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La mode fait lentement son retour dans les galeries et les musées : voici le programme des expositions à Paris et en régions

A Paris et en régions, des galeries et des musées ont déjà rouvert leurs portes en mai et d'autres en juin. Mais les grandes expositions d'envergure attendront septembre.

Article rédigé par Corinne Jeammet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 12min
Sneaker dont la tige est réalisée à partir de cellulose produite par la bactérie k.rhaeticus, Bleu de travail Lafont (2019) en coton moleskine, exposition Sophie Hong (@Jen Keane, This is grown, 2018/Mucem - Marianne Kuhn. Sophie Hong)

A part Azzedine Alaïa collectionneur. Alaïa et Balenciaga. Sculpteurs de la forme, les grandes expositions parisiennes ne seront de retour qu'à la rentrée de septembre. D'autres, plus petites, ont déjà rouvert leurs portes ou vont le faire très prochainement.

Revue de détails de ces manifestations à découvrir à Paris et en région. A noter que les sites internet des musées et galeries détaillent les mesures sanitaires mises en place pour leur réouverture.

A Paris

Depuis mai. L'un des événements d'envergure du déconfinement a été la réouverture le 20 mai de l'exposition Azzedine Alaïa collectionneur. Alaïa et Balenciaga. Sculpteurs de la forme à l'Association Azzedine Alaïa, siège de la maison de couture parisienne du créateur tunisien. Elle invite à découvrir en 80 modèles les créations intemporelles de ces deux maîtres de la coupe. Deux couturiers hermétiques aux effets de tendance et n’ayant jamais eu peur de refuser les systèmes liés à la médiatisation. Alors que leurs modèles ont été créés à plusieurs années d'intervalle, la similitude de travail reste bluffante : même amour des coupes épurées, similarité de la palette chromatique...

Photo de l'exposition "Azzedine Alaïa et Balenciaga, sculpteurs de la forme". (STEPHANE AÏT OUARAB)

Depuis le 15 mai, le concept-store Merci accueille une exposition intitulée Dip Dye. Raviver un tissu, illuminer une étoffe... synonyme de savoir-faire et d’artisanat, la teinture a traversé les époques. Du Batik millénaire au Tie and Dye seventies, elle se caractérise par ses usages multiples et ses effets illimités. Les différentes techniques de teinture sont, ici, mises en scène : indigo, dégradé de couleurs, couleurs végétales et pigments organiques pour une alternative respectueuse de l'environnement. Et pour l'exposition, la teinture se décline à travers une sélection de marques inspirantes : les pièces Tie and Dye de Raquel Allegra, tandis que Minorquines ou Momoni côtoient le Batik de Vinster....

Exposition "Dip Dye"  au concept-store parisien Merci (Courtesy of Merci)

Courant juin. Beaucoup d'institutions reprennent progressivement leurs activités. C'est le cas du Musée des Arts Décoratifs qui, à partir du 23 juin, rouvre son exposition temporaire Harper’s Bazaar. Premier magazine de mode, prolongée jusqu'au 4 janvier 2021. Elle devait à l'origine se terminer en juillet. Cette rétrospective, consacrée au magazine de mode américain Harper’s Bazaar, retrace les moments forts de cette revue mythique et son évolution depuis 150 ans en mettant l’accent sur les personnalités qui l’ont façonnée ainsi que sur les couturiers qu’elle a accompagnés. Soixante créations couture et prêt-à-porter sont présentées ici. Ces tenues font face à des couvertures, des doubles pages et des clichés photographiques signés des plus grands photographes, parus dans la revue Harper's Bazaar.

