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Cinéma : "Bohemian Rhapsody", performance majuscule pour biographie trop officielle

"Bohemian Rhapsody", mercredi en salles, a déjà beaucoup fait parler, et pas seulement à cause du départ de son réalisateur Bryan Singer avant la fin du tournage. Le biopic revient sur la formation et la gloire du groupe Queen et de son légendaire leader, Freddie Mercury. Une adaptation risquée.

Article rédigé par Yann Bertrand
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Rami Malek campe Freddie Mercury dans "Bohemian Rhapsody", en salles le mercredi 31 octobre. (Twentieth Century Fox)

De la musique partout, tout le temps, on ne va pas bouder notre plaisir. Bohemian Rhapsody décrit, retrace, explique la création des nombreux tubes enregistrés par Queen, de Bohemian Rhapsody justement, à We Will Rock You en passant par Another One Bites The Dust.

Un film très musical, normal, au rythme ébouriffant, dont le réalisateur Bryan Singer est parti avant la fin du tournage. Avec une limite qu'on découvre très vite, ce côté "biographie officielle", d'ailleurs chapeautée par Brian May et Roger Taylor, guitariste et batteur de Queen, visiblement très attachés à écrire une histoire pas trop sulfureuse, pas trop dommageable pour eux qui s'évertuent depuis des années à maintenir le groupe en vie malgré la disparition de son leader charismatique. Une sorte de légende, en fait.

Rami Malek, magnifique

Une chose est sûre : Rami Malek, dans le rôle de Freddie Mercury, est époustouflant. Stupéfiant de justesse, parfait dans le côté animal du chanteur sur scène, sans caricaturer le personnage ou sa façon d'être. L'acteur américain a abordé Freddie Mercury de la bonne façon.

Je n’arrêtais pas de me dire : ‘Il faut que tu évacues cette idée de personnage presque divin, et faire de lui un être humain, le considérer comme Farrokh Bulsara'

Rami Malek, interprète de Freddie Mercury

Fils d'immigrés, mal à l'aise dans sa famille, il va s'en recréer une avec le groupe. L'histoire est belle, elle n'occulte pas la pression médiatique ni les questions autour de l'homosexualité de Freddie Mercury. Tout ceci est abordé, mais pas vraiment en profondeur.

Une histoire un peu trop belle

Il y a l'histoire "officielle" du groupe, encore une fois, un côté moralisateur aussi, ce qui est peut-être le plus dérangeant. La vie dissolue de Freddie Mercury, sa sexualité, le Sida, la drogue : on n'en voit pas énormément mais le peu qui nous est montré s'imbrique dans une vision idéalisée d'un groupe uni pour affronter ensemble les affres de la célébrité. En clair : le plaisir est là pour le spectateur, le fan de Queen encore plus, mais reste quelques heures après ce goût amer de ne voir qu'une version de l'histoire et pas forcément la plus juste, ni la plus honnête.

Bohemian Rhapsody, de Bryan Singer, avec Rami Malek Lucy Boynton, Gwilym Lee... En salles le mercredi 31 octobre.

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