À Rouen, les élèves d'une masterclass font leurs gammes sur l'orgue de l'abbatiale, un chef-d'œuvre signé Cavaillé-Coll
Chaque été depuis 2016, une masterclass d'orgue réunit à Rouen de jeunes étudiants venus du monde entier pour parfaire leur technique. Cette année, ils sont treize, âgés de 18 à 27 ans (de neuf nationalités différentes, venus d'Europe, d'Asie et des États-Unis) à suivre jusqu'au 3 août des cours d'interprétation dispensés par Jean-Baptiste Monnot, titulaire de l'abbatiale Saint-Ouen de Rouen, professeur au conservatoire de Rueil-Malmaison et l'IMEP de Namur (Belgique).
Tout concourt à ce que ce stage soit unique : le lieu – une abbatiale majestueuse, rare exemple de gothique flamboyant –, le professeur (un des meilleurs au monde) et surtout l'orgue Aristide Cavaillé-Coll, que Jean-Baptiste Monnot n'hésite pas à qualifier de "star" tant l'instrument s'avère exceptionnel pour les organistes du monde entier.
Pour les néophytes, le nom de Cavailllé-Coll ne dira peut-être rien. Pour les mélomanes, c'est celui d'une dynastie de facteurs d'orgues qui régna sur cet artisanat durant cinq générations. Appartenant à la quatrième, Aristide Cavaillé-Coll est considéré comme le "génie" de cette famille. "Ces instruments, issus d'une véritable industrie organisée, sont de toute première qualité tant sur le plan des matériaux que de la conception sonore, surpassant ses concurrents par un savoir-faire inégalé", peut-on lire sur le site ResMusica.
L'abbatiale possédait déjà un orgue au XVIe siècle qui fut détruit par les Huguenots en 1562. En 1630, un instrument neuf est construit par Crespin Carlier. Passons sur toutes les vicissitudes rencontrées par cet orgue pour arriver en 1851 quand Aristide Cavailllé-Coll est appelé pour le vérifier. Il le classe parmi les plus grands instruments de France et entreprend sa modification tout en gardant certains éléments (tuyauterie, jeux existants et buffet de 1630).
L'orgue est composé de quatre grands claviers, de 64 jeux dont les plus anciens remontent aux XVIIe et XVIIIe siècles. Il est inauguré par l'organiste lyonnais Charles-Marie Widor le 17 avril 1890. Cet instrument est considéré comme le dernier chef-d'œuvre de la carrière d'Aristide Cavaillé-Collé.
Une restauration en vue
Mais la Rolls des orgues n'est pas increvable. Selon J-B. Monnot, "Beaucoup d'éléments sont en fin de vie. Il y a des dizaines de milliers de pièces en métal et tout le cuir et le feutre pour éviter les frottements est usé."
Pour financer les travaux de restauration de l'orgue (estimées à environ un million d'euros), l'association de l'abbatiale présidée par Jean-Baptiste Monnot organise des concerts payants tous les dimanches à 17h. Les travaux devraient durer une année, entre 2027 et 2028.
À noter : un concert des étudiants clôture la masterclass, le samedi 3 août à 17h, à l'abbatiale Saint-Ouen (entrée libre).
Ce concert marque également l'ouverture du Festival des orgues Cavaillé-Coll qui aura lieu de 3 au 25 août 2024.
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