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Fashion couture : le travail du pli, tout un art avec Yiqing Yin

Article rédigé par franceinfo - Corinne Jeammet (avec AFP)
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8 créateurs au menu de la 3e journée et la belle parenthèse Yiqing Yin. La créatrice, dernière adoubée dans le cercle de la haute couture, est connue pour sa maîtrise du pli. Un art qu'elle décline avec délicatesse sur la mousseline, l'organza et la fourrure. Drapés élaborés, froissés travaillés et plissés étudiés dans des formes souples et asymétriques riment avec une élégance douce. Bel ouvrage!

FRANCOIS GUILLOT / AFP

L'appellation haute couture a été accordée fin 2015 à Yiqing Yin. La créatrice française d'origine chinoise défilait depuis 2012 en tant que membre invité. Elle vient de quitter le poste de D.A. de la maison Léonard qu'elle occupait depuis 2014 pour se consacrer à sa marque lancée en 2011 qui propose aussi une ligne de prêt-à-porter. Sa marque avait connu un coup de projecteur lors du festival de Cannes en 2013. Audrey Tautou, maîtresse de cérémonie, avait porté une de ses créations, une robe en organza et mousseline de soie, couleur menthe givrée aux innombrables plissés, caractéristique de son style. La créatrice à reçu plusieurs prix :  de la création de la ville de Paris en 2009,  des Premières Collections de l'Association Nationale des Arts de la Mode. Cette saison avec "Blooming ashes" ("Les cendres qui s'épanouissent"), la créatrice -connue pour sa maîtrise du pli- signe une collection d'une belle maitrise. Elle cite Gilles Deleuze: "Le problème n'est pas comment faire un pli mais comment le continuer, lui faire traverser le plafond, le porter à l'infini."  Elle décline cet art avec délicatesse sur des matières comme la fourrure, la mousseline ou l'organza. Avec le cuir, Yiqing Yin fait des bustiers tressés couleur de terre rouge, des lanières ou des harnais pour une femme "dans la toute puissance de sa fragilité". La robe de fourrure travaillée comme une mosaïque et  ornée d'écailles de cuir découpées au laser par le créateur Coen Carsten tandis que la créature vêtue de lumières LED et de cordes de piano, un modèle co-créée avec le sculpteur Bastien Carré, émerveille.
 (FRANCOIS GUILLOT / AFP)
Cette saison, moins de volume chez Stéphane Rolland mais plus des robes de bals plissées, en organza froissé ou de plumes blanches qui accentuent chacun des mouvements. Les blouses transparentes à noeud cravate s'accompagnent de jupes cascades en organza, de grands jupons de ballets en tulle et faille plissées s'agrémentent d'un pull de daim couleur peau, brodé en 3 dimensions. Un fourreau blanc laisse glisser sur une épaule une étoile de crêpe brodées de plumes en silicone. Les combinaisons pantalon jouent de tournures en traînes ou manches géantes. 
 (PATRICK KOVARIK / AFP)
Pour Bouchra Jarrar, la maturité n’est pas une question d’âge mais de construction intérieure. Sa vision de la mode découle d'une connaissance intime de la structure du vêtement et de son souci des proportions réelles. Elle crée des collections justes, élégantes où le smocking oscille entre rigueur masculine et sensualité féminine et le dispute à la sophistication de robes posées au centimètre près sur le corps. La créatrice souligne à travers ses collections un néo-classicisme contemporain, d'essence parisienne et intemporel. Cette 13e collection ne déroge pas à la règle. On a aimé les inspirations militaires qui émaillent les silhouettes. 
 (WWD/Shutterstock/SIPA)
Toujours sexy en diable et très féminines, les créations d'Alexandre Vauthier font comme toujours une large place aux robes fendues et aux décolletés, déclinées dans une palette de rouge, de noir et de bronze.
 (MIGUEL MEDINA / AFP)
Les vestes cintrées s'ornent de volants, un des fils conducteurs de la collection. Ils émergent des shorts sous les vestes donnant une sensation de mouvement perpétuel et par un jeu de contrastes et d'oppositions, ils soulignent les coupes sportives, bouleversent les longueurs et les volumes.
