Cet article date de plus d'onze ans.
Des trésors de broderie ancienne, à la bibliothèque Forney
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié le 13/05/2013 13:24
Mis à jour le 06/12/2016 06:30
Joke Visser, collectionneuse privée de marquoirs anciens, présente 750 pièces anciennes de textiles provenant des Pays-Bas, de Belgique et de France ainsi que 100 marquoirs, accompagnés de modèles de reprises et de longs rouleaux d’ouvrages de dames. L'exposition montre l’évolution au fil du temps des marquoirs, des linges de reprise, des canevas brodés et des « Souvenirs de ma jeunesse ».
Walter van De Garde
Aux 17e et 18e siècles, les familles riches possédaient une garde-robe importante et un linge de corps ou de maison diversifié, alors que les classes populaires ne portaient que des vêtements de seconde main. Ces draps, nappes, serviettes, torchons et couvertures composait le trousseau de la jeune fille qui le marquait à ses initiales. Il était essentiel d’identifier le linge de chaque membre de la famille ou même de chaque famille lors des lessives communes qui n’avaient lieu que 2 fois par an.
(Walter van De Garde)
Les marquoirs sont des morceaux d’étoffes ou de canevas sur lesquels les jeunes filles faisaient des exercices au point de croix, brodant les lettres de l’alphabet et les chiffres, en apprentissage de leur futur rôle de maîtresse de maison. La broderie est le plus souvent rouge, couleur résistante, visuelle et facile à produire grâce à la garance. Le plus vieux marquoir des Pays-Bas date de 1572 mais puisque l’on estime à une génération le temps nécessaire à l’établissement d’une tradition, on peut supposer que les premiers marquoirs datent de 1530. Les motifs représentés peuvent être religieux, évoquer la condition humaine, s’inspirer de l’environnement quotidien ou de la nature sans oublier les allusions à la vie politique.
(Walter van De Garde)
Le plus vieux linge à repriser (morceau d’étoffe sur lequel la fillette s’exerce à l’art des reprises) date de 1694. On s’entrainait à repriser toutes les matières et tous les supports. Tous présentent une construction plus ou moins identique : au centre, un motif brodé, par exemple une couronne ou un bouquet de fleurs, accompagné d’une marque, des initiales et de la date. L’intérêt de repriser dans une époque où le textile était tellement cher, est une évidence. Tout ce qui était usé, déchiré ou endommagé, était raccommodé plutôt que remplacé. À partir de la moitié du 18e siècle, l’utilisation de la couleur est mieux maîtrisée et les motifs au centre commencent à jouer un rôle essentiel. Le coton fin remplace peu à peu la grosse toile.
(Walter van De Garde)
Le 19e siècle est une époque de changements. Plus qu’une activité quotidienne nécessaire, la broderie et les ouvrages de dames deviennent un passe-temps. Les alphabets et les séries de chiffres sont remplacés par les motifs des suppléments de magazines féminins de l’époque. Ces patrons, souvent coloriés à la main, se nomment « Berlijnswerk » (modèles de Berlin). Souvent, les motifs sont à caractère romantique. Les motifs sont de plus en plus réalistes. On introduit de nouveaux matériaux, comme le canevas et les fils de laine. Ces derniers, teintés à l’aniline, permettent des tons vifs ou brillants, presque fluorescents.
(Walter van De Garde)
Dans les pensionnats, on s’initiait aux ouvrages de dames. Les internats les plus chers enseignaient les ouvrages d’agrément. Les moins chers, souvent pour les filles des classes moyennes, mettaient l’accent sur les ouvrages utilitaires. À la fin de la formation en travaux manuels, on attachait tous les ouvrages dans leur longueur Le résultat était un rouleau d’1 à 14 mètres de long. Son contenu dépendait du type de formation. Certains comptaient uniquement des ouvrages d’agréement ou d’utilité mais des formes intermédiaires étaient courantes. Leur nom : « handwerkrol », mais aussi d’autres appellations plus poétiques et nostalgiques telles que « Souvenir de ma jeunesse ».
(Walter van De Garde)
Exposition « Au fil des marquoirs. Trésors de broderie des Pays-Bas 1600- 1920 » du 15 mai au 27 juillet. Bibliothèque Forney. Hotel de Sens. 1, rue du Figuier. 75004 Paris. Du mardi au samedi de 13h à 19h. Fermeture le 18 mai.
(Walter van De Garde)
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