Leïla Menchari, la conteuse de rêves des vitrines Hermès, est morte à 93 ans
"Elle n'a eu de cesse de susciter la curiosité, l'étonnement et l'émerveillement des passants, faisant des vitrines des théâtres foisonnants, fenêtres ouvertes sur l'ailleurs", a rappelé Hermès.
Leïla Menchari, la créatrice tunisienne célèbre pour ses décorations flamboyantes des vitrines d'Hermès, est décédée le 4 avril, a annoncé la maison française le 5 avril. Selon le quotidien français Libération, elle est morte du Covid-19.
L'artiste nonagénaire née à Tunis en 1927 et que l'écrivain Michel Tournier appelait "la reine mage" a été jusqu'en 2013 la directrice artistique des vitrines du magasin du 24, rue du Faubourg Saint-Honoré à Paris. "Elle n'a eu de cesse de susciter la curiosité, l'étonnement et l'émerveillement des passants, faisant des vitrines des théâtres foisonnants, fenêtres ouvertes sur l'ailleurs", a témoigné l'entreprise du luxe, qui a rendu hommage à une "rêveuse et conteuse hors pair".
Leïla Menchari, une conteuse de rêves
Féministe, elle est née d'un père avocat, Abderrahman Menchari et d'une mère connue pour ses conférences sur l'émancipation des femmes, Habiba Ben Djellab. Peintre formée aux Beaux-Arts de Tunis et à l'École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris, elle a été mannequin chez Guy Laroche.
"Dessinez-moi vos rêves" demande Annie Beaumel, responsable des vitrines d’Hermès, à Leïla Menchari quand elle se présente au 24, Faubourg Saint-Honoré à Paris en 1961. Au départ de la décoratrice Annie Beaumel en 1978, Leïla Menchari devient responsable de la décoration des vitrines du 24, Faubourg Saint-Honoré où elle y conjuguera ses cultures tunisienne (couleurs chaudes, matières précieuses...) et française jusqu’en 2013. Cette femme, éprise de beauté, imagine, dessine et réalise les décors des vitrines du sellier, en même temps qu’elle dirige le Comité couleurs de la soie.
Ses vitrines étaient alors semblables à de petits théâtres aux couleurs chatoyantes et aux décors inspirés en partie de son héritage tunisien, évoquant des jardins luxuriants ou encore des façades de palais orientaux. "Quand on fait un décor, il faut qu'il y ait toujours du mystère, car le mystère est un tremplin pour le rêve. Le mystère incite à combler ce qui n'est pas révélé par l'imagination", confiait-elle à franceinfo.
En 2017, une exposition au Grand Palais, "Hermès à tire-d'aile" a fait découvrir son travail à un public plus large.
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