La Joyce Gallery, installée au Palais Royal, prolonge jusqu'au 10 juin l'exposition 800 km Max consacrée au Village des Créateurs, label de marques émergentes de la région de Lyon. Le VDC a sélectionné 10 marques de la région Auvergne Rhône-Alpes, toutes répondant aux critères fixés : une fabrication de leur produit à distance raisonnée, un lieu de production à 800 km max de Lyon. Ces marques ont choisi de travailler avec les ateliers experts d’un savoir-faire, qu’ils soient à Lyon, en Région Auvergne Rhône-Alpes, en Bretagne, à Paris, en Lombardie, en Normandie… 

Puis la programmation à la Joyce Gallery se poursuivra à partir du 17 juin et jusqu'au 11 juillet avec le pop-up store de Natalie Lacroix. Cette experte du monde de la mode et du lifestyle, qui déniche des talents prometteurs, y réunira des marques de joaillerie et de mode : Boks & Baum, Héloise & Abélard Jewelry, Isabelle Michel, Olive Pepper, Anne Loustau, Be Parisian, Kyomai et Ma Petite Plage... 


Le 16 juin, le public pourra de nouveau accéder au Palais de la Dorée et à l’exposition "Christian Louboutin. L’Exhibition[niste]" consacrée au créateur de souliers et figure du monde de la mode. L'exposition est prolongée jusqu'au 4 janvier 2021. Ses trente ans de création sont parcourus via les facettes d’une inspiration aux multiples références, dans un lieu qui est cher au créateur et qui a vu naître sa vocation. Ces souliers, dont certains jamais exposés, sont présentés aux côtés de collaborations exclusives et de projets inédits avec des artistes qui lui sont chers.

Exposition "Christian Louboutin. L’Exhibition[niste]" au Palais de la Porte Dorée : la salle aux vitraux. Février 2020 (MARC DOMAGE)


A partir de septembre. D'importantes expositions sont déjà reprogrammées pour la rentrée. C'est le cas de Man Ray et la mode au musée du Luxembourg (du 23 septembre au 17 janvier). En attendant sont disponibles des témoignages d'admirateurs de l'oeuvre de Man Ray, qui travaillent dans l'univers de la mode et expliquent pourquoi ils accordent une telle importance à ses créations. A découvrir aussi des personnalités du monde de l’art, de la photographie et de la mode qui parlent de leur rapport à cet artiste, l’influence qu’il a exercé sur eux, ce qu’il éveille, révèle encore aujourd’hui. L'exposition Jean Vendome. Artiste Joaillier à l'Ecole des Arts Joailliers est prévue du 8 octobre au 18 décembre. L’entrée gratuite se fera sur réservation préalable sur le site de L’École des Arts Joailliers. L'exposition Pierres Précieuses à la Grande Galerie de l’Évolution du Muséum national d'Histoire naturelle, en partenariat avec Van Cleef & Arpels, voit son ouverture décalée au 16 septembre (jusqu'au 14 juin 2021). 

En régions

Depuis le 13 mai. Le Musée de la Chemiserie et de l'Elégance masculine d'Argenton-sur-Creuse a rouvert avec l'exposition De la fleur au tissu, le coton et la mode masculine qui y est présentée jusqu'au 6 décembre. Le coton, introduit en Europe dès le 16e siècle, a bouleversé les habitudes vestimentaires. C'est aujourd’hui la fibre la plus utilisée dans l’industrie textile. Issu du cotonnier Gossypium de la famille des Malvacées, l'arbuste pousse dans des régions chaudes et humides. Si aux États Unis, sa production est mécanisée, sur le continent africain la cueillette se fait à la main. Mais c’est le continent asiatique qui est le 1er producteur de coton au monde avec 6 millions de tonnes annuelles produites par la Chine, devant l’Inde. L’exposition met l’accent sur l’histoire de cette fibre textile, sa production, son commerce, ses techniques d’impression et de tissage. Les collections d’hier et d’aujourd’hui illustrent la forte présence du coton dans le vêtement masculin et en particulier dans la chemise masculine, des créateurs de mode aux grands chemisiers parisiens.

