"Just married" : deux siècles de mode nuptiale à Bruxelles
"En rappelant la teneur du Code civil, en faisant parler des objets - du missel au bouquet, du gâteau au livret de mariage -, cette exposition évoque l’évolution des moeurs, des coutumes et des lois" explique Karine Lalieux, Echevine de la Culture de la Ville de Bruxelles.
Somptueuse ou simple, la robe de mariée fascine car elle porte en elle l’émotion d’un rite de passage et véhicule une charge symbolique importante. Les robes exposées déroulent deux siècles de développements esthétiques de la mode nuptiale. Elles entrent en dialogue avec des objets, des documents et des témoignages qui nourrissent le propos du mariage et son évolution. Cette histoire croise celle du couple, de la famille et des mentalités.
Ce panorama de la mode nuptiale mêle des robes cousues par des anonymes à des modèles de couturiers : Natan, Yves Saint Laurent, Pierre Balmain, Gérald Watelet et Anne Demeulemeester… Les modèles proviennent des collections du musée du Costume et de la Dentelle à l’exception de deux robes : celle de Julie Taton, qui s’est mariée en 2014 à l’Hôtel de Ville de Bruxelles, dans une robe au haut réalisé en dentelle mécanique et pourvue d’un vertigineux décolleté dans le dos. La seconde est proposée par le couturier Jean-Paul Gaultier.
50 nuances de blanc
L’Église encourage le blanc, symbole de virginité. En l’adoptant pour leurs mariages, la reine Victoria d’Angleterre (1840) et l’impératrice de France Eugénie (1852) en fixent l’usage qui se répand ; vite dans les milieux aisés et dans les villes, plus lentement dans les autres classes sociales et les campagnes. Même si la libération des moeurs a modifié le sens premier du mariage, la tradition du blanc résiste.Pour l'homme, l’étiquette prescrit depuis 150 ans la jaquette, l’uniforme militaire ou l’habit auxquels s’ajoute le costume à partir des années 1950. La sobriété de ces tenues contribue à mettre en valeur l’épousée. Mais l’homme d’aujourd‘hui s’essaie quelque fois à la fantaisie, voire même à l’originalité.
Symbole de chasteté, le voile couvre la tête et parfois la poitrine. À la période romantique, il consiste en une longue dentelle retenue dans les cheveux par des fleurs. À la fin du 19e siècle, les revues de mode recommandent de se parer d’une antique dentelle familiale. La plupart des voiles sont de tulle blanc et leur longueur suit la mode.
Une histoire de mode
Longtemps, la tenue de la mariée est une déclinaison de la robe du soir dont elle adopte les caractéristiques de coupe. Elle suit la mode, en se distinguant par sa couleur, sa traîne, son voile. Dans les années 1970, la robe de mariée s’affranchit des modes pour devenir un genre en soi.Habituellement, les défilés de haute couture se terminent par une robe de mariée. À partir des années 1970, elle incarne la créativité libérée du styliste, parfois débridée, parfois porteuse d’humour, ultra sexy....
La robe nuptiale est colorée de mille teintes avant que le 19e siècle ne la rende blanche. Certaines mariées choisissent le noir pour pouvoir réutiliser leur robe après, d’autres en signe de deuil. Passée la Grande Guerre, le noir cède le pas aux demi-teintes, telles les gris, les beiges et les violets. Ces tonalités étaient conseillées pour les remariages et pour les mariées d’âge mûr. Aujourd’hui se marie en blanc qui veut et en couleur celle qui le désire.
Jusque dans les années 1950, le contrat de mariage stipule le montant de la dot. Cet apport permet à l’épouse, exclue du monde du travail, de participer aux besoins du ménage. Le trousseau fait partie de la dot. Il comprend le linge de la mariée et celui de la maison. Quant au fiancé, il envoie à sa promise une corbeille pour une somme correspondant à 5 % de la dot. Cet usage se perd au cours du 20e siècle. Les cadeaux des proches contribuent à l’installation du jeune ménage, comme en témoigne encore aujourd’hui la liste de mariage.
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