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Après la crise sanitaire, les concerts des stars font le plein mais la galère persiste pour les artistes émergents

Si Beyoncé ou Orelsan remplissent en un clin d'œil stades et salles XXL, les concerts d'artistes émergents sur des scènes plus modestes ont eux plus de mal à se remplir en France.
Article rédigé par franceinfo Culture avec AFP
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 3 min
La chanteuse Dua Lipa a rempli l'Accor Arena à Paris en mai 2022. (JULIEN DE ROSA / AFP)

Le retour des shows à stars après la crise sanitaire s'est traduit par une ruée. "Aujourd'hui, nous n'avons pas de difficulté de remplissage, avec des Elton John, pour parler de 2022, ou des Bruce Springsteen, P!nk, pour 2023, avec des places vendues en quelques heures ou quelques jours", expose à l'AFP Bathilde Lorenzetti, vice-présidente de Paris La Défense Arena, plus grande salle fermée de concerts en Europe (jusqu'à 40 000 places).

Les billets pour les prochaines dates hexagonales de Beyoncé au Stade de France (65 000 tickets en vente, le Stade de France pouvant aller jusqu'à 80 000 ou 90 000 en version concerts mais pas avec le dispositif scénique de "Queen B") et au Vélodrome de Marseille (55 000 tickets) sont aussi partis en un temps record. "Il y a une telle demande pour Beyoncé, c'est phénoménal, on aurait pu remplir le Stade de France une deuxième date", commente pour l'AFP Angelo Gopee, patron de Live Nation France, production de concerts-blockbusters.

100 000 billets vendus en huit heures pour Sardou

Cette appétence ne concerne pas que les mégastars américaines ou britanniques qui tournent en France. Les stars francophones, comme les Belges Angèle (en 2022) et Stromae (2023), garnissent sans souci Paris La Défense Arena. "J'pose un Bercy sur toute la semaine", chante le rappeur normand OrelSan dans "Shonen". Il a fait encore mieux en 2022, avec cinq dates en une semaine dans la salle parisienne aussi appelée Accor Arena (jusqu'à 20 000 places) et trois soirs à Paris La Défense Arena.

Michel Sardou, 76 ans, qui avait annoncé sa retraite musicale avant de se raviser, a même écoulé 100 000 billets pendant les huit premières heures de mise en vente de son retour en France et pays limitrophes pour fin 2023-début 2024. Devant l'engouement général actuel, la responsable de Paris La Défense Arena confie que sa "priorité est de travailler pour augmenter la jauge, notamment la fosse, pour essayer d'arriver à 45-50 000".

Selon le dernier baromètre du live du Syndicat national du spectacle musical et de variété (Prodiss), "75 % des Français jugent que le spectacle vivant lutte contre l'ambiance de crise", "chiffre en hausse de 18 points depuis 2014", jamais "aussi élevé depuis le lancement du baromètre". Mais "on constate sur les jauges qui vont jusqu'à 1500-2000 places que le retour des publics est relativement poussif même si il y a une amélioration sur le début 2023", analyse auprès de l'AFP Laurent Decès, président du Syndicat des musiques actuelles (Sma).

La galère des jeunes artistes

Dans les petites et moyennes salles, là aussi, les têtes d'affiche font le plein. Il ne s'agit pas de Beyoncé ou Metallica mais de groupes phares de la scène indépendante comme Algiers, par exemple, programmé dans la salle Petit Bain (450 places), à Paris, gérée par Laurent Decès. En revanche, "pour les découvertes, c'est encore très compliqué pour attirer le public", développe le responsable. "Ça a toujours été compliqué de faire le plein avec des jeunes artistes en développement, mais là on fait carrément des fours sur ce type d'affiche".

Parmi les "motivations pour se rendre au spectacle" dans le baromètre du live du Prodiss (réalisé par l'institut de sondage Harris Interactive), "découvrir de nouveaux artistes" n'est que le 7e critère sur 10 tandis que "vivre quelque chose d'exceptionnel" est en 3e position.

En découle pour les petites et moyennes salles - les grandes enceintes ne sont pas défricheuses et misent sur des valeurs sûres - une "prise de risque moins importante" pour la programmation, selon Laurent Decès. Et des soirées sont bloquées pour des "privatisations par des entreprises" au détriment des concerts, développe-t-il. Soit des mesures imposées par le contexte "qui vont à l'encontre de la défense de la diversité artistique", regrette le dirigeant du Sma.

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