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La Fashion Week de New York, privée de public, s'efforce de soutenir la mode américaine

Les États-Unis ont le plus grand mal à contrôler l'épidémie, ce qui explique le décalage avec les Fashion Weeks de Paris, Milan ou Londres, où les défilés publics seront plus nombreux qu'à New York où ils se feront rares du 13 au 16 septembre. 

Article rédigé par franceinfo Culture avec AFP
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 3 min
Défilé Elmadawy lors du Flying Solo NYFW printemps-été 2021, le 13 septembre 2020 à New York (Etats Unis) (ILYA S. SAVENOK / GETTY IMAGES NORTH AMERICA)

Les États-Unis ont le plus grand mal à contrôler l'épidémie. Résultat : quasiment aucun défilé avec public, pandémie oblige, peu de grands noms, une ville désertée. La Fashion Week de New York, qui s'est ouverte le 13 septembre, n'a pourtant pas renoncé et veut aider les designers américains à survivre à une crise inédite.

Très peu de défilé public 

Michael Kors, Tommy Hilfiger ou Ralph Lauren, habituels poids lourds du calendrier, ne seront pas de cette semaine de la mode qui ne durera qu'un peu plus de trois jours du 13 au 16 septembre. Le défilé en public a quasiment disparu du calendrier cette saison, à quelques très rares exceptions, dont Jason Wu, en ouverture, ou Rebecca Minkoff.

Jason Wu printemps-été 2021 à la New York Fashion Week, le 13 septembre 2020 à New York. Etats Unis (MIKE COPPOLA / GETTY IMAGES NORTH AMERICA)

Désireux d'écouler une partie des stocks considérables accumulés depuis le début de la pandémie, parfois handicapés par une chaîne de production tournant au ralenti, les créateurs ne présenteront leurs nouvelles collections que plus tard, hors calendrier. Marc Jacobs, lui, a renoncé à son millésime printemps-été 2021.

Le seul géant au rendez-vous sera Tom Ford, qui présentera sa collection en virtuel pour la clôture. Sa présence est un symbole de la volonté du syndicat américain de la mode (CFDA), dont il est le président, de soutenir les designers américains de toutes les tailles, parfois au bord de l'asphyxie. Historiquement, le prêt-à-porter américain haut de gamme s'appuie beaucoup sur les grands magasins, déjà mal en point et tombés les uns après les autres avec la pandémie, de Barneys à Lord & Taylor, en passant par Neiman Marcus. 

"Aller de l'avant"

Outre le risque sanitaire, "quand vous essayez simplement de payer le plus d'employés possible et de ne pas licencier davantage ou mettre au chômage technique, dépenser plusieurs millions de dollars dans un défilé n'a aucun sens", a fait valoir Tom Ford dans un entretien au site spécialisé Women's Wear Daily. Le quinquagénaire ne prévoit pas de saison "normale" avant l'automne 2021.

Pour aider les designers américains à tenir, le CFDA a investi dans une nouvelle plateforme, baptisée Runway360, accessible gratuitement aux designers et qui permet aux maisons de présenter leurs collections et de créer un événement virtuel autour de leurs créations. Plus de 50 des 70 designers inscrits au calendrier de cette Fashion Week new-yorkaise utiliseront Runway360. Cette semaine, plusieurs d'entre eux ont filmé des séquences dans New York avant de mettre en ligne leur contenu vidéo le jour dit.

Même privée de défilés physiques, "la mode reste un business et la Fashion Week est une plateforme qui permet aux designers de fonctionner économiquement", a expliqué Steven Kolb, directeur général du CFDA. Avec, à la clef, "des emplois: c'est un gagne-pain, donc il faut aller de l'avant mais prudemment, avec la sécurité (sanitaire) à l'esprit", dit-il.

Plusieurs jeunes designers voient dans cette période inédite "l'occasion d'avoir de la visibilité", explique Geoffrey Owens, couturier afro-américain qui a présenté le 13 septembre sa première collection, sous la marque Zoonek, lors du défilé Flying Solo  Il y a un an seulement, ce pasteur coupait les cheveux dans son salon de coiffure de Virginia Beach (Virginie), tout en rêvant de mode. Déjà habile en dessin, il a appris à coudre en 30 jours et a pu "activer (son) don". "Depuis, les portes n'ont pas arrêté de s'ouvrir".

"Les grandes marques ne présentent pas (cette saison), donc je pense que j'ai plus de chances" de percer, abonde Mohamed ElMadawy, d'origine égyptienne et installé à New York depuis 2012. Lui aussi présente la collection de sa marque Elmadawy avec Flying Solo, une boutique pointue de Soho qui repère et valorise des créateurs émergents.

Pour Geoffrey Owens, les créateurs ont un rôle à jouer "pour donner le la" à la société tout entière et "nous sortir (...) des ténèbres" dans lesquels nous vivons depuis six mois.

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