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Objets d'arts, oeuvres d'artistes : 3.000 boutons se révèlent aux Arts Déco

Article rédigé par Corinne Jeammet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
L’exposition "Déboutonnez la mode !" dévoile 3.000 boutons datés du XVIIIe au XXe siècle. Cette collection est complétée par une sélection de 100 vêtements et accessoires de mode féminine et masculine signés Paul Poiret, Elsa Schiaparelli, Christian Dior, Jean Paul Gaultier ou Patrick Kelly… Des objets d'art réalisés par des artisans et artistes à découvrir jusqu'au 19 juillet aux Arts Décoratifs.

Les Arts Décoratifs

Ces pièces, petites par leur taille, sont des objets d’art par la préciosité des matériaux et techniques qui entrent dans leur fabrication. Réalisées par des artisans -  passementiers, brodeurs, orfèvres, verriers, céramistes ou paruriers - elles ont aussi suscité l’intérêt d'artistes - peintres, sculpteurs ou créateurs de bijoux - qui ont créé des modèles uniques destinés aux maisons de couture signant leurs créations telles des oeuvres miniatures à part entière.
 (Patrick Sauteret)
On découvre comment chaque couturier s’en est emparé pour transformer le bouton en accessoire de mode et de quelle manière chacun l’utilise pour souligner, structurer, dessiner une silhouette. Cette collection est exemplaire par sa variété, sa richesse et son éclectisme : un portrait de femme dans le goût de Fragonard, un trio de boutons inspirés des fables de La Fontaine de l’orfèvre Lucien Falize, un jeu de huit oiseaux peints sur porcelaine par Camille Naudot et une série de 792 pièces du sculpteur Henri Hamm. Les paruriers, Jean Clément et François Hugo, et les artistes Jean Arp et Alberto Giacometti, ont oeuvré pour la créatrice de mode Elsa Schiaparelli, tout comme Maurice de Vlaminck avec le couturier Paul Poiret. Les maisons de haute couture Dior, Balenciaga, Madame Grès, Givenchy, Balmain et Yves Saint Laurent ont privilégié le travail des bijoutiers Francis Winter et Roger Jean-Pierre. On découvre également des créations de Sonia Delaunay et de Line Vautrin.
 (Imaxtree)
Dans un parcours chronologique, l’exposition dévoile l’histoire de cet objet qui est le reflet de la créativité et de l’humeur d’une époque. Tableaux, gravures, dessins et photographies de mode soulignent l’importance de sa place sur le vêtement et montrent combien il est déterminant dans l’équilibre d’une silhouette.
 
 (DR)
Depuis son apparition au XIIIe siècle, le bouton a conservé une place de choix. Sa production et son utilisation se développent progressivement mais doivent attendre la fin du XVIIIe siècle pour voir naître son âge d’or en France. Il devient alors un produit de luxe, dont la valeur dépasse souvent l’habit lui-même. Plus qu’un ornement, il est aussi le moyen d’afficher ses penchants et ses opinions se faisant porteur de messages humoristiques, intimes ou politiques : portraits de la famille royale, rébus…
 
 (DR)
Ce n’est que vers 1780 que le bouton prend place sur des robes et corsages aux coupes inspirées des vêtements masculins. Au XIXe siècle, dans la garde-robe masculine, l’art du bouton laisse place à l’art du boutonnage. Plus petit et discret, il définit le niveau de raffinement du vêtement ou la distinction de celui qui le porte. L’attention portée à sa position sur le costume masculin ressort de manière significative sur les gilets, pièce essentielle de la garde-robe de l’homme élégant. Durant la seconde moitié du XIXe siècle, avec la révolution industrielle, la fabrication se développe jusqu’à devenir une industrie déclinant à l’infini tailles et couleurs adaptées à chaque pièce du vêtement ou des accessoires. Pour les femmes, la taille des boutons reste aussi plus que modeste alors que leur nombre augmente. Ils apparaissent alors sur les bottines, les gants et sur la lingerie fine lorsque vers 1850 les sous-vêtements se font plus nombreux. Leur compte fait l’objet de notations précises dans les journaux de mode tandis que leur description dans la littérature de l’époque les place comme une coquetterie raffinée voire un objet de séduction.
 (Les Arts Décoratifs)
Parallèlement, orfèvres et joailliers réalisent des boutons précieux qu’ils présentent parfois dans un écrin comme des bijoux. Ils sont le reflet des courants artistiques qui marquent l’époque et notamment celui de l’Art Nouveau. Le premier niveau de l’exposition s’achève avec les années 1910 et le retour de la ligne dite Empire sous l’influence du couturier avant-gardiste Paul Poiret pour qui l’importance d’un détail, parfois d’un bouton et le point précis où le placer, répond à « une géométrie secrète qui est la clef de l’esthétisme ». Le parcours se poursuit avec la mode des années 20 avec ses boutons Art déco et l’apparition des paruriers. Créateurs d’accessoires, de bijoux et de boutons, liés à la haute couture, sont identifiables par un style qui leur est propre mais aussi par les matériaux qu’ils emploient. Leurs collaborations avec les grands couturiers sont illustrées par une vitrine consacrée à Elsa Schiaparelli, Jean Clément et Jean Schlumberger. François Hugo a créé des cailloux sertis d’or ou de métal plié et compressé. Il a fait aussi appel à la créativité d’artistes tels Pablo Picasso ou Jean Arp pour la réalisation de modèles inédits. Le déclin du bouton s’amorce en 1980, alors que les couturiers reviennent vers des créations plus minimalistes qui rendent au bouton sa fonction originelle. 
 (DR)
L’exposition souligne aussi la manière dont certains couturiers ont placé et interprété le bouton dans leurs créations de Gabrielle Chanel à Christian Dior en passant par Cristobal Balenciaga, jusqu’aux boutons bijoux d’Yves Saint Laurent. Des modèles des années 2000, avec Jean Paul Gaultier et son tailleur pantalon, recouvert de petits boutons en nacre ou les manteaux de la maison Céline, revisitant de façon subtile le classique double boutonnage, viennent ponctuer le parcours. Malgré l’apparition de nouveaux systèmes de fermeture que sont la glissière, le bouton pression et le velcro, le bouton est toujours présent dans les garde-robes.
 (Collection du Musée international de la chaussure)
Acquise en 2012, cette collection a reçu le statut d’oeuvre d’intérêt patrimonial majeur par la Commission consultative des Trésors Nationaux datées du XVIIIe au XXe siècle. Exposition "Déboutonnez la mode !" du 12 février au 19 juillet 2015. Musée des arts décoratifs. 107, rue de Rivoli. 75001 Paris. www.lesartsdecoratifs.fr
 (DR)

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