Marie Paule Belle célèbre 50 ans de carrière avec son nouvel album en piano-voix et des concerts intimistes
Tant pis pour les trois ans de retard dûs à la crise sanitaire, Marie Paule Belle fête ses cinquante ans de carrière avec un nouvel album - sorti en novembre 2023 - qu'elle a enregistré seule au piano, et une série de récitals intimistes dans la première quinzaine de janvier à Paris, au théâtre de Passy, prélude à une tournée en régions. "Je ne me suis pas rendu compte que je chante depuis si longtemps... C'est une vraie surprise !", confie à l'AFP la chanteuse au répertoire ciselé, tour à tour grave et truculent, avec des textes parfois loufoques sur des mélodies inspirées du classique, à l'instar de son grand succès de 1976, La Parisienne, qui sonne comme un air d'opéra bouffe.
Récompensée par un Disque d'or et coécrite avec la romancière Françoise Mallet-Joris, sa compagne disparue en 2016, cette chanson a ouvert à Marie Paule Belle les hit-parades et la reconnaissance populaire, son refrain étant resté gravé dans les mémoires : "Je ne suis pas parisienne/ Ça me gêne, ça me gêne/ Je ne suis pas dans le vent/ C'est navrant, c'est navrant... "
"J'ai l'impression d'être un dinosaure car je travaille de façon artisanale... Je me sens décalée, dans aucune case ni aucun format", ajoute Marie Paule Belle, qui fêtera ses 78 ans le 25 janvier prochain.
"J'ai fait carrière comme si je poursuivais mon jeu d'enfant"
Celle qui a débuté en 1970 à L'Écluse et à L'Échelle de Jacob, mythiques cabarets parisiens disparus, où elle croisa Barbara, Brel ou Ferré, a été révélée quatre ans plus tôt en remportant un concours à la radio, après avoir commencé le piano dès l'âge de 3 ans. Pour faire plaisir à ses parents, Marie Paule Belle termine des études de psychologie et se retrouve dans un service de ressources humaines : "J'étais très bien payée. Je suis arrivée à 9H du matin. J'en suis ressortie à midi pour ne plus y revenir ! Le soir même, je chantais à L'Échelle de Jacob pour 8,50 francs !"
"Je n'ai pas fait le conservatoire. Je lis très mal une partition. Je sais écrire une mélodie, mais à l'oreille", confie-t-elle. "J'ai eu la chance de faire carrière comme si je poursuivais mon jeu d'enfant, avec une forme d'innocence et le plaisir intact." Depuis ses débuts, Marie Paule Belle met en musique les textes de paroliers fidèles dont son ami d'enfance Michel Grisolia, Françoise Mallet-Joris ou Serge Lama. Elle dit se faire violence en prenant parfois elle-même la plume sur quelques titres, assurant qu'elle a longtemps douté en trouvant ses mots "banals et pas assez littéraires".
Un album en partie autobiographique
Son dernier album, Un Soir entre mille, réunit quinze inédits, souvent autobiographiques, drôles ou sentimentaux. Pour la première fois, elle raconte en chanson sa rencontre avec Françoise Mallet-Joris : "Dans nos verres de vin/ Gevrey-Chambertin nous faisait tanguer, ça c'est certain/ Ta voix, ton mystère m'envoûtait vraiment/ Tremblement de terre et chamboulement... "
Dans la veine qui l'a rendue populaire, Marie Paule Belle disserte avec fantaisie sur le sport : "Quand j'vois Alice, j'fais du tennis/ Avec Elton du badminton/ Quand j'vois Chantal je fais du ch'val/ Avec Ludo, j'fais du judo et avec Paul, des cabrioles... "
"Je dois tant à Serge Lama, mon pygmalion"
"J'aime que les gens se marrent avec mes chansons. Quel cadeau de déclencher des sourires !", estime la chanteuse, passant du rire aux larmes avec son grand ami Serge Lama dont elle a fait les premières parties. Pour ce nouvel album, il lui a écrit les paroles de L'Ombre de son chien, titre poignant sur la solitude et les animaux de compagnie.
"Je dois tant à Serge Lama, mon pygmalion. Une forme d'amitié amoureuse nous lie. On rit tellement ensemble !", confie-t-elle, "excitée comme une puce" à l'idée de retrouver la scène. "Comme la première fois."
Marie Paule Belle, Un soir entre mille (Universal/Panthéon)
En concert du 4 au 14 avril au théâtre de Passy, à Paris
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