Vestiaire populaire en Berry, du fantasme à la réalité
L’exposition évoque la construction d’un costume folklorique berrichon par les premiers groupes folkloriques et les premiers régionalistes. Cette vision véhiculée depuis le XIXe siècle forge une identité vestimentaire reconstituée et fantasmée, qui a pris le pas sur la réalité et la diversité des pratiques vestimentaires. Car le costume suit la mode de l’élite parisienne puis de la bourgeoisie provinciale grâce à la diffusion des tendances par les journaux de mode. Le colportage permet également la commercialisation de produits fabriqués dans les grands centres textiles français introduisant alors des éléments extérieurs qui deviennent élément à part entière de la tenue traditionnelle. La variété des couleurs et des motifs confirme que les Berrichons suivaient les modes tout en conservant des codes vestimentaires propres à leur région.
Le vestiaire masculin et féminin
Le Berrichon porte une chemise de toile dont les pans rabattus entre les jambes font office de sous-vêtement, ces derniers n'apparaissant qu'à la fin du XIXe siècle. Sur le gilet, un habit ou une redingote. La culotte subsiste encore durant la première moitié du XIXe siècle, remplacée par le pantalon. Guêtres, bas ou chaussettes se portent avec souliers ou sabots. Sur la tête, un mouchoir, un bonnet de coton, une casquette ou un chapeau. Pour protéger le tout, une blouse de toile, de cotonnade... qui peut devenir habit de fête ornée de broderies et décorations.Sur la chemise de toile, la Berrichonne passe un haut qui lui couvre le buste et les bras. Elle porte plusieurs jupons, celui de dessus, le plus soigné, est recouvert d'un tablier dont la bavette va diminuer pour finir par disparaître au XIXe siècle. Sur les épaules, le fichu recouvre en partie le casaquin, la camisole ou la robe. Elle porte bas ou chaussettes dans des sabots ou des souliers que complète la coiffe ou le bonnet. Composante du patrimoine familial rattachée au terroir d'origine, la coiffe revêt une dimension identitaire forte. De la fin du XVIIIe siècle jusqu'à son abandon dans la première moitié du XXe siècle, sa taille diminue. À partir des années 1840, les châles se répandent grâce à une production nationale industrialisée. Certains vêtements ont une fonction utilitaire, d’autres protectrice (contre le soleil et la pluie) et ornementale.
Les toilettes des mariés ne diffèrent pas des habits de fêtes seuls la qualité de l'étoffe et l'état neuf marquent la solennité de l'instant.
Des matières, des couleurs, des décors
A côté des toiles de chanvre et des draps de laine, l’arrivée du coton permet des couleurs diversifiées et des motifs auxquelles s’ajoutent des broderies et des rubans. À partir de la 2de moitié du XVIIIe siècle, la gamme des couleurs se diversifie. Au XIXe siècle, grâce aux agents synthétiques apparaissent de nouvelles couleurs dont le violet et, avec les étoffes industrielles, de nouveaux décors. Jusqu'au XVIIIe siècle, les étoffes mixtes et la toile constituent, avec le drap de laine la base du vestiaire. Les étoffes de coton, qui vont se diffuser au XVIIIe siècle, sont employées pour les éléments de parure féminine et les petites pièces avec des teintes et des motifs variés. Les fibres synthétiques se développant à partir du Second Empire.La variété des matières premières et des tissus démontre une circulation des produits manufacturés des grands centres textiles français vers les petits bourgs. Au XIXe siècle, le développement des grands magasins parisiens et de la VPC créent de nouveaux modes de consommation dont les campagnes profitent.
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