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Sonia Rykiel, la couturière reine de la maille, est morte
La couturière Sonia Rykiel vient de s'éteindre à l'âge de 86 ans, a annoncé sa famille à l'AFP. La maille, le noir, l’envers, les rayures mais aussi les matières comme l’éponge, dont Rykiel sait faire les joggings les plus élégants, les dentelles et les fourrures évoquent le vocabulaire poétique de cette créatrice au style incontestablement parisien.
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Sonia Rykiel, fondatrice de la maison de couture du même nom et surnommée "la Reine du tricot", est morte jeudi à Paris. "Ma mère est décédée cette nuit à Paris, chez elle, à 5 heures du matin, des suites de la maladie de Parkinson", a déclaré Nathalie Rykiel, également femme de mode.
Née Sonia Flis le 25 mai 1930 à Paris, issue d'un milieu bourgeois et intellectuel d'origine russo-roumaine, Sonia Rykiel avait commencé comme étalagiste en 1948. Elle avait fait ses débuts de créatrice dans les années 50, lançant ses premiers pull-overs. Ce vêtement est devenu l'emblème de la créatrice. Dès 1962, elle dessine et fait confectionner ses premières robes de future maman et ses tricots ajustés, montrant les courbes féminines, pour la boutique Laura et connait un rapide succès.
Sonia Rykiel avait fondé la maison de couture qui porte son nom en mai 1968 avec sa première boutique installée à Saint-Germain-des-Près à Paris. La créatrice devient rapidement l’incontournable reine de la maille en créant des mini-pulls et en chamboulant leurs proportions. La maille devient sa matière de prédilection. En 1974, elle invente la "démode" et propose une nouvelle philosophie faite de coutures à l'envers, de "pas d'ourlé", de "pas doublé".
Sonia Rykiel est également pionnière lorsqu’elle utilise le noir à la fin des années pop. Couleur synonyme pour elle de séduction et de liberté, elle bouscule l’élégance bourgeoise des années 70. Ce noir signe par là même la modernité de la maison, bien avant que les créateurs japonais, puis belges ne s’en emparent. La couturière joue aussi avec les mots qui deviennent des inscriptions sur les vêtements, des slogans poétiques ou des livres.
Sonia Rykiel se savait atteinte de la maladie de Parkinson depuis la fin des années 1990. Elle s'était exprimée à ce sujet pour la première fois en 2012 dans le livre "Noubliez pas que je joue", qu'elle avait écrit avec la journaliste Judith Perrignon.
Audrey Azoulay, ministre de la Culture, a rendu hommage à "une femme exceptionnelle, libre et flamboyante. Féministe engagée, sa maille, reconnaissable entre toutes, incarnait la liberté de mouvement et l'indépendance d'esprit. Sonia Rykiel n’était pas seulement un grand nom de la mode mondiale. Elle a été aussi décoratrice, romancière et une surprenante actrice dans « Prêt-à-porter » de Robert Altman, où elle jouait son propre rôle. Entrepreneure exceptionnelle, Sonia Rykiel a créé un style et une oeuvre qui durent".
La réaction de Manuel Valls
https://twitter.com/manuelvalls/status/768748408270098432
Pour la créatrice de mode Agnès b., Sonia Rykiel "a su donner de la confiance aux femmes, même celles qui avaient des formes, qui étaient rondes", explique-t-elle à l'AFP : "elles ont osé mettre des vêtements plus près du corps grâce à Sonia. Elle aimait travailler pour les femmes. Ce n'est pas mon style, mais elle a beaucoup fait pour la mode, elle a apporté une vision de la Parisienne. C'est ce que l'étranger aime, le Japon, la Chine, les Américains, ils aiment la Parisienne".
