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"Les Oubliés" : comment la chanson de Gauvain Sers est devenue un hymne des "gilets jaunes" et des "Invisibles"

Le chanteur des "Oubliés" est sur les routes pour une tournée qui comprend petites salles et Zéniths (Limoges, Paris) jusqu'en mai 2020.

Article rédigé par franceinfo Culture avec AFP
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Le chanteur Gauvain Sers au Francoflies de La Rochelle, 16 juillet 2016 (XAVIER LEOTY / AFP)

Sa silhouette, son look "Gavroche des terroirs", sont devenus familiers des scènes françaises. Et ses paroles, à la fois tendres et mordantes, ont fait mouche dans l'actualité sociale. Comment Gauvain Sers, Creusois pur jus, est devenu la voix de plus en plus écoutée des Oubliés, titre d'un 2e album au succès foudroyant ? 

Parce que sa chanson est inspirée du réel

"On est les oubliés / La campagne, les paumés / Les trop loin de Paris / Le cadet d'leurs soucis...". En pleine ère de fracture territoriale, et sur fond de mouvement de Gilets Jaunes, l'écho de sa chanson Les oubliés --sur une classe d'école de village menacée de fermeture-- a fait basculer Gauvain Sers dans une autre dimension.

"La chanson a été inspirée par une lettre qu'un instituteur de la Somme m'a envoyée", explique-t-il à l'AFP. Et le clip, "ça coulait de source", a été tourné dans la classe en question, à Ponthoile, et visionné 4,2 millions de fois sur YouTube. L'album est devenu disque d'or en deux mois.

Parce que ce texte "donne de l'espoir" 

Le chanteur de 29 ans au sourire facile, serein, les yeux verts pétillants, ne se doutait pas que la chanson prendrait une telle résonance. "Ce texte a donné de l'espoir. Je trouve ça super quand une chanson échappe à un artiste, que les gens se l'approprient. Maintenant le public la chante par coeur pendant les concerts. Ça me donne des frissons à chaque fois".

Et pas qu'en concerts... "Les Oubliés" a été reprise, entendue, lors de manifestations des gilets jaunes, qui ont débuté en novembre 2018. "J'ai écrit ce texte six mois avant le mouvement", précise l'artiste. "Mais je pense que le sentiment d'être oubliés par les institutions, par les services publics qui ferment les uns après les autres, cela fait partie de leur combat. C'est quelque chose que je revendique aussi".

Parce que Gauvain Sers chante le quotidien, avec tendresse

Gauvain Sers, chanteur des territoires? Son premier album Pourvu (2017, plus de 100.000 exemplaires) avait donné un aperçu de sa palette, sociale-politique (Hénin-Beaumont), sociétale (Mon fils est parti au djihad), nostalgique (La bagnole de mon père), romantique (Pourvu) ou rurale, bien sûr (Sur ton tracteur).

Chanteur du quotidien, avec toujours cette oscillation entre tendresse, humour et piquant. Pas sans rappeler un autre chanteur engagé à casquette.

Parce que le chanteur reprend le flambeau d'une lignée de chanteurs engagés

Renaud, de fait, tomba sous le charme de Sers qu'il prit sous son aile, lui offrant la première partie de sa tournée "Phénix" (2016-17). Et Sers ne cache pas son admiration pour son aîné --"mon parrain, mon poto"--, avec qui il partage outre des thèmes, un timbre un rien éraillé, un look.

Lui a déjà évoqué ses influences diverses, des auteurs français à la poésie ciselée et engagée, tels Jean Ferrat, Allain Leprest, au folk anglo-saxon, social ou intimiste des Léonard Cohen, Bob Dylan, Simon and Garfunkel.

Parce que Gauvain Sers a tout sacrifié à la chanson

C'est ce fond sonore, la chanson française surtout qu'écoutait le paternel, qui fit basculer à 20 ans ce fils de prof de maths et de pharmacienne, grandi à Dun-le-Palestel (1.100 habitants, 30 km de Guéret).

"Au départ quand j'ai abandonné mon diplôme d'ingénieur pour dire +je me lance dans la musique et je vais écrire mes chansons, de la chanson française, qui n'est pas forcément le truc le plus en vogue dans les radios, je pense que mes parents ont un peu flippé, forcément, surtout ma mère !"

Parce que Gauvain Sers n'a pas oublié la Creuse, ses racines

Ses parents sont rassurés à présent. Et ravis sans doute, qu'il revienne "souvent" de Paris. "Tous les mois, tous les deux mois", affirme le chanteur. "Ce sont mes racines, et il y a un calme absolu, ici... (rires) qui permet d'avoir un peu plus d'inspiration. De mes trois frères, je suis celui qui revient le plus je crois !"

Et à Mérinchal (738 habitants), où Sers rencontrait l'AFP en marge d'un tout jeune festival dont il est tête d'affiche, sa venue est tout un symbole "(Ici), nous sommes souvent oubliés en Creuse, alors imaginez en Nouvelle-Aquitaine !", confiait Alexandre, un jeune coorganisateur.

Et en une tournée qui mêle petites salles et Zéniths (Limoges, Paris) jusqu'en mai 2020, répondre à cette attente suffit au bonheur de Gauvain Sers : "S'ils se sentent oubliés, je suis content de venir chanter pour eux. C'est important d'être en cohérence avec le titre de l'album, d'aller à la rencontre des gens (...) J'aime bien le côté du gars parti de son petit village pour essayer de séduire la capitale, mais qui revient parce que si ça a marché pour lui, c'est parce qu'il y a eu ça au départ".

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