L'extraordinaire garde-robe de Dalida s'expose au Musée de la mode à Paris
Une exposition consacrée aux tenues de Dalida ouvre ses portes au Musée de la mode à Paris. Durant les 30 années de sa carrière, le style de la chanteuse a beaucoup évolué au gré de ses humeurs, de ses tragédies mais aussi de la mode et des codes du show-biz.
De Dalida, on gardera le souvenir de ses chansons mais aussi de ses tenues de scène. À Paris, le Palais Galliera rend hommage à l'artiste populaire, disparue il y a 30 ans, avec l'exposition "Dalida, une garde-robe de la ville à la scène", du 27 avril au 14 août 2017.
Le Musée de la mode a reçu, en donation, plus de 200 tenues et accessoires cédés par le frère de Dalida, Orlando. Ce dernier a tout gardé pendant 30 ans. Derrière les strass et les paillettes, l'exposition est une véritable rencontre, émouvante avec Dalida. C'est le cas avec cette robe velours rouge, comme des rideaux de scène, qu'elle portait pour son premier récital à Bobino. Elle a alors 25 ans. "C'est une robe bustier qui met en avant l'anatomie de la miss Égypte qu'elle avait été quelques années auparavant, indique Sandrine Tinturier, la commissaire de l'exposition.
"Je l'appelle 'la robe étalon' puisqu'elle la porte en 1981 au moment où on lui remet, sur la scène de l'Olympia, un disque de diamant qui est le premier disque de diamant remis à une artiste, poursuit Sandrine Tinturier. Donc elle rentre encore dedans. Cette robe veut dire que les contours de sa silhouette n'ont pas changé."
Cette exposition parle beaucoup du rapport à l'image, au vieillissement, d'une femme. De son rapport aussi au public et de la représentation sur scène d'une chanteuse au cours d'une carrière de 30 ans.
Sandrine Tinturier, commissaire de l'expositionà franceinfo
De la noblesse antique au disco
Au début de la carrière de Dalida, les tenues sont gaies. À partir de 1967, la chanteuse devient plus grave. Elle perd son premier amour, le chanteur italien Luigi Tenco qui se suicide. Ses robes deviennent longues, blanches ou noires. "C'est une manière de sortir du lot et d'assumer aussi l'image qu'elle a, à ce moment-là, auprès du public", décrypte Bertrand Dicale, spécialiste de la chanson française à franceinfo. À l'époque, Dalida fait les gros titres pendant des mois. "Elle réapparaît sur scène dans des robes noires, droites, longues, des robes avec une espèce de noblesse antique", raconte Bertrand Dicale.
Elle assume qu'elle est un personnage de tragédie grecque mais en même temps elle rompt totalement avec l'imagerie des variétés grand public héritées des années Yéyé.
Bertrand Dicale, journalisteà franceinfo
Puis Dalida passe au disco et à la danse. Les tenues suivent comme avec cette robe argentée présentée dans l'exposition. "Quand on a l'image de Dalida imprimée sur notre rétine, c'est sans doute cette robe, indique Sandrine Tinturier. Une robe bustier très près du corps. Les jupes se parent de fentes. Les robes sans manches deviennent des robes à bretelles pour finir par être des robes bustier. On est dans les années 70, au summum des shows des Carpentier, avec plusieurs caméras sur le plateau donc le costume doit être plus scintillant. C'est l'amorce du show des années suivantes."
Adieu la haute couture !
À l'entrée des années 80, pour assurer parfois plus de deux heures de show, adieu la haute couture ! Les robes deviennent des "costumes avec des plumes, avec du strass, avec un certain look pour les spectacles télévisés et autre", explique Robert Carsen, le scénographe de l'exposition. Il a "tout de suite" pensé à la couleur or pour l'exposition. Il a également décidé de mettre en scène les tenues avec les disques d'or de la chanteuse. L'idée lui et venue lorsqu'il a rendu visite à Orlando "pour regarder les choses qui étaient chez lui. J'ai été très frappé par ces disques d'or. Je voyais de toute façon ces disques en mouvement", dit-il.
J'ai fait sept disques d'or avec entre une et six robes dessus, qui tournent sur sept de ses plus grands succès avec les dates : "Gigi L'amoroso" en 1974 ou encore "Laissez-moi danser (Monday, Tuesday)" en 1979.
Robert Carsen, scénographe de l'expositionà franceinfo
Derrière les ultimes costumes exubérants, Dalida reste touchante mais elle installe aussi sa légende. "Elle sait qu'elle est devenue légendaire. Donc elle apporte toujours des variations sur son personnage, explique Bertrand Dicale. Elle va avoir des tenues à la ville qui ne sont plus ses tenues de scène. Elle va avoir sur scène des costumes totalement extravagants".
Pour le journaliste, le "moment décisif" de la vie de Dalida est lorsqu'elle joue dans Le Sixième Jour de Youssef Chahine en 1986 : "Elle ose quelque chose que n'osent pas les icones de la culture populaire, elle apparaît en pauvresse, sans maquillage, vêtue comme une pauvre femme des rues, ce que jamais Bardot, Gréco, Barbara ou Sheila n'auraient osé", estime Bertrand Dicale. "Son suicide à 54 ans va interrompre ce mouvement-là, celui où elle devient réellement une artiste complète et n'a plus besoin de sa garde-robe pour construire son image", conclut-il.
Le costume du film est visible dans l'exposition du Palais Galliera à Paris, tout comme d'autres tenues plus personnelles. Un ensemble rose, par exemple, qu'elle porte en 1981 aux côtés du nouveau président, François Mitterrand.
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