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Les géants de la mode, mauvais élèves du développement durable, selon un rapport

Une étude réalisée en 2019 par l'Alliance des Nations Unies pour la mode durable a révélé que la mode était le deuxième plus grand consommateur d'eau et était responsable de 8 à 10% des émissions mondiales de carbone

Article rédigé par franceinfo Culture avec AFP
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 4min
Dès la réouverture des magasins d'habillement, les consommateurs se sont précipités dans les boutiques en mai 2020  (ARIE BOTBOL / HANS LUCAS)

Les géants de la mode peinent à honorer leurs engagements écoresponsables, selon un rapport publié le 22 mars par le site spécialisé Business of Fashion qui déplore l'écart entre les discours et les faits. "Avec moins de 10 ans pour atteindre les objectifs mondiaux en matière de climat et de développement durable, le temps presse et il ne suffit plus de déclarer simplement une ambition de changement", stipule l'étude.

"L'indice du développement durable" étudiés pour quinze groupes

L'étude, qui a été rédigée par un groupe d'experts internationaux indépendants, établit "l'indice du développement durable" pour quinze groupes : cinq dans le secteur du luxe parmi lesquelles Kering et LVMH, cinq enseignes de grande distribution (H&M, Levi Strauss, Gap...) et cinq dans le sportswear dont Nike et Adidas.

Ce rapport est le premier d'une série d'analyses basées sur "l'indice de durabilité" que Business of Fashion (BoF) publiera dans la perspective de la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques qui aura lieu à Glasgow, en novembre 2021.

Les groupes sont évalués dans six domaines : la transparence, les émissions de Co2, l'utilisation de l'eau et des produits chimiques, les matériaux, les droits des travailleurs et les déchets. Aucune entreprise n'obtient plus de 50 sur 100 dans ce classement, la holding suisse Richemont (Chloé, Ralph Lauren..), la société japonaise Fast Retailing (Uniqlo, Princesse Tam Tam...) et le groupe américain Under Armour ayant obtenu des scores inférieurs à 25. Sollicités par l'AFP, Richemont (avec la note de 14 sur 100) et Under Armour (9) n'ont pas répondu. Les meilleurs élèves sont Kering (Gucci, Saint Laurent...) et Nike, qui ont obtenu respectivement 49 et 47.

"Parmi les plus grandes entreprises de la mode, beaucoup ne savent toujours pas ou ne divulguent pas d'où viennent leurs produits, et plus on descend dans la chaîne d'approvisionnement, plus les choses deviennent opaques", indique le rapport. "Cela ouvre la voie à l'exploitation et aux violations des droits humains et crée des difficultés pour mesurer l'impact environnemental de l'industrie."

"Les entreprises parlent plus de l'économie circulaire qu'elles ne l'adoptent"

Une étude réalisée en 2019 par l'Alliance des Nations Unies pour la mode durable a révélé que la mode était le deuxième plus grand consommateur d'eau et était responsable de 8 à 10% des émissions mondiales de carbone "plus que tous les vols internationaux et le transport maritime réunis".

De nombreuses entreprises ont déclaré leurs objectifs de réduire leurs émissions, mais communiquent peu sur la façon dont elles procèdent. Richemont, Under Armour et LVMH n'ont de leur côté pas fixé d'objectifs dans ce domaine, selon le rapport.

Moins de la moitié des entreprises se sont fixé des objectifs de réduction de la consommation d'eau et de l'utilisation de produits chimiques dangereux, et seulement quatre ont un objectif limité dans le temps pour remplacer le polyester, matière synthétique dérivée du pétrole, par des alternatives recyclées.

Les pires résultats s'affichent dans le domaine des déchets, selon le rapport qui cite une étude récente de la Fondation Ellen MacArthur selon laquelle 40 millions de tonnes de textiles sont envoyées dans des décharges ou incinérées chaque année. "Les entreprises parlent plus de l'économie circulaire qu'elles ne l'adoptent", écrit le rapport du BoF.

Le bilan en termes des droits des travailleurs est également lamentable. Selon Anannya Bhattacharjee de l'Asia Floor Wage Alliance, une des autrices du rapport, la situation reste inchangée depuis plus de 10 ans. "Les engagements en faveur d'un salaire décent n'ont aucun sens si les prix d'achat ne couvrent pas le coût du salaire décent".

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