Cet article date de plus de douze ans.

Musique sur le web : pourquoi une telle effervescence ?

Google Play Music vient de se lancer. Myspace, lui, renaît et Microsoft invente Xbox music. Francetv info vous explique pourquoi les nouvelles plateformes musicales se bousculent en ce moment.

Article rédigé par Louis San
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Toutes les nouvelles plateformes proposent un système nomade qui permet d'accéder, de n'importe quel terminal, en illimité et à tout moment, à toute la musique que l'on veut. (LEX VAN LIESHOUT / ANP MAG / AFP)

INTERNET - Google se met à la musique. Le géant d'internet a lancé en Europe, mardi 13 septembre, Google Play Music, sa plateforme d'achat de musique en ligne et de streaming, c'est-à-dire d'écoute sans téléchargement. Selon le site spécialisé ZDnet, l'enjeu pour le géant américain est important, puisqu'il s'agit de "relancer son service d'achat de musique en ligne, à la traine par rapport à la concurrence", notamment l'iTunes d'Apple. 

Google n'est pas seul à se lancer. Ou se relancer. Myspace a ainsi annoncé son retour. Mega, le successeur de Megaupload, met lui aussi - mais pas que - le cap sur la musique. Même combat pour Microsoft qui a mis sur les rails Xbox music, sans oublier les récentes initiatives de Sony et Nokia. 

C'est que, plus que jamais, la musique a le vent en poupe sur internet. Les ventes de disques continuent de s'effondrer. Le site spécialisé Boursorama indique que le marché de la musique enregistrée a perdu près de 8% sur les neuf premiers mois de 2012. En revanche, sur ce marché, le numérique est en hausse et représente désormais 30% des revenus de la musique en France. Francetv info tente d'expliquer pourquoi la musique se porte si bien sur internet.

Parce que le téléchargement payant a encore du potentiel

Si la Fnac a jeté l'éponge en fermant son service d'achat de musique en ligne, comme l'écrivait fin octobre le site 01net, le secteur devrait avoir de beaux jours devant lui. Le téléchargement payant (et donc légal) représente plus de la moitié des revenus du numérique en France. Et sur les neuf premiers mois de l'année, il a connu une hausse de 17,3%, selon les chiffres du Syndicat national de l'édition phonographique (Snep). Depuis 2008, les revenus des téléchargements de musique sont en augmentation constante.

Revenus, en France, des téléchargements de musique sur internet entre 2008 et 2011. Source : Snep (FRANCETV INFO)

Surtout, les ventes digitales n'ont pas encore compensé les pertes constatées sur les ventes physiques. Et l'équilibre entre les deux univers semble encore loin puisque, fin septembre, le marché physique de la musique représentait, en France, 206 millions d'euros contre seulement 90 millions pour le numérique.

Parce que le streaming a une énorme marge de progression

Pour l'instant, Apple est leader du marché avec 70% des ventes en ligne. Et si des géants comme Google ou Microsoft tentent leur chance dans la musique, c'est parce que la firme à la pomme n'a pas encore de service de streaming. Une tendance de plus en plus lourde. Au niveau mondial, le streaming a progressé de près de 60% au premier semestre 2012. Aux Etats-Unis et au Royaume-Uni, la hausse a atteint 80 % !

A l'heure actuelle, les parts de marché du streaming par rapport au total des revenus du numérique sont très variables selon les pays. Mais sa marge de progression est potentiellement énorme. En France, il représente 39% du secteur contre seulement 12% aux Etats-Unis et 11% en Allemagne, tous loin derrière les 90% de la Suède.

Parts de marché du streaming par rapport au total des revenus du numérique dans différents pays. (FRANCETV INFO)

En clair, il y a de l'argent à se faire. Dans l'Hexagone, les abonnements à l'écoute en ligne (comme sur Spotify ou Deezer) ont réalisé en 2012 un chiffre d'affaires de 23 millions d'euros, et le streaming gratuit 12,7 millions d'euros grâce à la publicité, selon les derniers chiffres de la Snep.

Résultat : "Il y a aujourd'hui plus de plateformes de streaming que de plateformes de téléchargement", a déclaré au Monde David El Sayegh, directeur général du Snep. Pas de quoi inquiéter les services déjà bien implantés. "Nous, on est là depuis cinq ans. L'arrivée de concurrents nous motive, cela montre que le marché est dynamique", affirme Deezer à francetv info.

Parce que la musique s'emporte partout

Les ventes d'ordinateurs classiques, autrement dit les postes fixes, sont déjà en nette perte de vitesse face aux smartphones et aux tablettes. L'Epita, une école d'ingénieurs en informatique, écrit qu'"en 2014, la majorité des accès à internet devrait se faire via des périphériques mobiles en utilisant des réseaux sans fil".

Une tendance qui colle parfaitement à la musique puisqu'elle "est le bien culturel que l'on transporte le plus facilement sur un smartphone, que l'on consomme le plus et qui se révèle souvent indispensable", indique au Monde Martin Pyykkonen, analyste à la banque Wedge.

Ainsi, toutes les nouvelles plateformes proposent un système nomade qui permet d'accéder, de n'importe quel terminal, en illimité et à tout moment, à toute la musique que l'on veut.

Parce que les artistes veulent se faire connaître

Les maisons de disques sont en crise, les fermetures de labels se multiplient et de nombreux artistes se font désormais connaître directement sur internet, comme Justin Bieber, ou encore Lily Allen.

Alors Myspace et Mega, deux nouvelles plateformes à venir, vont notamment permettre aux groupes de faire leur promotion. L'objectif principal du premier est clair : redevenir un dénicheur de talents, comme il l'a été pour les Britanniques d'Arctic Monkeys. Sur Mega, l'utilisateur pourra s'identifier de façon différente s'il est un simple internaute ou s'il est un artiste. Les titulaires de "compte artiste" auront des outils spécifiques pour les aider à gérer leur carrière et gagner de l'argent.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.