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Grand magasin généraliste hier, La Samaritaine se réinvente en temple du luxe et du streetwear

L'un des plus anciens magasins de la capitale, fermé depuis 2005, rouvre ses portes. 

Article rédigé par Corinne Jeammet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
La Samaritaine à Paris, département mode femme, en mai 2021 (Matthieu Salvaing)

Joyaux de l'Art nouveau et de l'Art déco, La Samaritaine a été fermée en 2005 pour des raisons de sécurité liées à sa vétusté. Le groupe LVMH a lancé la restauration des édifices Art nouveau et Art déco d’origine auxquels ont été adjoint, côté rue de Rivoli, une construction moderne. L'ex-grand magasin d'hier s'est transformé en un temple de la mode dédié au luxe et au streetwear qui devrait séduire vip, riches clientes, fashionistas et nouvelles générations. Visite.

Hier magasin de quartier 

En 1870, Ernest Cognacq installe avec sa femme Marie-Louise Jaÿ son échoppe, puis ils s’étendent petit à petit dans les boutiques mitoyennes. En 1910 est inauguré un bâtiment Art nouveau signé Frantz Jourdain auquel vient s’ajouter en 1928 un édifice Art déco conçu par Henri Sauvage. En 1930, la "Samar" comme l’appellent les Parisiens devient le lieu où l’on vient acheter les robes à la dernière mode ou flâner et être vu. Avant sa fermeture en 2005, on trouve de tout à La Samaritaine, du bricolage, de mobilier et de la mode !

Le bâtiment Pont-Neuf : un temple du luxe pour fashionistas

Le magasin, qui occupe 20.000 m² (contre 30.000 m² au moment de sa fermeture), est géré par DFS, groupe de distribution sélective propriété de LVMH, avec sa hotte 600 marques de luxe mêlant mode, art de vivre et gastronomie. 

La restauration du magasin du Pont-Neuf a magnifié le lieu dont se dégage un charme incontestable. Il regroupe du premier au quatrième étage la fine fleur de ce qui fait la mode aujourd’hui : accessoires, mode femme et homme, horlogerie et joaillerie, souliers femme. On y découvre les incontournables du luxe, les créateurs qui défilent dans les Fashion Weeks, les designers émergents, les marques françaises accessibles et celles plus confidentielles qui séduisent les fashionistas. Un temple du luxe qui offre à ses clientes la possibilité de faire appel à des personal stylists pour les accompagner pendant leurs emplettes. Au sous-sol, tout l'univers de la beauté.

Bâtiment Pont Neuf de La Samaritaine, le département accessoires femme, en juin 2021 (STÉPHANE ABOUDARAM | WE ARE CO)

Le bâtiment Rivoli : une offre streetwear pour les nouvelles générations

Outre le magasin côté Pont-Neuf, la proposition mode se poursuit une fois la passerelle vitrée franchie, de l'autre côté dans le magasin Rivoli. Cette nouvelle construction moderne est signée de l’agence d’architecture japonaise Sanaa. Ici changement d'atmosphère, la clarté est toujours présente grâce aux nouveaux patios qui font office de puits de lumière mais l'ambiance est moins chaleureuse. On observe aussi l'envers du décor, c'est-à-dire la nouvelle façade ondulante en verre que l'on voit de la rue de Rivoli : de l'intérieur, c'est beaucoup moins impressionnant que depuis la rue.

Pour l'architecte en chef des monuments historiques, qui vient de faire avec moi une partie de la visite, cette façade se justifie d’un point de vue patrimonial car "Ernest Cognacq a toujours voulu être dans le goût du temps". Pour Jean-François Lagneau, cela aurait été une erreur "de restaurer les façades de la rue de Rivoli de la fin du 19e. Il fallait mieux faire une façade contemporaine avec des matériaux actuels. Le patrimoine doit laisser place à l’évolution. En tant qu’architecte, on souhaite préparer l’avenir".

La Samaritaine, l'offre mode (espace Comme des garçons) côté Rue de Rivoli, juin 2021 (STÉPHANE ABOUDARAM | WE ARE CO)

Ce bâtiment moderne au style industriel propose une offre mode plus urbaine et sportswear que le premier bâtiment. Au premier étage le streetwear et l'outdoor, au rez-de-chaussée les "advanced designer". Dans un décor avec murs bruts, vis apparentes, plots façon chantier et statues antiques jouant les mannequins, les portants multimarques, les éditions limitées, les espaces éphémères et les ateliers de personnalisation ponctuent l'espace qui va se renouveler fréquemment. On est loin du charme dégagé par le bâtiment Pont-Neuf !

Bâtiment Rivoli de la Samaritaine consacré au streetwear, juin 2021 (STÉPHANE ABOUDARAM | WE ARE CO)

La culture street de la jeune garde 

Outre la proposition mode, dans l’idée de ces collectifs d’artistes qui actuellement se multiplient, La Samaritaine a crée la Factory : un espace évolutif qui met à l’honneur la jeune scène créative. Ici côté Rivoli, les grands murs en béton - courant du rez-de-chaussée au premier étage - sont des toiles vierges pour que des artistes invités y réalisent des œuvres in situ. 

Bâtiment Rivoli de La Samaritaine consacré au streetwear, juin 2021 (STÉPHANE ABOUDARAM | WE ARE CO)

A l’occasion de l’ouverture, trois jeunes talents de l’art urbain ont eu carte blanche pour imaginer des oeuvres. Antonin Hako, un peintre français passionné d’art urbain, a imaginé des peintures sur tissus suspendus. Antwan Horfee - un artiste parisien dont les graffitis excentriques réalisés avec un aérographe sont visibles dans les rues du monde entier - a imaginé une oeuvre dense et colorée. Tandis que Pablo Tomek - un peintre parisien qui aime autant explorer le graffiti dont il est issu que la peinture expressionniste abstraite - détourne les codes bruts des chantiers avec son oeuvre. Ces oeuvres d'artistes apportent à ce batiment neuf et un peu dénué de charme de la couleur et de la vie.

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