son compagnon, eux, ont fait le choix inverse. Ils écoutent le concerto pour violoncelle de Schumann en fermant les yeux, chacun dans leurs pensées. "C'est un peu comme si on était dans notre salon, mais on sent les vibrations, on entend beaucoup mieux les nuances", estime la jeune femme. "D'habitude on s'approche, mais aujourd'hui, on voulait se détendre un peu."Cette liberté en séduit une autre, grande dame longiligne de 61 ans qui se balance en rythme, pieds nus sur le dallage. Elle aussi est une habituée, elle revient plusieurs fois chaque année. Et toujours à la Gallery. "Ici, il m'arrive de danser, si la musique s'y prête", confie-t-elle, souriante. "Et je peux aller aux toilettes quand j'en ai envie".
Postés devant les escaliers d'accès, les ouvreuses se montrent indulgentes devant les attitudes parfois surprenantes du public de la Gallery. "C'est un espace particulier. Les gens sont supposés rester debout, mais c'est devenu une tradition que chacun puisse s'installer comme il le souhaite", explique une employée du Royal Albert Hall. "Tant qu'ils ne font pas de bruit, ça ne pose pas de problème". Certains groupes d'amis vont jusqu'à prendre l'apéritif, autour de verres en plastique disposés sur le sol.
Cette atmosphère "décontractée, sans prétention", contribue à attirer un public "bien plus divers que dans les autres concerts de musique classique", assure Sarah Legrand, 33 ans, venue avec un ami. "Ici il y a des étudiants, des familles avec enfants", dit-elle en regardant autour. "Ailleurs, vous verrez surtout des retraités."
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.