Paris Fashion Week masculine : deux moments intenses avec l'Homme Plissé Issey Miyake et Walter van Beirendonck
Pour prolonger le plaisir de cette semaine masculine automne-hiver 2023-24 au cours de laquelle beaucoup de créateurs ont misé sur un avenir optimiste et coloré, voici nos deux coups de cœur : une performance dansée pour la marque japonaise Homme Plissé Issey Miyake et un message politique pour la marque Belge Walter van Beirendonck.
Formes géométriques élaborées pour Homme Plissé Issey Miyake
Issey Miyake présente sa ligne Homme Plissé - avec son emblématique technique de plis et sa matière infroissable et légère à séchage rapide - qui plaît aux hommes branchés affectionnant ce vestiaire facile à vivre au quotidien. Au départ, la version féminine du plissé destinée aux danseurs fut produite pour le ballet The loss of small detail en 1991 avant le lancement de la ligne en 1993. La ligne homme, qui reprend le principe du plissé féminin tout en l’adaptant, a été lancée au Japon en 2013 et en France l'année suivante. Ce vestiaire moderne, urbain et sportif, est né de l’envie de créer des vêtements légers permettant une liberté de mouvement. Ils sont développés à partir des recherches du designer Issey Miyake sur le plissage qu'il a commencé en 1988. Son concept s’appuie sur trois idées : le mouvement grâce au plissé qui apporte élasticité au vêtement, le confort avec le développement d’une matière conceptuelle et technique, et la modernité qui apporte une vision contemporaine du vêtement.
Comme à l'accoutumée, les défilés de la maison japonaise relèvent aussi de la performance. Intitulée Upon A Simplex, la collection est une étude du triangle et de formes géométriques simples qui évoluent pour créer des formes complexes. Ces formes sont intégrées aux vêtements et des segments de leurs lignes s’intègrent aux plis pour les structurer.
La direction artistique du défilé est signée Adrien M & Claire B, compagnie française d’arts visuels et de spectacle vivant. Le show lancé par une installation vidéo vient troubler la perception de l’espace et de la gravité : une grande membrane fluide - agitée par des artistes revêtus de tenues gris clair - palpite, ondule, se froisse et se défroisse. C'est le top départ du show avec des vestes à la silhouette ample tout en rondeur tandis que des manteaux tridimensionnels s'inspirent d'un assemblage de triangles. D'autres pièces sont conçues à l'aide de tissus rectangulaires qui se chevauchent et peuvent se porter de nombreuses façons. Les cordons réglables, insérés dans les coutures, transforment le manteau et une sangle à l'intérieur permet le porter épaule. Aux couleurs vives - vert, rouge, orange - s'ajoutent des imprimés graphiques. On aime ses silhouettes qui ont l'air simple mais sont savamment structurées !
Message politique joyeux pour Walter van Beirendonck
Depuis toujours, Walter Van Beirendonck, un des "Six d'Anvers", adopte une démarche stylistique originale entre artwear et inspiration ethnique à base de graphisme agressif et de couleurs flamboyantes avec en toile de fond un message politique, comme sa première collection Sado en 1983. Ses défilés excentriques font sensation à Paris et sont suivis avec assiduité par la profession car ils lui donnent l'occasion de raconter des histoires et d'interpeller l'opinion. Ainsi pour l'automne-hiver 1995-1996, les hommes couverts de latex de la tête au pied évoquaient des préservatifs géants et les ravages du Sida.
Utilisant le podium comme scène d'engagement politique, le créateur exprime, toujours avec des créations - hautes en couleur, fantaisistes et humoristiques - des idées fortes. Si les non-initiés se retiennent de rire, les journalistes et acheteurs savent, eux, qu'à travers ses collections, il parle des comportements vestimentaires comme des dérives de la mode ou des maux du monde avec cette approche ludique et faussement naïve.
Avec sa collection We need new eyes to see the future [Nous avons besoin de nouveaux yeux pour voir l'avenir], Walter van Beirendonck est, une fois de plus, amusant, politique et avant-gardiste. Les premiers looks interpellent : des costumes à carreaux et des vestes techniques noires sont recouverts de structures gonflables de la forme d'une petite roue de skate. Le créateur propose aussi des looks plus décontractés en modifiant les formes de surchemises et de pantalons bouffants, leur donnant un mouvement tridimensionnel grâce à des formats XXL. Certains costumes sont lacérés et évoquent des cages thoraciques inspirées du squelette, d'autres vestes ont des bulles sans oublier des maillots de cyclisme dans une palette de rose pâle et de bleu ciel floqués de slogans Save the Future, No War et Peace. Les robes t-shirts et les pulls sont nombreux : certains tricotés montrent des serpents et des dragons. On a aimé ces modèles très graphiques et très colorés à tomber.
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