 (MIGUEL MEDINA / AFP)
Chanel a choisi un thème écologique en transportant son défilé dans un jardin zen. Les mannequins sortent d'une maison en bois à étages, qui devient une maison de poupées géante quand ses panneaux à lattes s'ouvrent. Sur des chaussures à semelles compensées en liège, elles avancent sur un chemin de dalles en bois installé dans l'herbe. Robes et jupes sont étroites, arrivant à mi-mollet. Elles sont fendues derrière pour faciliter la marche et laissent entrevoir des plissés  transparents et brillants. Les couleurs sont subtiles et douces pour une élégance évoquant des silhouettes de différentes époques : les fifties et sixties mais aussi les années folles et Gatsby Le Magnifique. Les matières naturelles comme le papier, le bois et la paille composent des broderies. "Je trouvais que finalement ces matériaux, si on les utilise d'une façon particulière sont assez jolis", a expliqué Karl Lagerfeld. Mais "il fallait tout faire, car ça n'existe pas sur le marché, des paillettes de bois!" Cette collection, "ce n'est pas vraiment bling-bling, tapis rouge", a commenté le couturier. "L'écologie est un des thèmes de notre époque, mais cela n'a jamais été  utilisé dans le grand luxe. Le grand luxe, c'était le contraire presque", a-t-il dit.
 (PATRICK KOVARIK / AFP)
Avec sa 2e collection, Yacine Aouadi, a fait son entrée dans le monde de la haute couture avec 13 silhouettes aux  inspirations années 1920 sur des mannequins en bois. Chez lui, la haute couture offre le choix d'un "vrai vestiaire" avec pantalon, robes, manteau,  alliant silhouettes traditionnelles et inspirations sportives. "J'ai ce luxe de pouvoir prendre mon temps pour faire deux collections par  an", dit ce jeune homme qui cite comme modèle Azzedine Alaïa, créateur connu pour son indépendance et son peu de considération pour le  marketing. S'il envisage le prêt-à-porter comme une suite logique à une activité de haute couture, peu rentable, Yacine Aouadi ne veut pas "tomber dans le mass market de luxe". "Je n'ai pas envie d'avoir 400 boutiques, de dégoûter les gens!", lance celui qui dit ressentir un peu une "overdose" face à la profusion des collections de vêtements. Ses parents l'aident  financièrement. Ancien ferronnier aujourd'hui retraité, son père a fait les structures métalliques servant à présenter les modèles. "Je rêvais de mode depuis tout petit",  raconte-t-il. A 20 ans, il ouvre une boutique de vêtements avec son frère à Marseille et crée des t-shirts mais se retrouve vite "coincé techniquement et créativement". C'est alors qu'il décide de partir à Paris pour se former à la mode .Aujourd'hui, ses créations, sur commande et sur mesure, valent plusieurs dizaines de milliers d'euros, pour une clientèle encore rare, à chercher du côté du Golfe et des Etats-Unis. "C'est un travail de longue haleine, il faut tenir financièrement, c'est  sûr", reconnaît Yacine Aouadi qui, avec son partenaire Matthieu Pabiot, "cherche activement des investisseurs".
 (MIGUEL MEDINA / AFP)
La collection Premier Paradis de Julien Fournié a bénéficié de la plateforme logicielle 3DEXPERIENCE de Dassault Systèmes pour une ligne d’accessoires couture créés intégralement en 3D, de la modélisation virtuelle à l'impression. Ces accessoires de tête en forme d’ailes appelés Phoenix ont été créées en 3D grâce au logiciel de modélisation CATIA. "Une fois le design 3D créé dans le logiciel, j’ai adapté les finitions à ma collection couture et j’ai pu choisir en Live les coloris exactes ainsi que les textures que je voulais sur mes accessoires de têtes. En visualisant les rendus sur mon ordinateur, j’ai pu valider mes prototypes virtuels puis lancer la fabrication en impression 3D », explique Julien Fournié.  
 (MIGUEL MEDINA / AFP)

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