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Le verrier d'art Adrian Colin réalise des bijoux pour la haute couture de Julien Fournié : "j'aime explorer l'éventail des possibilités qu'offre mon métier"

Adrian Colin, Meilleur Ouvrier de France, est un passionné. Outre sa collaboration à la collection haute couture automne-hiver 2022-23 de Julien Fournié, le verrier d'art travaille au développement d'un nouvel atelier, à Dinan (Bretagne), lui permettant de mieux faire découvrir son métier au public

Article rédigé par Corinne Jeammet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 7min
Le verrier d'art Adrian Colin dans son atelier à Dinan en 2018 (Verneuil Teddy)

Meilleur Ouvrier de France 2011 et Directeur adjoint commission métiers d'art MOF, Adrian Colin est verrier au chalumeau à Dinan. Il exécute ses oeuvres à base de baguettes et de tubes de verre qui sont fusionnés. La forme est donnée par le  souffle pour les pièces creuses, par le geste pour les pièces massives. 

Découvert, il y a quelques années, au Festival international des créateurs de mode de Dinan pour lequel il crée les trophées remis aux lauréats, Adrian Colin réalise aussi des créations pour la haute couture. Cette saison, le couturier Julien Fournié a fait appel à lui pour une ligne de bijoux en verre pour le défilé de sa collection automne-hiver 2022-23.

Le verrier d'art est présent au salon Precious Room de Muriel Piaser les 5 et 6 juillet au Palais Vivienne à Paris. 32 créateurs français et internationaux y représentent la nouvelle scène avant-garde et contemporaine de la joaillerie avec un focus sur la Slow Jewelry et un collectif de marques de fine jewelry de Colombie défendant les métiers d’art. Une rencontre avec Adrian Colin, un passionné, qui affectionne les challenges, s'imposait.

Collaboration entre le Meilleur Ouvrier de France verrier d'art Adrian Colin et le couturier Julien Fournié pour sa collection automne-hiver 2022-23 (Design by Julien Fournié Haute Couture sur iPad pro)

Franceinfo Culture : Vous réalisez des bijoux en verre pour la collection automne-hiver 2022-23 de Julien Fournié. Est-ce la première fois que vous travaillez pour la haute couture ?

Adrian Colin : J'ai déjà travaillé pour des créateurs et des défilés notamment avec Denis Durand lors d'une exposition/défilé au Palais des Festivals de Cannes, il y a quelques années. Pour la haute couture, ce sera mon premier défilé. Nous avions déjà travaillé avec Julien Fournié un premier look coloré pour sa précédente collection (ndlr : elle a été présentée sous format digital). Nous renouvelons l'aventure dans un univers plus dark lors de son défilé automne-hiver 2022-23 le 5 juillet. Je travaille également sur un autre projet avec une autre grande maison mais, pour l'instant, je ne peux pas en dire plus.

Vous avez déjà côtoyé l'univers de la mode en réalisant les trophées du Festival international des créateurs de mode de Dinan
Oui, j'ai le plaisir depuis plusieurs années d'accompagner ce Festival en réalisant les trophées récompensant les lauréats.

Haute couture et Meilleur Ouvrier de France, c'est l'excellence réunie ?
Est-ce que haute couture et MOF, c'est l'excellence réunie, bonne question. En tout cas, une chose est sûre : deux passionnés par leur métier collaborent sur un projet commun, deux personnes reconnues pour leur savoir-faire, leurs techniques de travail et leur vision artistique. Pour l'excellence, c'est au public d'en décider. Nous donnons le maximum.

Comment s'est faite la rencontre avec Julien Fournié ?
Par l'intermédiaire d'une amie travaillant dans les relations publiques et le management d'artistes qui nous a présentés. Julien Fournié a découvert mon travail et moi le sien lors d'une première rencontre à son atelier à Paris. Quelques semaines plus tard, il était à Dinan en tant qu'invité d'honneur du Festival international des créateurs de mode, l'occasion pour lui de visiter mon atelier. Une première réalisation en a découlé, puis ce travail pour la collection automne-hiver 2022-23.

Quelle a été sa demande ?
L'idée était vraiment d'associer nos deux savoir-faire en réalisant un look avec une forte présence du matériau verre. Afin que nos deux styles artistiques soient représentés, nous avons harmonisé nos idées aux possibilités techniques de mise en œuvre.

Comment avez-vous procédé ?
J'ai privilégié du verre massif pour certains éléments et du verre soufflé pour d'autres afin d'avoir un poids adapté au tissu. Il fallait permettre un jeu de lumière dans le verre, tout en alliant finesse et esthétisme et en gardant quelque chose d'une fragilité raisonnable. Il a fallu aussi adapter les éléments en verre pour qu'ils puissent être montés. Bref, une bonne discussion sur la mise en œuvre, les attentes réciproques, les rendus et l'harmonie de nos techniques respectives, le tout au profit de la qualité visuelle et structurelle.

Défilé Julien Fournié haute couture automne-hiver 2022-23 à la semaine de la haute couture à Paris, le 5 juillet 2022. La mannequin porte un harnais réalisé par le maître verrier Adrian Colin (GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP)

Combien de pièces avez-vous réalisées ?
Pour le précédant défilé (ndlr : la collection First Love présentée en janvier 2022), j'avais réalisé un haut type harnais très coloré, une tiare et des boucles d'oreilles. Pour celui du 5 juillet, le collier-harnais est de nouveau à l'honneur mais dans des teintes sombres ainsi qu'une coiffe composée d'éléments en verre et des boucles d'oreilles. J'ai aussi travaillé trois modèles de colliers présentés sur le podium mais aussi au salon Precious Room de Muriel Piaser, qui se tient au Palais Vivienne à Paris.

Réaliser un bijou haute couture, c'est très différent de ce que vous faites habituellement ?
Pas spécialement. Pour chaque réalisation, j'étudie le cahier des charges, le thème et les croquis du créateur. J'organise, ensuite, un rendez-vous pour adapter le projet à ma technique de travail et je me fais fort de propositions pour explorer le champ des possibles. Puis je passe aux tests et à la réalisation finale.

Avez-vous l'habitude de faire des bijoux ? 
Je réalise mes propres collections de bijoux et travaille avec différentes structures pour des commandes ponctuelles. Je fabrique, par exemple, pour la maison Carte Blanche au Japon des bijoux avec du champagne Taittinger et de la feuille d'or enfermée dans de fines bulles de verre. Les bijoux pour les défilés sont différents, souvent plus volumineux pour être visibles sur les podiums. J'aime travailler sur ce genre de pièces qui laissent plus de place à l'expression artistique.

Dans votre atelier à Dinan, que proposez-vous ?
J'aime explorer l'éventail des possibilités qu'offre mon métier. J'ai travaillé sur des flacons à parfum, des sculptures, des bijoux, l'art de la table, la décoration d'intérieur... Je réalise régulièrement des trophées pour différents événements. Je travaille actuellement au développement d'un nouvel atelier toujours à Dinan, me permettant de mieux faire découvrir mon métier au public.

La transmission est donc une valeur importante ? 
Oui, c'est une valeur importante. C'est pourquoi j'envisage ce lieu tourné vers l'échange, l'accueil et le partage de connaissances. Des stages d'initiation au travail du verre, l'accueil de groupe, la privatisation de l'atelier pour accueillir mes clients professionnels sur une journée de recherche et de développement seront des choses mises en place dans ce nouvel atelier. Une passion se doit d'être partagée pour que le métier continue d'être reconnu !

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