"Refuge" : l'album de la maturité juvénile de Jean-Louis Aubert
Jean-Louis Aubert sort un nouvel album, "Refuge", ce 15 novembre. 22 chansons empreintes à la fois de maturité et d'insouciance.
Il n’avait pas sorti d’album depuis cinq ans. Son précédent, Les parages du vide, où il chantait les textes de Houellebecq, date de 2014. Il faut dire qu’entre-temps, Jean-Louis Aubert a été bien accaparé par le phénomène des Insus, avec ses compères Louis Bertignac et Richard Kolinka. La tournée à guichets fermés a occupé le devant de la scène française durant plus de deux ans.
Comme pour contrebalancer l’énergie brute et post–adolescente du quartette rock, le chanteur revient à des ambiances plus calmes et des textes empreints de maturité. Ainsi, le premier single Bien sûr joue sur la métaphore de l’embarcation secouée par les tourments de la vie. Quand le couple est malmené par la houle, chacun trouve refuge dans l’autre et peut servir de bouée à son partenaire, l’aider à avancer, "à nager" concluent les paroles.
Un album dense : 22 chansons !
Tout part d’une chanson retrouvée dans ses carnets, et composée bien avant les débuts de Téléphone : Ne m’enferme pas. C’est ce texte très personnel sur fond de ballade acoustique dylanienne qui ouvre l’album. Un choix évident : "À travers cette chanson, je m’adresse à cet ancêtre qui gît au fond de moi, cet enfant qui m’a amené sur cette route et que depuis je ne cesse de remercier." Plus d’une cinquantaine de chansons refont ainsi surface, dont aussi des plus récentes.
A l’époque du vinyle on aurait parlé de double album, mais comme le fait remarquer Jean-Louis Aubert à nos confrères de Version femina, "Les gens ne sont plus formatés album, alors autant donner un grand terrain à découvrir, avec l’idée que chacun trouvera peut-être sa chanson préférée". Ce pourrait être Où je vis, ballade nostalgique dans laquelle Jean-Louis Aubert se livre sur ses souvenirs, mais aussi sur ses regrets.
Parolier mais aussi multi-instrumentiste
Jean-Louis Aubert a toujours signé tous ses textes, mais ici il joue en plus de tous les instruments principaux : piano, basse, guitares, batterie. Seuls les cordes et les cuivres ont été enregistrés par des musiciens additionnels. Même si l’ex-leader de Téléphone garde des influences rock, il privilégie de plus en plus la mélodie et les harmonies vocales ou instrumentales comme dans l'aérien Sculpteur de vent.
Celui qui avouait se "souchoniser" il y plusieurs années déjà, confirme cette voie d’une musique aux accents d’apaisement et de sérénité (Bien sûr, Les temps sont durs, Laisse, Demain, Pardonne) mêlés à une insouciance juvénile (Ne m’enferme pas, La vie est une souris). Cela n’empêche pas les ambiances enlevées (Où me tourner), ou les riffs bien carrés comme sur Marche droit.
D'autres couleurs, folk ou reggae (Refuge, Simple, Je n'arrive pas à croire) apportent une ouverture qui invite à l'évasion. On perçoit même ci et là quelques touches pop-electro discrètes sur utistes artistes, Tu vas l'aimer, ou Aussi loin.
Dans son album Roc Éclair, Jean-Louis Aubert rendait hommage à son père qui avait assisté, effaré, à la montée du nazisme en Europe et avait trouvé refuge dans la musique, la poésie et la philosophie, durant ses cinq longues années de captivité. Dans Refuge, il signe L’Ange et la Grande, d’après la correspondance du couple iconique de la réconciliation franco-allemande, Marlène Dietrich et Jean Gabin. Une vision qui caractérise l’optimisme de son auteur, qui garde foi en l'avenir même si "ce monde semble pourtant aller droit dans le mur".
Le piano plus que la guitare
Après avoir appris la guitare pour jouer les riffs de ses idoles, Jean-Louis Aubert compose aujourd’hui plus volontiers au piano. C’est aussi sans doute ce qui donne une couleur générale plus mélancolique. Et même si la six-cordes reste présente, ce n’est plus l’instrument prépondérant comme par le passé. Le très beau Tire d'aile exprime l’innocence et la bienveillance, soutenues par une orchestration avec juste ce qu'il faut d'emphase, ni trop, ni trop peu.
Devant le piano, je me sens comme un gamin prêt à se démettre l’épaule quand il le découvre
Jean-Louis Aubert
Il a d'ailleurs interprété Bien sûr, seul au piano, sur France 2, ce dimanche 10 novembre.
Une tournée unique en son genre
Plusieurs morceaux avaient été dévoilés dès l’année dernière, lors de ses concerts "Prémices" (renommés cette année en "Prémixes"). Le public du théâtre Mogador en mai 2019 avait ainsi découvert Tire d’aile, Bien sûr, Autiste artiste, Aussi loin, Ne m'enferme pas et Où je vis.
Des concerts au dispositif unique au monde, avec des hologrammes que le chanteur-guitariste déclenche en direct sur scène, associés à des boucles audio. Jean-Louis Aubert utilise à nouveau ce procédé sur la tournée actuelle, baptisée "OLO Tour", et débutée le 7 novembre au Bataclan, une salle qu’il retrouve à huit reprises. L’année 2020 le verra parcourir les routes de France. Toutes les dates sur le site officiel
Jean-Louis Aubert - "Refuge" (Warner / Parlophone) - Sortie le 15 Novembre
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