Mode : deux expositions à Paris sur les traces du très discret Martin Margiela

Il n’a pas fait de photo, ni accordé d’interview depuis plus de 30 ans : le couturier belge Martin Margiela est au centre de deux expositions qui s’ouvrent cette semaine à Paris, l’une au musée des Arts décoratifs, l’autre au Palais Galliera, le musée de la Mode.

Sorti du cycle infernal de la mode pour l'anonymat

La légende Martin Margiela est sans voix ni visage mais laisse de nombreuses empreintes. "Martin Margiela est un homme comme vous et moi. Enfin presque, sourit Olivier Gabet, le directeur du musée des Arts décoratifs de Paris. C’est quelqu’un de très posé, qui travaille, qui cultive cette discrétion. Peu d’exposition lui ont échappé, donc on le croise forcément. D’ailleurs, il est peut-être là !"

C’est d’ailleurs lui, le directeur artistique de cette exposition. Où est-il ? "Je ne cherche même pas à le savoir, explique la commissaire de l’exposition, Marie-Sophie Carron de la Carrière. En tout cas, il est sorti du cycle infernal de la mode. Plusieurs fois par an, créer une œuvre, se montrer, s’exposer, a pu être fatal pour certains. Cela permet de protéger sa vie, c’est une forme de masque."

Vingt ans d'un compte-rendu quasi policier

On sait de Martin Margiela qu’il est belge, né en 1957, installé en France dans les années 1980. Direction le Palais Galliera, le musée de la Mode, qui présente 400 pièces du créateur. Là encore, Martin Margiela est présent. "Il a travaillé dès le début de l’exposition, il y a deux ans, et a fait ce qu’aucun créateur n’avait fait auparavant en nous expliquant, collection après collection, modèle après modèle, ses sources d’inspirations, ses fournisseurs, détaille Alexandre Samson, commissaire de l’exposition. C’est ce compte-rendu quasi policier d’un créateur presque sur vingt ans que nous avons retransmis dans cette exposition. Il a une mémoire incroyable, une véritable envie de vulgariser sa création, de l’expliquer aux gens, pour que toutes les personnes qui ne travaillent pas dans la mode, ne font que porter des vêtements, puissent le comprendre puisque, justement, ils portent des vêtements."

"Martin Margiela se cache tellement qu’il est difficile de savoir qui il est, apprécie une visiteuse. Mais je pense que c’était un visionnaire qui a su mettre en avant la mode plutôt que sa personne." Finalement, peut-être n’a-t-on pas besoin d’en savoir davantage sur le mystère Margiela pour apprécier. L’exposition Margiela est visible au Palais Galliera jusqu’au 15 juillet 2018. Margiela, les années Hermès, elle, se visite au musée des Arts décoratifs jusqu’au 2 septembre.