Exposition : Jacqueline de Ribes, symbole de l'élégance parisienne, au Met de New York
Aujourd'hui âgée de 86 ans, amie de Saint Laurent et Valentino, dès 1956, Jacqueline de Ribes figure dans la liste des femmes les mieux habillées au monde. En 1962, elle est élue au "Hall of Fame" (panthéon) de la mode et est célébrée par les plus grands photographes de mode.
Jacqueline de Ribes, qui vit à Paris, aurait dû assister mercredi à un dîner en son honneur organisé par le Met mais elle a annulé son voyage à New York après les attentats dans la capitale française. "Après vendredi, elle m'a dit célébrer alors que d'autres gens sont dans la peine ?", explique Harold Koda, le responsable du Costume Institute.
L'exposition présente une soixantaine d'ensembles, haute couture ou prêt-à-porter, les plus anciens datant de 1962, conservés par "la dernière reine de Paris", passionnée de mode depuis son enfance. En 1962, celle qui avait épousé à 19 ans le vicomte puis comte Édouard de Ribes, annonce qu'elle va créer sa maison de couture. Elle a 53 ans. Sa première collection est ovationnée par la presse internationale, les Etats-Unis deviennent son premier marché. Elle dirigera sa maison de couture jusqu'en 1995, avant d'arrêter pour raisons de santé.
Éprise de liberté
Certaines des pièces exposées sont de sa création, d'autres de grands couturiers qui l'ont habillée mais ont souvent été retravaillées, pour répondre à une exigence, un souci du détail et un sens de la nuance exceptionnels. Parmi les grands noms figurant dans l'exposition : Giorgio Armani, Pierre Balmain, Bill Blass, Marc Bohan pour Dior, Roberto Cavalli, John Galliano, Madame Grès (Alix Barton), Jean-Paul Gaultier, Guy Laroche, Yves Saint-Laurent et Emmanuel Ungaro. Des vidéos retracent sa vie d'aristocrate à la beauté singulière, à l'enfance sans amour qui, éprise de liberté, en dépit des contraintes de sa classe, s'essayera au journalisme, au théâtre, à la télévision ou au design d'intérieur.
Au départ, explique Harold Koda, "elle ne voulait pas faire" cette exposition, "elle ne voulait pas en être le centre. Elle nous a volontiers ouvert ses archives mais l'idée qui lui plaisait c'était celle d'un certain style de vie qui s'estompe, de le préserver", explique-t-il. Mais comme le Costume Institute est dédié à la mode et au vêtement, Harold Koda a monté l'exposition autour de ses vêtements extraordinaires, présentés de manière thématique : son "style emblématique" quand elle était jeune mère de deux enfants, "noir et blanc pour la nuit", "robes du soir" et "haute couture". Sont aussi exposées deux incroyables robes de bal masqué, qu'elle fabriquait souvent en recoupant ses robes haute couture.
"Il y a la beauté, et il y a l'exception incroyable" explique Harold Koda, qui raconte avoir été "fasciné" depuis qu'il a vu Jacqueline de Ribes pour la première fois, habillée comme elle seule pouvait l'être, audacieuse, créative, perfectionniste. "Son style est tellement fort, elle a toujours été à la mode mais elle n'a jamais suivi la mode", ajoute-t-il.
Exposition "Jacqueline de Ribes: The Art of Style" du 19 novembre au 21 février 2016. The Metropolitan Museum of Art. 1000 Fifth Avenue. New York.
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