Les créateurs "Rebelles" s'invitent à Clermont-Ferrand
Ici, pièces patrimoniales et créations contemporaines se regardent, se complètent et/ou s'opposent, donnant sens à la mission première du FITE : susciter des émotions pour s'ouvrir au monde, ré-initier son libre-arbitre et s'affranchir des stéréotypes et idées reçues.
En prologue, Oiling, une oeuvre de Faig Ahmed. Contemporain, le tapis produit par cet artiste d'Azerbaïdjan s'inspire d'un héritage symboliquement chargé. Extravagant par sa forme, il bouscule l'ordre établi. Le caractère subversif du traitement et le motif perturbé suggèrent que l'expression de la rébellion résulte aussi d'une personnalité.
Faire entendre ses revendications
Dans un premier volet, Rebelles donne la parole à des groupes qui, face à la spoliation de droits et d’individus, cherchent à faire entendre leurs revendications. Afficher sa fierté, porter une cause (par le vêtement notamment) détourner des codes, s'en affranchir en sont autant de signes. Devenus indissociables d’élans humanistes, des grands hommes et des rebelles ont montré leurs résistances : Ghandi, fierté d'une indépendance indienne, a arboré le kadhi (production locale d'un coton endémique) tandis que les chemises Madiba portées par Nelson Mandela sont des symboles de la fierté d'une identité africaine libre…Des peuples ont porté sur eux leur identité, en l'affichant aux yeux de leurs semblables et de leurs oppresseurs : les Molas du Panama, les coiffes madras des Antilles, les tapas océaniens, les tapis du Tibet et berbères du Maroc… mais aussi des pièces contemporaines Maoris avec Kohai Grace illustrant des coupes et matières de vêtements cérémoniels évoluant vers la mode actuelle.
Ainsi le Français Charles Fréger, avec sa série photos Héréros, témoigne d'un génocide remémoré chaque année par les descendants d’un peuple décimé.
Une rébellion non violente
Avec ce second champ d’exploration, Rebelles apporte la preuve que l'artiste peut exprimer sa rébellion par la non-violence. En transcendant la matière, en se jouant des codes textiles, en détournant les stéréotypes, en transgressant les interdits et en repoussant les limites, il agite les consciences.Certaines installations comme Tipping point/Critical Mass ou Carpet bombs de l’Anglaise Yara el Sherbini mettent en scène un message décalé. D'autres trompent l’oeil en affichant au premier abord une esthétique classique, avant de livrer son véritable message : Toile de Jouy par l’artiste haïtien Jan Ulrick Desert, série photographique Ghosts par Ralph Ziman (Afrique du Sud), triptyque de la Franco-Marocaine Majadi Khattari ou Aimer tue d'Hassan Musa (Soudan).
S'engager individuellement
Dans un troisième temps, l’exposition s’appuie sur l'histoire de l'humanité qui témoigne que la rébellion peut se manifester sous des formes diverses. Il s'agit de s'indigner, de se révolter et de s'engager individuellement afin de s'opposer à l’ordre établi et de recouvrer une liberté de penser. Certaines pièces textiles demeurent des représentations symboliques de la rébellion : le bonnet phrygien, symbole de la Révolution Française (repris comme emblème fédérateur lors de révoltes menées sur le continent américain). D'autres regroupements collectifs tels les mouvements hippie ou punk et certains stylistes comme l’Anglaise Vivienne Westwood affichent leur hostilité pacifiste.Cette rébellion peut prendre place dans la rue, pour choquer, soutenir ou crier son indignation : comme sur les podiums lors du défilé "Don't terrorize our world" du créateur belge Walter Van Bereidonck. D'autres lutteront par le biais de supports textiles plus petits tels les mouchoirs panuelos des détenus ou les tapis de guerre afghans. La pétition textile Nike Blanket du collectif MicroRevolt (USA) dénonce l'exploitation des multinationales et exige une pratique équitable et respectueuse pour les travailleurs du domaine textile.
L'engagement d’Yves Saint Laurent (smoking féminin) ou celui de Jean-Paul Gaultier (jupe pour homme) témoignent de la place prépondérante du textile comme marqueurs du changement des mentalités sexistes.
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