Depuis le 13 mai (et jusqu'au 14 juin). D'autres expositions sont prolongées. Ainsi le Musée de la Chemiserie et de l'Elégance masculine présente aussi 45 oeuvres d’artistes européens, retenues dans la cadre du concours Keep Your Eye on the Planet, organisé par l’association Initiative germano-afghane (la DAI). Le défi consistait pour les artistes à inclure un oeil brodé par les femmes afghanes dans une composition textile. Les aspects écologiques ont été traités par de nombreux artistes, en particulier la mer, l’extinction de la faune ou le monde végétal mais aussi les déchets et leurs conséquences écologiques. Aujourd’hui, 200 femmes de trois villages du nord et de l’ouest de l’Afghanistan, réalisent à la main des pièces uniques vendues par la DAI en Europe. Avec leurs revenus, ces brodeuses aident à améliorer la situation financière de leur famille voire même à garantir leur indépendance. 

Même topo pour Sophie Hong : Des feuilles du mûrier le temps fait des robes de soie. L'exposition, qui se tient à la Piscine à Roubaix, redémarre le 9 juin jusqu’en septembre. La Piscine renoue avec ses racines textiles en mettant à l’honneur cette créatrice singulière - peintre, céramiste, designer, éditrice – qui vit entre Taïwan et Paris. La styliste taïwanaise développe très jeune une passion pour les vêtements et l’art. Son travail mêle l’élégance et la pureté de la tradition des costumes chinois et la contemporanéité de ses recherches sur la relation de l’Homme à la matière, à la fonction du vêtement et à la nature.

Exposition "Sophie Hong : Des feuilles du mûrier le temps fait des robes de soie" à la Piscine de Roubaix (Sophie Hong)

Courant juin. L'ouverture de l'exposition "Playground, le design de sneakers" au Musée des arts décoratifs et du design de Bordeaux (madd-bordeaux) est prévue pour le 20 juin et la date de fin est prolongée jusqu'au 10 janvier 2021. Baskets, tennis ou sneakers... elles ont marqué notre façon de vivre et de nous habiller depuis le début du XXe siècle. Portées par des millions de personnes à travers le monde, les sneakers sont devenues, en quelques décennies, un objet de consommation de masse qui transcende le genre, l’âge et les milieux socio-culturels. Comment une simple chaussure de sport quitte-t-elle les terrains pour s’imposer comme un véritable accessoire de mode et générer une rivalité industrielle aux enjeux économiques colossaux ? Avec 400 paires, des films, des documents d’archives, des photos et des témoignages, l’exposition retrace l’évolution de cette industrie et présentera la sneaker dans toutes ses dimensions culturelles.

Expsoition "Playground, le design de sneakers" au madd-bordeaux ! modèèle Martin Sallières, projet Shoelab, 2018 (Martin Sallières)

A partir du 29 juin, le Mucem Fort Saint Jean à Marseille accueille Vêtements modèles. Du débardeur au jogging en passant par le bleu de travail, le kilt et l’espadrille, l’exposition suit le parcours de cinq pièces qui ont traversé le temps et les modes. Comment le débardeur ou le bleu de travail, conçus pour habiller des métiers, se sont-ils imposés comme des sources d’inspiration ou comme des basiques de l’industrie de la mode ? Pourquoi le kilt et l’espadrille, associés à des géographies précises, ont-ils connu une diffusion mondiale jusqu'à être adoptés dans le vestiaire courant ? Quels chemins le jogging emprunte-t-il pour s’affranchir de l’usage sportif et devenir l’un des emblèmes de la culture urbaine ? À l’heure où l’on s’interroge sur la notion de durabilité, ces vêtements permettent de mettre en lumière les notions d’artisanat et de patrimoine vivant et d’évoquer les enjeux de conservation et de sauvegarde qui les accompagnent. 200 pièces sont présentées en dialogue avec des dessins, estampes, photographies, films, clips et archives.

Enfin, il faudra attendre le 15 juillet pour visiter la Cité de la dentelle et de la mode de Calais.

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