Fashion Week de Londres : la styliste Bay Garnett s'associe à Oxfam pour un défilé de vêtements de seconde main
Dans un espace industriel souterrain du centre de Londres, des mannequins défilent, portant robes fleuries, tenues de travail tendance et en denim... des pièces d'occasion, chinées dans les entrepôts de l'ONG Oxfam. L'association caritative s'est associée au site de vente de vêtements d'occasion Vinted pour ce défilé Style for Change qui s'est tenu jeudi 12 septembre, au premier jour de la semaine de la mode de Londres qui se terminera le mardi 17 septembre. La plateforme de revente eBay proposait également un show basé sur la seconde main.
Interrogée en marge du défilé Oxfam qu'elle a imaginé, la pionnière de la mode durable la styliste Bay Garnett estime que la jeune génération a compris que l'occasion "est une façon cool de faire du shopping, en trouvant son propre style, une pièce unique". Or "cultiver un sens du style personnel" permet d'éviter de "suivre les micro-tendances" et de ralentir le rythme auquel nous renouvelons le contenu de nos placards, estime la fondatrice du Collective Fashion Justice.
Des efforts qui peuvent néanmoins sembler maigres lorsque le même soir, le géant de la fast fashion H&M s'offrait un coup de projecteur avec un show de la star Charli XCX.
Selon une étude de l'organisation à but non lucratif Collective Fashion Justice, publiée fin août, à peine 3,39% des 206 marques membres du British Fashion Council (BFC, la fédération britannique de la mode) se sont fixé un objectif de réduction des émissions. Parmi ces griffes, seules cinq visent un objectif aligné sur l'Accord de Paris, qui cherche à limiter le réchauffement à 1,5°C par rapport à l'ère pré-industrielle.
Par contraste, 44% des entreprises britanniques ont mis en place un plan d'action climatique, selon des données récentes du Climate-Ready Index de l'assureur Aviva. "La mode britannique est à la traîne (..) par rapport aux autres industries du Royaume-Uni", assure Emma Hakansson, à la tête de Collective Fashion Justice, interrogée par l'AFP.
Faut-il être géant pour être vert ?
Si le géant au tartan Burberry espère atteindre la neutralité carbone d'ici 2040, "fixer des objectifs de réduction de l'empreinte carbone", "pour une petite entreprise, c'est un véritable défi", souligne Caroline Rush, directrice du BFC. "Il faut une équipe capable de la mesurer, de comprendre comment la réduire, puis de partager cette information."
La fédération de la mode cherche à former une cinquantaine de marques à cela d'ici mars prochain dans le cadre d'un programme subventionné par le gouvernement britannique. De son côté, la Fashion Week de Copenhague impose à toutes les marques qui défilent une série d'exigences environnementales. À New York, un Fashion Act, actuellement en projet, obligerait les entreprises à réduire leurs émissions en incluant celles de leurs chaînes d'approvisionnement.
Des solutions existent déjà pour "verdir" les matériaux. La créatrice anglaise Stella McCartney a depuis longtemps abandonné le cuir, préférant une alternative végétale, le mirum; et la société Arda Biomaterials fabrique une matière similaire à partir de déchets des brasseries au Royaume-Uni. Nombre de marques proposent aussi des services de réparation ou de location de vêtements. Encore faut-il que l'ensemble de la chaîne de recyclage suive. Submergé par les dons, le principal organisme de tri et de collecte de vêtements du Royaume-Uni a averti que les usines de traitement des textiles frôlaient leur capacité maximale.
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