"C'est irréel" : le duo Air reprend son premier album "Moon Safari" à l'occasion d'une tournée-événement
"Décider cette tournée, ça a déclenché en moi énormément de stress. Si j'avais su que ça se passerait si bien, j'aurais moins somatisé avant", confie Nicolas Godin, rencontré aux côtés de Jean-Benoît Dunckel par l'AFP à Paris. La paire de quinquagénaires du groupe Air a donné récemment à Rouen le premier concert d'une tournée mondiale, avec de nouvelles dates greffées sans cesse.
Air, formé à Versailles, n'est pas forcément prophète en son pays, mais couvé du regard par la sphère musicale anglo-saxonne. NME, publication britannique de référence, a mis en avant ce premier concert sur son site internet. "Il y a cette reconnaissance en Angleterre. On a été biberonnés aux disques produits là-bas et Moon Safari est dans la culture générale des Anglais, beaucoup plus qu'en France", dissèque Nicolas Godin. Qui rappelle aussi que le premier concert de Air eut lieu aux États-Unis, à Seattle.
Un album joué dans l'ordre pour la première fois
Les anecdotes des tournées passées fusent. Jean-Benoît Dunckel raconte ce festival en Géorgie, "avec pas trop de moyens, assez étrange. L'électricité venait d'un groupe électrogène, c'était une ambiance camping, mais avec les grosses Mercedes des organisateurs autour". "Un mec très énervé, imposant, est monté sur scène en criant qu'il avait payé pour ça et s'est battu avec le service d'ordre", se souvient-il. "Là-bas, tu joues, hors de question de faire un caprice de diva".
Revenant au présent, Jean-Benoît Dunckel goûte aux retrouvailles avec le public. "C'est très marrant. Il y a toujours, inévitablement, devant, les gros fans en transe et toujours ce fan à l'air hagard, qui ne réagit pas. C'est lui qui vient nous voir à la fin en disant : 'J'ai adoré'", raconte le chanteur en riant.
Jean-Benoît Dunckel décrit aussi ce "vertige" de jouer pour la première fois l'album Moon Safari en entier et dans l'ordre. Les trois premiers titres, dont le tube Sexy Boy, étaient d'habitude joués en rappel. "C'est un peu déstabilisant, mais ça s'est bien passé", souffle Nicolas Godin.
Pour compléter le set : neuf autres titres de leur répertoire, dont Highschool lover, issu de la bande originale composée pour le film Virgin Suicides de Sofia Coppola. De 7e art, il en est également question avec la scénographie, qui rappelle un écran de cinéma, les musiciens du duo Air apparaissant dans "une boîte", comme le décrit Nicolas Godin. "Ça cadre bien le live, ça nous rend plus petits et plus grands à la fois, c'est irréel", souligne son comparse.
Un album unique
Nicolas Godin évoque un dispositif "kubrickien" avec des lumières renvoyant à 2001 L'Odyssée de l'espace, "un de nos films préférés, avec cette lenteur et cette apesanteur qui collent le mieux à notre univers". Le duo est vêtu de blanc, couleur des voyous de Orange mécanique, autre classique de Stanley Kubrick. "L'osmose avec le public" ressenti par Jean-Benoît Dunckel tient sans doute au caractère unique de Moon Safari. Parce que Air a pris des bifurcations ensuite et que personne n'a réussi à dupliquer l'atmosphère de ce disque.
"C'est un album doux, enfantin, profond, avec un zeste de psychédélisme. Un album onirique, mystérieux, mélancolique", rembobine Jean-Benoît Dunckel. Moon Safari est "dur à refaire. C'est assez subtil, sur une ligne de crête assez étroite et, si tu n'as pas ton guide de sentier de grande randonnée, tu peux tomber dans le précipice du mauvais goût", s'amuse Nicolas Godin.
Un nouveau disque du duo Air pourrait-il voir le jour après cette tournée ? "Une chose à la fois. Là, il y a énormément de travail et de concentration pour cette tournée. Quand on sera sur les rails, on verra, au feeling", conclut Nicolas Godin.
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