Haute couture printemps-été 2021 : Stéphane Rolland s'inspire d'un tableau de Diego Velázquez et des sculptures de Manolo Valdés
La collection printemps-été 2021 de Stéphane Rolland est partie de la relation entre "Les Ménines", un célèbre tableau de Diego Vélasquez, et les sculptures modernes de l'Espagnol Manolo Valdes qui y font référence. Une exposition consacrée au sculpteur se tient actuellement avenue George V à Paris jusqu'au 30 mars.
D'une allure royale, la mannequin espagnole Nieves Alvarez avance en robe de mariée, telle une ménine de Vélasquez : Stéphane Rolland s'évade vers l'âge d'or de l'Espagne. Ce pays "occupe mon coeur et mon esprit depuis très longtemps (...) Je voulais faire une collection inspirée par les années d'or de l'Espagne, c'est tellement riche d'histoire", déclare le couturier français lors du tournage du film destiné à présenter sa collection haute couture printemps-été 2021.
La robe de mariée est traditionnellement le look de la fin de chaque défilé haute couture mais on en voit peu dans les présentations faites en ligne par les maisons qui présentent, virtuellement, leur collection printemps-été 2021.
"Certaines tenues sont comme des sculptures"
"Dans une période comme celle-ci, il est important de ne jamais oublier cette part de rêve et de transporter des gens vers un univers beau, riche en histoire et en innovation aussi", souligne Stéphane Rolland. Pour le couturier, cette collection est partie de la relation entre Les Ménines - connu aussi sous le nom de La Famille de Philippe IV, tableau de Diego Vélasquez peint en 1656 - et les sculptures modernes de l'Espagnol Manolo Valdes qui en sont inspirées.
"J'avais vu l'exposition des Ménines de Valdés dans les jardins du Palais Royal et j'étais fasciné par la pureté, la force et la modernité de ses sculptures", raconte-t-il. Ce sont les arches du théâtre de la Villette à Paris, ce décor de scène épuré et majestueux où est tourné le film, qui ont servi de déclic.
Reconnu comme l'un des artistes majeurs de la création contemporaine, Manolo Valdés explore depuis près de 60 ans les grands classiques de l'histoire de l'art et inscrit son œuvre dans la lignée des grands maîtres qui l'ont précédé. Jusqu'au 30 mars, dix œuvres monumentales de l'artiste occupent l'avenue George V à Paris, dans le cadre de l'événement George V Monumental. Les sculptures en aluminium, bronze, résine et acier inoxydable revisitent le thème classique du portrait féminin cher à l'artiste.
"La mode est intimement liée à l'art car elle a à voir avec les formes et les volumes"
"On a travaillé les cuirs comme des cuirs de Cordoue, le côté ethnique, la richesse, l'or, des broderies comme des trésors, des flots de chaînes qui tombent sur le corps, la fluidité et la majesté pour amener les spectateurs et les clientes vers un imaginaire un peu plus festif, beau et magique", explique Stéphane Rolland.
Il dit construire ses vêtements à partir "du rond et du carré" et les Ménines représentent pour lui "cette perfection linéaire : la rondeur qui est toute en féminité, mais en force également". "La mode est intimement liée à l'art car elle a à voir avec les formes et les volumes", déclare le sculpteur Manolo Valdés. "Certaines tenues sont comme des sculptures, le dessin se transfère sur les matériaux, pas en bronze ou en bois, mais en tissu", ajoute-t-il.
"La difficulté nous amène à nous dépasser"
C'est la muse de Stéphane Rolland, Nieves Alvarez avec son port de tête et sa démarche inimitables, qui incarne son imaginaire : "Si on parle de l'âge d'or d'Espagne qui d'autre que Nieves peut l'interpréter ? C'est Blanche de Castille, une reine d'Espagne !".
"La période est difficile pour moi comme pour tout le mode (...) C'est un vrai privilège d'être ici", dit la mannequin, depuis les coulisses où elle change de robe. Stéphane Rolland, qui a beaucoup de clientes en Moyen-Orient, se dit heureux de s'exprimer avec des films, ce qu'il avait toujours rêvé de faire : "La difficulté nous amène à nous dépasser. Aujourd'hui c'est une nouvelle guerre et on va y faire face".
Une collection de kaftans et de djellabas
Parallèlement aux robes haute couture, il a dessiné une collection de kaftans et de djellabas, un homewear chic qui correspond à l'esprit du moment. C'est une "demi-couture à des prix plus abordables" - malgré tout entre 6 000 et 12 000 euros, contre 45 000 pour une robe de soir. "Dans les années 60-70, les femmes recevaient chez elles en kaftan. J'ai toujours trouvé ça d'un chic absolu", souligne Stéphane Rolland.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.