Le photographe Douglas Kirkland revient sur sa rencontre avec Coco Chanel,
A l’été 1962, le photographe suit une icône de mode, Coco Chanel. Dans une ambiance de photoreportage, Douglas Kirkland accompagne les journées de la créatrice à Paris. Durant trois semaines, il immortalise chaque instant de la vie de la couturière et noue avec elle une complicité qui transparait dans chacune de ses images. On l’observe épinglant une veste dans ses ateliers de la rue Cambon, surveillant les essayages du coin de l’oeil en fumant une cigarette, posant hilare au milieu de mannequins. On la découvre aussi entourée de ses amis ou dans l’intimité de ses appartements privés.
Quelle est votre photo préférée de Chanel et pourquoi ?
Une de mes images préférées de Mademoiselle est la photographie que j'ai prise d'elle à Versailles. Elle avait décidé de m'y emmener parce qu'elle pensait que c'était important pour mon éducation. C'était une sortie en tête-à-tête. Il a commencé à pleuvoir et je lui ai donné mon trench Burberry. Elle l'a drapée autour de ses épaules et a continué à marcher, plongée dans ses pensées. J’ai capturé un seul et unique cliché de ce moment. Je ne savais pas alors que ce serait la dernière photo que je ferais d'elle.
Quel est 50 ans plus tard le souvenir le plus fort de cet été 62 où vous avez suivi Coco Chanel ?
L’incroyable niveau de perfectionnement que j’ai acquis à ses côtés. Son influence m’accompagne encore aujourd’hui.
Concernant la photo de Gabrielle Chanel épinglant une veste pourquoi avoir fait le focus sur la mannequin plutôt que sur la couturière ?
Le focus se porte en réalité sur les mains de Mademoiselle, qui, à mon sens sont la clé de la création. Cette photographie est l’une des plus collectionnées de cette série.
Entre photographier des couturiers et des stars, quelles sont les différences ?
Chaque personne est une star à mes yeux lorsque je la photographie.
Une vie en images
"I have a philosophy. I do not want to make negative pictures about people, and so I do everything I can to help make them feel comfortable in front of the camera. That is what is going to control your picture, because you are alone if your subject is not with you. And that’s the simple answer to getting a good picture" déclare Douglas Kirkland.Douglas Kirkland découvre la photographie au contact de ses parents, tous deux passionnés. Enfant, il s’évade à travers les images du magazine Life et parcourt les clichés qui peuplent ses pages tout en rêvant d’y collaborer un jour. A 10 ans, ses proches et sa famille lui servent de modèles. A 14 ans, il prend des photos lors de fêtes, réalise des portraits d’enfants. Jeune marié âgé de 21 ans, il s’installe à Richemond où il travaille dans un studio commercial. Fasciné par l’oeuvre d’Irving Penn, il sollicite le photographe pour devenir son assistant. En 1957, à 23 ans, il s’installe près de New-York et partage le quotidien de son mentor. A son contact, il découvre les multiples facettes du métier. Un peu plus tard, il intègre l’équipe du magazine Look et se fraye alors un chemin dans l’univers du 7e Art et de la mode.
Photographe des stars
“It’s foundamental to succeed in coming into contact with your subject. Whether it’s a big Hollywood star or a passer-by in the street, it makes no difference” déclare Douglas Kirkland.En 1961, tout juste engagé chez Look, il rencontre Elizabeth Taylor. L’actrice n’est pas apparue dans la presse depuis longtemps et refuse toute photo. Attendrie par la jeunesse et le charme du photographe, elle se laisse convaincre. Les images qui en résultent vont propulser sa carrière. La même année, il part pendant un mois sur la route avec Judy Garland et naîtra l’un de ses portraits les plus puissants, Shedding Tear. A l’automne 1961, pour célébrer les 25 ans du magazine Look, Il photographie Marilyn Monroe alanguie dans un lit, vaporeuse et angélique, dans des draps de soie blanche.
Les studios d'Hollywood le sollicitent alors pour documenter les tournages de films - de "2001, L’Odyssée de l’Espace" à "Butch Cassidy et le Kid", "Out of Africa", "Comment Voler un Million de Dollars" ou "Titanic" et "Moulin Rouge" - il révèle des moments hors-camera et immortalise les coulisses du 7e Art. Il capte tour à tour un moment décisif, un détail spectaculaire, dérobe une émotion.
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