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Hugo Matha, le créateur qui transforme le sac en objet de design

A contre sens des tendances éphémères, le créateur-designer Hugo Matha pense chaque sac comme une création unique, presque une œuvre d'art. Il a déjà séduit les femmes avec ses sacs en bois, en plexiglas et en fil de métal, il propose, dès l'automne prochain, une ligne masculine. Rencontre avec un jeune homme amoureux des matières rigides, de l'artisanat et des savoir-faire made in France.
Article rédigé par Corinne Jeammet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Le créateur de maroquinerie Hugo Matha pose avec sa grand malle en fil de métal bleu, janvier 2016 à Paris
 (Corinne Jeammet)

Ayant appris les valeurs du labeur manuel auprès de ses parents vignerons, Hugo Matha part à 18 ans à Shanghai pour élaborer et produire une collection à la demande d'une industrielle. Il restera près d'un an en Chine. A son retour, ce sera l'école Duperré à Paris. Parallèlement, il travaille avec Olivier Chatenet et Dominique de Roche sur l'exposition "Crazy about Yves". C'est avec Jean Charles de Castelbajac qu'il parfait sa connaissance du métier. En 2014, il lance sa marque.

Le créateur de maroquinerie Hugo Matha pose avec une pochette en croco de sa collection masculine, janvier 2016
 (Corinne Jeammet)
Chaque pièce féminine est pensée comme une création unique, synonyme de luxe, qui oscille entre fonctionnalité et objet de design. Les matériaux, nobles, peuvent être traditionnels – en cuir d'agneau, de croco, d'iguane, exotiques- mais aussi plus singuliers comme le plexiglas, le noyer et autres bois… Le jeune homme jongle avec les matières et les couleurs pour une collection printemps-été 2016 d'une vingtaine de pièces allant de 600 à 7000 euros.
Hugo Matha, collection féminine été 2016, sac panier avec pochette en cuir à clipser à l'intérieur
 (Hugo Matha)
Vous utilisez du plexiglas, du bois et du métal, ce sont des matériaux employés plutôt dans le design. Pourquoi les avez-vous choisis ?
"Ce que j'aime, c'est, par exemple, que le sac féminin en bois va se patiner avec la main. Avec l'idée d'une patine différente selon chaque l'utilisatrice. Le bois va vieillir. C’est un matériau qui vit, qui casse facilement, qui se rétracte ou se dilate selon qu’il est plus sec ou plus humide. Choisir le bois est donc problématique ! D'une façon générale, je suis inspiré par l'architecture. J'aime ce coté rigide entre l'objet et l'accessoire de mode. L'accessoire devient un objet à part entière qui peut se transformer en objet de design une fois négligemment posé sur une table".
Hugo Matha, collection féminine été 2016, sac en cuir et bois
 (Hugo Matha)
Un sac en plexiglas transparent alors que la femme aime cacher ses trésors, vous êtes un rien facétieux ?
"Le sac d'une femme est un secret. Il est, donc, intéressant de voir comment jouer avec cette transparence. Tout comme pour le modèle, Rita, le panier objet de désir des années 70. Ce dernier est équipé de pochettes intérieures qui se clipsent avec un anneau".
Hugo Matha, collection féminine été 2016, sac en plexiglas et cuir argent
 (Hugo Matha)
Des indiscrétions sur la prochaine collection féminine ?
"Des sacs plus souples pour une ligne où sera introduite le travail de métiers d'art comme la marqueterie et la mosaïque".

Votre passion des matériaux se retrouve chez l'homme. Comment avez-vous apporté cette masculinité à la collection ? 
"Alors que je ne pensais pas être fait pour réaliser une collection masculine, je suis, au final, très excité par ce projet. Cette collection s'affirme fortement masculine avec ses gros cuirs dont les coutures, main, sont réalisées avec des points larges. La palette de couleurs utilise du Camel, du vert sapin et du noir. Les matériaux sont plus masculins : de la pierre –du grès, de l'ardoise cuivrée, de la pierre de l'Aveyron- et du cuir rigide. 6 modèles sont déclinés en cuir de veau. J'utilise du veau noir pour faire ressortir l'éclat des pierres. Le croco en dorsale apporte lui aussi une touche masculine car c'est une matière plus agressive avec ses écailles" indique-t-il avant d'ajouter : "J'envisage aussi de développer une ligne de porte-documents pour répondre aux besoins des architectes et des artistes".
Hugo Matha, collection masculine hiver 2016-17, pochette en cuir recouverte de pierre
 (Corinne Jeammet)
La collection comprend le sac de week-end, celui de jour, des pochettes, des porte-documents de voyage et une malle en fil de fer galvanisé, dont la gamme de prix s'échelonne de 280 à 1750 euros. Une collection que les femmes pourront piquer à ses messieurs!
Hugo Matha, collection masculine hiver 2016-17  le sac en cuir pour le week-end décliné en vert sapin et Camel
 (Corinne Jeammet)
L'artisanat rime-t-il avec made in France ?
Hugo Matha affectionne la pure tradition de l'artisanat français et les matières les plus nobles. "Les cuirs masculins proviennent d'Italie, ceux de la maroquinerie féminine sont issus de tanneries hexagonales et travaillés dans mon atelier de montage d'Aveyron. Le bois vient de France".

"Travailler la matière, trouver des innovations techniques me passionne. Il a fallu trouver des lames spécifiques pour couper la pierre et obtenir la finesse souhaitée pour réaliser les pochettes. Cela a été un challenge pour les artisans ce travail de la pierre. Il fallait, en effet, aussi trouver une solution pour apporter de la légèreté à la pierre" explique-t-il.

Quels sont les trois mots pour qualifier votre travail ?
"Pérenne, la matière brute, l'objet design".

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