Festival d'art lyrique d'Aix-en-Provence : un requiem de Mozart inédit
Le festival débute ce soir avec, en ouverture, dans la cour de l’archevêché un Requiem de Mozart inédit. Le chef Raphaël Pichon et le metteur en scène Roméo Castellucci offrent en une heure et demi une vision contemporaine de l'oeuvre, qui célèbre autant le profane que le sacré.
Quand la magie opère sous un ciel d'été étoilé, l'état de grâce qui habite musiciens et chanteurs se diffuse vers les gradins. Le metteur en scène Roméo Castellucci est un véritablement un magicien qui fait apparaître et disparaître les corps, et dirige aussi bien un soliste qu'un bébé allongé sur la scène. Son Requiem n'a rien d'une messe mortuaire. Il fait défiler sur une toile blanche les noms de ce que l'humanité a détruit : espèces, villes, civilisations, langues, valeurs, mais célèbre aussi la beauté de l'instant. Esthète en diable, sa vision du requiem évoque autant Pasolini que Le Caravage. Une mise en scène audacieuse, mais qui vient bien de la musique de Mozart.
"C'est une grande célébration de la vie pour célébrer ceux qui restent et à la fois pour célébrer tout ce qui s'éteint, explique le chef Raphaël Pichon. Je ne crois pas qu'on puisse prouver que Mozart avait une foi inébranlable. Je pense que c'est quelqu'un qui était animé par le doute. Et c'est ce qui rend parfois la foi la plus belle, je pense notamment à son engagement en Francmaconneire. Je crois que Mozart nous a livré une partition qui est avant tout un requiem pour les hommes, avant d'être un requiem pour le dogme. Un requiem très humain."
Des airs de Mozart
Ce requiem exceptionnel est une oeuvre commune de Roméo Castellucci et Raphaël Pichon. Ce dernier a choisi les airs additionnels, majoritairement de Mozart. C'est aussi à lui que l'on doit ces chants interprétés par le très jeune Chadi, à peine 7 ans, et bouleversant sur scène.
Un spectacle fou aussi pour le chœur qui réalise la prouesse de chanter en dansant des ritournelles des balkans, sans que jamais les voix délicates et puissantes ne soient altérées.
"Je pense que c'est peut-être le défi de leur vie, continue le chef. Effectivement il sont, pour une immense partie du spectacle, chorégraphiés. Les danses sont très physiques pour nous permettre de vivre une expérience de la vie qui se consume. C'est une expérience de l'effort, de la sueur. Une expérience du feu qui brûle. Ils se retrouvent parfois à à devoir chanter allonger sur le sol. ça a été une aventure vraiment particulière."
Le Requiem de Mozart, à voir jusqu'au 19 juillet, au Festival lyrique d'Aix-en-Provence, jusqu'au 22 juillet.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.