Khatia Buniatishvili, du glamour sur Schubert
Entre deux exercices au piano, la pianiste franco-géorgienne Khatia Buniatishvili nous reçoit dans une loge de la Philharmonie de Paris. Elle improvise pour nous une variation sur Schubert, qui est au coeur de son dernier album.
Khatia Buniatishvili cultive le glamour. Même lorsqu’elle consacre un album à Schubert, elle espère le rendre grand public. "On doit décomplexer les gens qui pensent que la musique classique n’est pas accessible, que ce n’est pas pour eux. Je joue pour tout le monde. Sinon ça n’aurait pas de sens de jouer de la musique", explique-elle, assise derrière son grand piano noir.
"Il y a beaucoup de féminité chez Schubert"
Pour cela, Khatia Buniatishvili n’hésite pas à briser les codes. Quitte à essuyer quelques critiques. Son jeu est fougueux, passionné, ne s’encombre pas de certaines référencves. "Casser les codes, c’est créer. Quand on fait une interprétation, si on écoute trop les références et les 'ce qu’il faut faire', rien ne se passe. Cela voudrait dire qu’il y a des indications 'justes' alors que c’est un art très subjectif. Il faut être soi-même. Même si on nous critique pour ça", assume la pianiste.
Schubert accessible ? Pour nous le prouver, Khatia Buniatishvili n’hésite pas à se lancer dans une improvisation. Marier l'"Impromptu n° 3" du compositeur autrichien et un titre de Francis Lai, la bande originale du film "Un homme qui me plaît", il fallait oser. Tournage : Alexis Jacquet et Antonin Fajon.
Khatia Buniatishvili pèse chaque mot en interview. Son dernier album, chez Sony Classical, est dédié à Franz Schubert. Tout en douceur, elle justifie son choix : cela faisait deux ans qu’elle souhaitait lui consacrer un album. Elle décrit un compositeur "plein de féminité. C’est un mélange de vulnérabilité, de force et de créativité. Cela existe chez les femmes mais aussi chez les hommes. Il y a beaucoup de féminité chez Schubert. Et d’hypersensibilité. C’est un élément souvent négligé dans sa musique", selon elle.
Les nuances du quotidien
Avec Schubert, elle ne choisit pas la simplicité : "il n’est pas facile à aimer si on ne maîtrise pas l’art de la patience", s’amuse-t-elle, répondant aux critiques que l’on peut lire sur elle. "Dans la vie, on ne se sent vivant que lorsque de grandes choses ou de grandes émotions se produisent. Mais la beauté pourrait être cachée dans les petites choses, dans les nuances du quotidien. Dans la musique de Schubert, c’est pareil : il ne se passe peut-être rien, mais il se passe beaucoup de choses".
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