"Ce monsieur était un géant" : des musiciens racontent Serge Gainsbourg en studio
Dans le livre "Gainsbook", qui parait vendredi, des dizaines d'interviews de proches du chanteur sont compilées.
En studio avec Serge Gainsbourg. Dans son livre Le Gainsbook, qui sort vendredi 11 octobre, Sébastien Merlet dévoile une compilation de bandes inédites et de perles rares du chanteur, mort en 1991. On y découvre aussi des dizaines d'interviews de musiciens, d'arrangeurs ou encore de collaborateurs de l'artiste. "Dans les années 60, les musiciens n'étaient pas crédités sur les pochettes de disques, raconte Sébastien Merlet. C'était vraiment une frustration de ne pas savoir qui était le batteur qui jouait 'Requiem pour un con'. Il n'y avait pas encore d'ouvrage de référence sur ce sujet-là", explique l'auteur, qui a tenu à les mettre en avant dans son ouvrage.
Durant sa période américaine par exemple, Serge Gainsbourg travaillait avec les meilleurs musiciens venus de l'autre côté de l'Atlantique, comme les frères Simms. "C'était une séance d'une seule journée, se souvient Georges. En rentrant dans la voiture, avec mon frère, nous avons discuté. Notre impression était que cette musique était bizarre. Trois semaines plus tard, nous avons découvert que ce monsieur était un géant". Les deux frères ont ensuite accepté de l'accompagner en tournée. "La réaction du public était étonnante. C'était presque pareil avec David Bowie, son public adore ses chansons. Avec Serge, c'est plus profond. Les Français avaient dans leur sang l'essence de Gainsbourg", poursuit Georges Simms.
Un musicien timide et moderne
Selon Sébastien Merlet, "dans les premières années de sa carrière, Serge Gainsbourg était quelqu'un de très discret. Il parlait uniquement à son arrangeur, très peu aux musiciens". Il finira par utiliser de moins en moins d'arrangeur pour ses enregistrements après s'être rapproché des musiciens qui l'entouraient.
Le bassiste Francis Darizcuren, qui joue sur des dizaines de tubes de la chanson française, a interprété le moteur de la célèbre Harley Davidson de Brigitte Bardot, composée par Gainsbourg. "Il fallait que ça sature". Il se souvient d'ailleurs de l'enregistrement au studio Bagatelle à Paris. "Au moment où on commence à remballer le matériel, on a vu des jambes arriver. C'était Gainsbourg avec Brigitte Bardot. Ils arrivent avec une caisse de Bordeaux à 300 euros la bouteille. Et ils en avaient déjà sifflé deux bouteilles". Finalement, vers une heure du matin, Francis Darizcuren va enregistrer le bruit de la moto "et puis ça a été le son définitif".
Si le succès de Gainsbourg perdure aujourd'hui, c'est parce qu'il représente l’âge d'or du disque selon l'auteur de Gainsbook. "Il a démarré sa carrière en 1958, l'année de l'arrivée de la stéréo en France. Il est mort en 1991, c'est l'année où la dernière presse de 45 tours ferme", conclut-il.
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