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De l’artisanat japonais aux porte-monnaie anciens : quatre expositions mode à voir cet été à Paris

Musées et galeries sont tout au long de l'été des invitations à découvrir la mode autrement.

Article rédigé par Corinne Jeammet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Différents porte-monnaies (argent niellé, à décor bimétallique, à décor de chaînettes d’acier tressé, en aluminium moulé, moulé en alliage argenté en forme de coquille. Collection Joannis-Deberne (THIERRY CARON / DIVERGENCE-IMAGE)

Des savoir-faire d'excellence de l'artisanat japonais - qui ont traversé les siècles - aux recherches d'une designeuse textile contemporaine ou d'un sculpteur qui compresse des sacs dans de la résine, en passant par l'histoire du porte-monnaie de l'Antiquité à nos jours, la mode se révèle un vivier d'inspiration pour les expositions estivales. Suivez le guide. 

Le tissage de luxe japonais, à l’Espace Densan

A l'Espace Densan, des artisans viennent spécialement du Japon afin de faire connaître le savoir-faire multiséculaire associé à leur région. L'occasion d'y découvrir des processus traditionnels de fabrication de cet artisanat qui depuis toujours occupe une place importante dans le quotidien des Japonais. Son utilisation dans la vie de tous les jours a permis la transmission des savoir-faire et contribué à son évolution.

Cet été, l'atelier Miki Miyajima invite à la découverte du tissage en soie "Hakata-ori". Considéré comme un tissage de luxe, sa déclination la plus connue s’appelle le "Kenjo gara" avec quatre bandes de motifs, chacun possédant un sens particulier. Apprécié pour sa durabilité, ainsi que pour sa tendance à rester serré une fois fixé, tout en étant facile à défaire, il était recherché par les hommes qui avaient besoin de tenir les fourreaux de leur katana en place durant leurs déplacements. Sa solidité est idéale pour la création de "obi", les ceintures de kimonos. Il se caractérise par sa finesse, sa souplesse et son épaisseur. Il est fabriqué à la main sur un métier Jacquard utilisé pour tisser des étoffes de couleurs variées à motifs complexes. L’artisane Miki Miyajima fabrique le tissage "Hakata-ori" depuis une dizaine d’années. Elle a collaboré avec des designers notamment de Los Angeles, remporté un concours spécialisé au Japon et diffusé ses créations en Corée et aux USA. La tisserande présente à l'Espace Densan obi, chemins de table et pochettes.

"Savoir-faire intemporels de l'artisanat japonais d'excellence » jusqu’au 30 septembre à l’Espace Densan

Le "Hakata-ori", tissage en soie originaire de la ville de Hakata dans l'exposition "Savoir-faire intemporels de l'artisanat japonais d'excellence » jusqu’au 30 septembre à l’Espace Densan  (BUNGO.S)

Fred Allard compresse le luxe dans des inclusions de résine, à l'hôtel Lutetia 

Louis Vuitton et Jeff Koons, Versace et H&M, Lacoste et Supreme, Moncler et Off-White : la pop-culture s’est imposée comme un élément incontournable des marques de luxe qui empruntent leur inspiration auprès des jeunes générations et de leurs codes : le luxe et le cool. Fred Allard s’inscrit dans cette tendance en réunissant deux univers habituellement opposés avec ses sculptures à base de sacs compressés figés dans des inclusions de résines (cette technique est décrite en minéralogie comme l’enfermement d’un corps étranger dans une matière). Un moyen pour l'artiste contemporain d'interroger le modèle traditionnel fondé sur l’achat, l’accumulation et la consommation. Pour lui "c'est une sociologie de la société actuelle qui se dessine et se sculpte, à travers le contenu des sacs de chacun". Fred Allard puise son inspiration dans le courant protéiforme de l’école de Nice, notamment César et ses compressions, Arman pour ses inclusions.

Galeries Bartoux. Depuis le 27 juin 2019. Hôtel Lutetia, 45, boulevard Raspail. 75006 Paris.

Exposition des oeuvres compressées du sculpteur Fred Allard à l’hôtel Lutetia, à partir du 27 juin 2019. (ATELIER FRED ALLARD)

L’histoire du porte-monnaie de l’Antiquité à nos jours, à la Monnaie de Paris

L’exposition Chic et utile, l’art du porte-monnaie revient sur l’histoire du porte-monnaie de l’Antiquité à nos jours. Son usage révèle l’évolution des codes sociaux, du Moyen-Âge à aujourd’hui et illustre les grands courants de la mode. Il est un accessoire incontournable de l’élégance à la française et sa fabrication participe des arts décoratifs. De matériaux et de provenances diverses (France, Autriche, Angleterre, Italie, Russie...), plus de 300 pièces offrent un voyage à travers les époques, les styles et les usages de cet objet peu connu.

Bourses, aumônières, escarcelles, sont les ancêtres de notre porte-monnaie. Simple poche en tissu ou bel ouvrage de broderie, leur fonction s’avère multiple. À ces précieux témoignages du Moyen-Âge ou de la Renaissance s’ajoutent les rares bourses de jetons en soie. Sous la Restauration et le Second Empire, majoritairement féminins, ces objets aussi petits que délicats témoignent de l’élégance féminine du XIXe siècle, dont ils constituent un élément à part entière, au même titre que l’éventail ou le carnet de bal. Ces objets délicats - rectangulaires, ronds ou ovales - étonnent aussi par la diversité de leurs matériaux : métaux, ivoire, écaille, métal, coquillage, nacre, porcelaine, matières synthétiques et cuir, plus masculin.

"Chic et utile, l’art du porte-monnaie" jusqu’au 3 novembre 2019 à La Monnaie de Paris.

La recherche tissée de la designeuse Hella Jongerius, à l’Espace Lafayette Anticipations

Hella Jongerius - qui compte parmi les figures les plus importantes du design international - a transformé l’Espace Lafayette Anticipations en une grande fabrique de tissu. Elle a imaginé un projet autour du textile et du tissage. Habituellement ses recherches portent principalement sur la signification des couleurs et des matériaux. La Néerlandaise s’est ici intéressée au tissage 3D et au tissage numérique. Au fil des trois mois d’exposition, le public assiste au tissage de nouvelles pièces, présentées au fur et à mesure de leur confection. 

A l’ère de la mode éphémère où les vêtements sont devenus des denrées jetables, cette exposition interroge notre relation au textile et met en lumière les enjeux de sa production et de sa consommation. Le textile - bien plus qu’un simple matériau - renvoie à d’autres sujets comme la culture, la société, l’économie… L’exposition montre ce qu'un consommateur ne voit habituellement jamais : la recherche et l'expérimentation, les outils et les matériaux.  

"Hella Jongerius, Entrelacs, une recherche tissée" jusqu’au 8 septembre à l’Espace Lafayette Anticipations.

La designeuse Hella Jongerius au milieu de son exposition "Hella Jongerius, Entrelacs, une recherche tissée" jusqu’au 8 septembre à l’espace Lafayette Anticipations. 
 (ROEL VAN TOUR / LAFAYETTE ANTICIPATIONS)

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