Avec "Cyclo", Zazie lâche les bons mots pour être dans le "vrai"
"On fait un métier qui est extrêmement exposé, on est dans la lumière et moi j'ai toujours eu beaucoup de mal avec ça", a confié la chanteuse à l'AFP.
"Je dois avoir un côté exhibitionniste aussi parce que j'aime la scène, mais ça ne me définit pas. C'est comme les UV, j'ai un quota : quand c'est trop fort, que ça brûle, je trouve plus de chaleur dans la pénombre, dans le repos, dans cette authenticité", dit-elle.
Après la tournée du conceptuel "Za7ie", paru en 2010 et où elle déclinait les sept jours de la semaine en sept minidisques de sept chansons, Zazie dit avoir voulu "quelque chose qui soit organique, de l'ordre de l'intime et un peu viscéral".
Des pulsations proches des battements de coeur
Avec Olivier Coursier, du groupe AaRON, cette grande fan de Radiohead et Thom Yorke a habillé le disque de pulsations électro, "physiquement palpables, proches de bruits du coeur".
Pour la voix, souvent au bord de la rupture, la chanteuse a aussi cherché à "être dans l'organique, le vrai".
"On est dans un monde où tout est un peu en plastique : on retouche les photos, la voix, on fait chanter plus juste. Là, il ne fallait pas que ce soit la technique qui fasse le travail, il fallait que ce soit moi", raconte-t-elle.
Le mot juste plutôt que le bon mot
Parallèlement, Zazie a délaissé les jeux de mots qui étaient devenus sa marque de fabrique au profit d'une écriture plus "proche de la sensation", faisant "des efforts pour trouver le mot juste plutôt que le bon mot".
"Ce n'est pas difficile de parler de soi à partir du moment où on a l'excuse un peu magique de la poésie de la musique. Mais tout n'est pas forcément vécu par moi, sinon je pense que je serais fortement dépressive, ce qui n'est pas le cas !", sourit-elle.
"Cyclo", ou un monde cyclothymique
Car entre l'exploration d'une intimité pas toujours reluisante et d'un monde qui perd pied, l'humeur de "Cyclo" est souvent sombre. La chanson qui donne son titre à l'album fait ainsi référence à une société cyclothymique, qui balance constamment entre enthousiasme forcené et dépression profonde.
"J'aime bien me poser des questions. Plus le temps passe et moins les réponses me satisfont. Mais le fait d'avoir déjà l'honnêteté de me poser la bonne question, ça me fait du bien", explique Zazie. "J'ai besoin de cette extrême réalité des choses, parfois un peu âpre, un peu hostile, de parler de sujets qui fâchent un peu aussi, peut-être pour les apprivoiser", dit-elle.
Le temps qui passe et la vie d’après
Le thème de l'âge, des plaisirs dont la bienséance voudrait qu'ils soient désormais interdits et des temps "pluvieux" qui s'annoncent, est un des sujets récurrents de l'album.
"Ca ne me plaît pas forcément de vieillir, mais j'ai la chance d'avoir développé autre chose dans ma vie qu'une image glacée dans un magazine, ce qui me permet de l'appréhender avec un peu de moquerie par rapport à moi-même", explique la chanteuse, âgée de 48 ans.
"Je préfère envisager la question du temps qui passe que de me la poser au bord du gouffre, du précipice. Je pense qu'on a plusieurs vies, moi j'attends aussi la vie d'après", dit-elle.
Zazie sera sur scène à la fin de l'année avec son nouvel album. Sa tournée, baptisée le "Cyclotour", démarrera au Zénith de Dijon le 12 novembre et se terminera le vendredi 13 décembre à Grenoble. Elle fera trois dates au Zénith de Paris (27-28-29 novembre).
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