Pierre Bergé, hommes d'affaires co-fondateur de la maison Yves-Saint-Laurent
Le journaliste Loic Prigent
https://twitter.com/LoicPrigent/status/768767335758954496
L'Institut Français de la mode
https://twitter.com/IfmParis/status/768778401968685057
Jean-Marc Loubier, président de First Heritage Brands, société à laquelle appartient la marque Sonia Rykiel depuis 2012 : "Je suis extrêmement touché et triste, c'est un personnage hors du commun, une femme extraordinaire, au sens premier du terme. C'est une femme qui a marqué notre univers, une femme qui avait le sens de la famille et beaucoup de qualités humaines. J'ai une pensée pour sa fille (Nathalie Rykiel), qui est toujours consultante pour la marque, et pour les équipes de la maison Rykiel. Avec Sonia, disparaît quelqu'un d'important, qui avait une vision. Je me souviens de cette formule qu'elle avait au sujet des pantalons féminins, elle disait que le pantalon, c'est l'égalité, non pas avec les hommes mais avec celles qui ont de jolies jambes... Elle avait un sens aigu de la recherche au nom de la femme. Elle a laissé un héritage très fort qu'on retrouve dans la mode actuelle, une mode de la rue, nourrie de son époque."
Née Sonia Flis le 25 mai 1930 à Paris, issue d'un milieu bourgeois et intellectuel d'origine russo-roumaine, Sonia Rykiel avait commencé comme étalagiste en 1948. Elle avait fait ses débuts de créatrice dans les années 50, lançant ses premiers pull-overs. Ce vêtement est devenu l'emblème de la créatrice. Dès 1962, elle dessine et fait confectionner ses premières robes de future maman et ses tricots ajustés, montrant les courbes féminines, pour la boutique Laura et connait un rapide succès.
Sonia Rykiel avait fondé la maison de couture qui porte son nom en mai 1968 avec sa première boutique installée à Saint-Germain-des-Près à Paris. La créatrice devient rapidement l’incontournable reine de la maille en créant des mini-pulls et en chamboulant leurs proportions. La maille devient sa matière de prédilection. En 1974, elle invente la "démode" et propose une nouvelle philosophie faite de coutures à l'envers, de "pas d'ourlé", de "pas doublé".
Sonia Rykiel est également pionnière lorsqu’elle utilise le noir à la fin des années pop. Couleur synonyme pour elle de séduction et de liberté, elle bouscule l’élégance bourgeoise des années 70. Ce noir signe par là même la modernité de la maison, bien avant que les créateurs japonais, puis belges ne s’en emparent. La couturière joue aussi avec les mots qui deviennent des inscriptions sur les vêtements, des slogans poétiques ou des livres.
Hédoniste et séductrice
Sonia Rykiel était également écrivaine, designer, gastronome et actrice. Elle avait joué son propre rôle dans le film de Robert Altman, "Prêt à porter", tourné durant la semaine de la mode à Paris au printemps 1994. Elle avait fait aussi l'objet d'une exposition aux Arts Décoratifs fin 2008 lors de laquelle le caractère charismatique et iconique de la créatrice était évoqué via des documents inédits, telle la longue interview, en 1981, de Sonia Rykiel réalisée par Andy Warhol lui-même pour son émission initiée « Warhol’s TV ».Sonia Rykiel se savait atteinte de la maladie de Parkinson depuis la fin des années 1990. Elle s'était exprimée à ce sujet pour la première fois en 2012 dans le livre "Noubliez pas que je joue", qu'elle avait écrit avec la journaliste Judith Perrignon.
Retour en images sur ses défilés parisiens
Son "clan" lui était indispensable et elle s'était entourée de ses proches --sa soeur Danièle, son fils, Jean-Philippe, musicien et sa fille Nathalie, qui fut directrice artistique et présidente de la griffe. Nathalie Rykiel est encore consultante alors que la maison est passée sous pavillon chinois en 2012, la famille Rykiel gardant des parts jusqu'en 2016. "C'est une femme qui avait le sens de la famille et beaucoup de qualités humaines", a confié jeudi à l'AFP Jean-Marc Loubier, président du groupe First Heritage Brands, auquel la marque appartient. En novembre 2013, entourée de sa famille, Sonia Rykiel avait reçu des mains de François Hollande les insignes de Grand Officier de l'Ordre National du Mérite.Des hommages
François Hollande a salué une "femme libre, une pionnière qui a su tracer sa voie". "Elle a inventé non seulement une mode mais aussi une attitude, une façon de vivre et d'être, et offert aux femmes une liberté de mouvement", ajoute M. Hollande. "Passionnée de culture, elle ne concevait pas la mode sans les arts qui étaient toujours présents dans ses créations", dit-il. "Son style est connu du monde entier. Il demeurera comme le symbole de l'alliance remarquable de la couleur et du naturel, de la fluidité et de la lumière". Le président de la République avait élevé Mme Rykiel au rang de Grand Officier de l'Ordre National du Mérite en 2013.Audrey Azoulay, ministre de la Culture, a rendu hommage à "une femme exceptionnelle, libre et flamboyante. Féministe engagée, sa maille, reconnaissable entre toutes, incarnait la liberté de mouvement et l'indépendance d'esprit. Sonia Rykiel n’était pas seulement un grand nom de la mode mondiale. Elle a été aussi décoratrice, romancière et une surprenante actrice dans « Prêt-à-porter » de Robert Altman, où elle jouait son propre rôle. Entrepreneure exceptionnelle, Sonia Rykiel a créé un style et une oeuvre qui durent".
