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Alexandre Desplat au festival musique et cinéma de La Baule : "J'aime les films qui me mettent en danger"

Depuis son premier long-métrage en 1985, le musicien a bondi d'un univers à l'autre, des films intimistes de Jacques Audiard aux super-productions "Harry Potter", en passant par la fantaisie de Wes Anderson.

Article rédigé par franceinfo Culture avec AFP
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 3 min
le compositeur français de musique de films Alexandre Desplat au 8e Festival de cinéma et musique de films de La Baule, le 2 juillet 2022. (LOIC VENANCE / AFP)

Après deux Oscars, trois Césars et quarante ans de carrière, le compositeur Alexandre Desplat, invité d'honneur du festival de cinéma et musique de film de La Baule, cherche encore et toujours à se "mettre en danger". Depuis sa première composition pour un film en 1985, signé Frank Le Wita, le musicien passe d'un univers à l'autre, des films intimistes de Jacques Audiard aux super-productions Harry Potter ou Godzilla, en passant par la fantaisie de Wes Anderson.

"Rivières souterraines" 

"Je ne veux pas faire toujours la même musique. J'aime les films qui me mettent en danger, qui m'excitent ou me titillent", raconte le compositeur, valeur sûre d'Hollywood oscarisé pour The Grand Budapest Hotel et La Forme de l'eau" à qui la huitième édition du festival de La Baule rend hommage dimanche pour l'ensemble de sa carrière.

"Je n'ai pas de thèmes de prédilection car je ne peux pas savoir à l'avance ce qui va m'émouvoir", raconte à l'AFP Alexandre Desplat, 61 ans, costume bleu nuit et foulard blanc. Pour composer ses musiques, il préfère attendre de voir les images tournées que de se fier seulement au script: "J'ai besoin d'observer comment la caméra se déplace, comment les acteurs prennent la lumière, comment ils disent leur texte."

Les bandes originales sont comme des "rivières souterraines" qui "accompagnent le film sans que l'on sache toujours par où elles passent" et dont l'absence "assècherait l'oeuvre". Mais parfois, la magie n'opère pas: "Il m'est arrivé d'accepter des films qui étaient ratés, c'est comme ça. C'est un métier, on ne peut pas changer d'avis pour un loupé."

Un professeur essentiel

Dimanche après-midi, la violoniste Solrey, de son vrai nom Dominique Lemonnier, à qui il est marié depuis près de quatre décennies, dirigera à La Baule le concert-hommage qui lui est dédié. Violon solo de son premier long-métrage, Solrey est devenue sa "compagne musicale de chaque jour", à la fois "première oreille" et conseillère. Dans l'orchestre pour le concert, Alexandre Desplat reprendra à la flûte les thèmes qu'il avait composé pour "Le Discours d'un roi" et The Ghost writer, lui qui ne joue "quasiment plus" pour le plaisir.

Élevé par des parents mélomanes, il apprend très tôt le piano, puis la trompette, et s'entiche de la flûte à 9 ans. "J'ai rencontré un professeur qui était comme un deuxième père. D'une grande douceur et d'une grande bienveillance. Quand on tombe sur un professeur qui décèle une sensibilité et qui aide à la développer, c'est fantastique", se rappelle M. Desplat.

Adolescent, il découvre le cinéma "d'une manière plus passionnelle" et se souvient d'une attirance "instinctive" pour la rencontre des images et de la musique. A l'époque, il passe "des heures" devant ses VHS pour comprendre comment les mélodies "apparaissent" dans la bande-son, "sans qu'on s'en rende compte ou au contraire avec une violence soudaine".

Le rêve américain

Après vingt ans à la conquête du cinéma français, le compositeur a entamé en 2004 une carrière internationale, propulsé sur le devant de la scène américaine par sa nomination aux Golden Globes pour la bande-originale de "La Jeune Fille à la perle". "Ce film m'a ouvert un autre champ, dont je rêvais, celui du cinéma américain. Mes parents se sont connus en Californie et c'est resté le paradis perdu. Ça, plus ma fascination du cinéma de Scorsese, Coppola et Spielberg."

Aux États-Unis, la musique a dans les films un rôle plus "narratif", exprimant "davantage de sentiments" qu'en France, où le cinéma cultive une "culture des mots", théorise Alexandre Desplat. Compositeur "loyal", il met un point d'honneur à suivre dans leurs projets les réalisateurs qui lui ont fait confiance, comme Georges Clooney, Wes Anderson, Stephen Freas et Greta Gerwig.

"Fier" de l'hommage rendu à La Baule par des "fous de musique", le compositeur sourit: "C'est toujours émouvant d'être reconnu par ses pairs."

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