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Le glamour des années 30 au musée du Costume de Bruxelles

Article rédigé par Corinne Jeammet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Après les tenues frivoles des années folles, place à un vêtement plus classique, élégant. Avec les années 30, la mode revient à plus de discrétion dans un luxe non ostentatoire : la robe redessine des silhouettes ultra féminines grâce à la gaine, les pièces sont sophistiquées par leurs coupes et leurs détails. A voir au musée du Costume et de la Dentelle de Bruxelles jusqu'en février 2015.

Corinne Jeammet

Fourreau Chanel fait de paillettes nacrées brodées sur tulle. Décolleté profond dans le dos, soutenu par un jeu de bretelles étroites. La jupe est formée de deux panneaux s’ouvrant sur une petite fente arrondie devant et formant une petite traîne à l’arrière. D’origine modeste, Gabrielle Chanel suit une formation de modiste avant d’ouvrir son salon en 1911. Accoutumée aux rythmes saisonniers du « beau monde » elle propose dès 1913 des vêtements simples et sportifs à Deauville. En 1915, ses robes raccourcies, portées sans corset et coupées dans le jersey font sa renommée. En 1926, Coco impose sa fameuse petite robe noire. Dans les années 1930, si ses robes épurées et pratiques ont toujours la cote, Chanel s’affirme également comme une virtuose de la robe du soir en dentelle, tulle et organdi. Elle occupe l’une des places fortes de la haute couture parisienne, à la tête de 4000 ouvrières. Elle fermera sa maison en 1939 pour la rouvrir en 1954.
 (Musée du Costume et de la Dentelle de Bruxelles)
Coincée entre le krach boursier de 1929 et le début de la deuxième guerre mondiale, la mode des années 30 est souvent méconnue. Après les années folles et sa garçonne qui s’est permis toutes les extravagances, la femme revient à plus de discrétion dans un luxe non ostentatoire, en phase avec les années de crise. Elle retrouve ses formes mises en valeur par des coupes savantes, des tissus employés de biais s’ajustant au corps. Des sous-vêtements adaptés sculptent la silhouette qui est désormais élancée. Les cheveux rallongent, ondulent et la coiffure reprend du volume. Elle est complétée par le port d’un petit chapeau posé de manière asymétrique. 
 (Corinne Jeammet)
Un modèle similaire est conservé au Metropolitan Museum de New-York et un autre au Kyoto Costume Institute. Cette robe en mousseline de soie rose poudre, recouverte d’une dentelle mécanique appliquée sur tulle de soie, lacets de velours de soie pour la fermeture et bas de la jupe renforcé par un bandeau en crin noir avec une sous robe en crêpe de Chine est en réalité une robe culotte. Huit mètres de tissus furent nécessaires pour réaliser cette prouesse. Le motif géométrique de la dentelle est disposé graduellement du corsage vers le bas la jupe. L’utilisation d’une telle gradation qui va en s’élargissant est une caractéristique des robes de Madeleine Vionnet. Elle ouvre sa propre maison en 1912 après avoir travaillé pour les soeurs Callot, puis pour Doucet. C’est à elle que l’on peut attribuer le rejet du corset et l’invention de la coupe en biais, ce qui libéra le corps de la femme tout en magnifiant ses formes. Elle créait tous ses modèles en drapant un mannequin articulé en bois. Vionnet s’impliqua particulièrement dans la lutte contre les copies, qu’elle considérait comme du vol et du plagiat servile. 
 (Musée du Costume et de la Dentelle de Bruxelles)
Le code vestimentaire féminin est compliqué et sa complexité va croissante avec l’échelle sociale. La mondaine, riche et oisive, choisit ses tenues en fonction des moments de la journée et de ses occupations. La liste des toilettes est longue et il est parfois compliqué d’en dresser une typologie exacte : robe d’intérieur, robe du matin, tailleur de jour ou de soir, robe de déjeuner, robe d’après-midi, robe de garden-party, robe de gala, de casino, de bal, de petit soir, de grand soir… Quelque soit leur condition, les femmes rêvent de s’habiller comme Marlène Dietrich, Greta Garbo ou Jean Harlow, ces stars du cinéma d’Hollywood qui portent des robes à couper le souffle. Glamour et sophistication deviennent les maîtres mots de la décennie.
 (Corinne Jeammet)
Velours de soie côtelé bleu roi. Coupe asymétrique faite d’incrustations de pans taillés en biais. Petites manches papillon, décolleté bénitier, ceinture incrustée formant un noeud sur la hanche gauche. Garniture de strass maintenant un noeud sur l’épaule droite. Jupe en forme. Petite cape courte, bordée d’un rucher de même tissu. Le velours, solide, confortable et d’un effet luxueux, qu’il soit en soie, en coton ou en rayonne est une étoffe très prisée. La maison Hirsch est fondée en 1869 par Léo Hirsch et son épouse Johanna Freudenberg. Elle est spécialisée dans le commerce de luxe pour dames et enfants : Nouveautés-Gros détail. Soieries, velours, lainages, draperies, costumes, confections, fourrures, châles. On y trouve aussi de la lingerie, des parfums et des chapeaux. La maison employait 300 personnes en 1947 : deux tiers assuraient la fabrication des marchandises dans les ateliers et un tiers s’occupait de la vente. Elle ferme en 1962.
 (Musée du Costume et de la Dentelle de Bruxelles)
Taffetas de soie rose poudre. Longue robe en forme taillée de biais décolletés en pointe devant et derrière, bordés de dentelle mécanique crème. Épaules couvertes par un petit volant bordé de même. Travail de points clairs disposés en losange sur le devant et chiffres brodés sur le sein gauche MR. Les différents panneaux constituant la jupe sont assemblés aux points clairs. Ceinture à nouer assortie.
 (Musée du Costume et de la Dentelle de Bruxelles)
Afin de se familiariser avec la mode de l’époque, des manipulations permettent aux enfants de découvrir les motifs Art Déco, la coupe en biais et l’assemblage des robes glamour. Sans oublier un espace pour colorier, bouquiner ou se déguiser en tenue d’enfant modèle des années ’30. 
 (Musée du Costume et de la Dentelle de Bruxelles)
Musée du Costume et de la Dentelle. Rue de la Violette 12. 1000 Bruxelles. Du mardi au dimanche de 10h à 17h. Fermé le lundi. www.museeducostumeetdeladentelle.be
 (Corinne Jeammet)

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