La réaction de Manuel Valls
https://twitter.com/manuelvalls/status/768748408270098432
Le monde de la mode salue un "travail révolutionnaire"
Pour Jean-Charles de Castelbajac, styliste : "Au début des années 60, Sonia Rykiel a fait bouger la mode de manière considérable. Elle a été l'une des premières stylistes. Son oeuvre est universelle. Sonia a défini très tôt un univers, avec une relation au détail, à la couture, avec des audaces créatives comme les coutures à l'envers, sa manière d'envisager la féminité, de voir la femme. Il y avait une pensée Sonia Rykiel : elle a incarné un féminisme moderne avec un militantisme sensuel très impactant qui s'incarnait dans sa mode chic et cool, très rive gauche. Sonia, c'est aussi une écriture, des rayures, des mots sur des pulls, une silhouette totalement inoubliable. Sonia Rykiel a toujours été bienveillante avec la jeune création. Je l'ai rencontrée très tôt quand j'ai commencé. Nous partagions l'idée que le vêtement n'est pas seulement un ornement mais un manifeste. Ce serait réducteur de ne parler que de sa mode ; elle a fait avancer les choses pour les femmes et la société en général. Elle a aussi tissé des ponts entre mode, littérature et militantisme. C'était un visionnaire. Elle va nous manquer".Pour la créatrice de mode Agnès b., Sonia Rykiel "a su donner de la confiance aux femmes, même celles qui avaient des formes, qui étaient rondes", explique-t-elle à l'AFP : "elles ont osé mettre des vêtements plus près du corps grâce à Sonia. Elle aimait travailler pour les femmes. Ce n'est pas mon style, mais elle a beaucoup fait pour la mode, elle a apporté une vision de la Parisienne. C'est ce que l'étranger aime, le Japon, la Chine, les Américains, ils aiment la Parisienne".
Pierre Bergé, hommes d'affaires co-fondateur de la maison Yves-Saint-Laurent
https://twitter.com/pvgberge/status/768743228006928385
Le couturier Jean Paul Gaultier
https://twitter.com/JPGaultier/status/768767754912436224Le couturier Jean Paul Gaultier
Le journaliste Loic Prigent
https://twitter.com/LoicPrigent/status/768767335758954496
L'Institut Français de la mode
https://twitter.com/IfmParis/status/768778401968685057
Jean-Marc Loubier, président de First Heritage Brands, société à laquelle appartient la marque Sonia Rykiel depuis 2012 : "Je suis extrêmement touché et triste, c'est un personnage hors du commun, une femme extraordinaire, au sens premier du terme. C'est une femme qui a marqué notre univers, une femme qui avait le sens de la famille et beaucoup de qualités humaines. J'ai une pensée pour sa fille (Nathalie Rykiel), qui est toujours consultante pour la marque, et pour les équipes de la maison Rykiel. Avec Sonia, disparaît quelqu'un d'important, qui avait une vision. Je me souviens de cette formule qu'elle avait au sujet des pantalons féminins, elle disait que le pantalon, c'est l'égalité, non pas avec les hommes mais avec celles qui ont de jolies jambes... Elle avait un sens aigu de la recherche au nom de la femme. Elle a laissé un héritage très fort qu'on retrouve dans la mode actuelle, une mode de la rue, nourrie de son époque."
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