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Mes goûts et mes couleurs : Jean-Claude Jitrois, créateur du cuir strech
Le styliste français Jean-Claude Jitrois est l'inventeur du cuir strech. Il s'est approprié le cuir dans ses créations, le détournant et le réinterprétant tout en le dissociant d’un monde trop masculin pour le faire vivre au quotidien sur la peau des femmes et des hommes. Sa référence mode Pierre Cardin. Ses références culturelles du moment : Pierre Soulages, Marguerite Yourcenar et Chopin.
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Quelle est la pièce préférée de votre dernière collection ?
Chaque saison, j’essaye de repousser les possibilités de ma matière fétiche, sous toutes ses formes et en avant-garde. La ligne Heifer qui fait partie de la collection automne-hiver 2014-15 met le cuir en scène à la manière d’une seconde peau délicatement brodée, jouant sur la transparence, à la manière d’un clair-obscur. Ce qui m’intéresse avant tout dans cette démarche c’est l’ambivalence d’un cuir à la fois protecteur et séducteur. Couvrir le corps pour mieux le révéler, imprégner la matière de la personnalité de celui ou celle qui le porte : chaque pièce porte l’ADN de la maison Jitrois. Renforcer le moi et renforcez vous ! Quel couturier vous a marqué au cours de votre carrière et pourquoi ?
Le travail de Pierre Cardin est visionnaire. Il est dès le début des années 60 le précurseur d’une mode nouvelle, un créateur rebelle qui bouscule l’establishment pour mieux faire descendre la couture dans la rue. C’est sur son modèle que je m’attache dans chacune de mes collections à une chose essentielle : innover. Je dis souvent que l’angoisse est le moteur de la création et c’est l’innovation qui crée une dynamique vertueuse. Le dernier livre lu ?
Posé sur ma table de nuit depuis près de 30 ans, "Les mémoires d’Hadrien" de Marguerite Yourcenar, est plus qu’un livre de chevet, une source inépuisable de références et de mots justes. La phrase qui résume le mieux le talent de Marguerite Yourcenar est au chapitre Saeculum Aureum : "Tout bonheur est un chef-d’œuvre, la moindre erreur le fausse, la moindre hésitation l’haltère, la moindre lourdeur le dépare, la moindre sottise l’abêtit". C’est comme une bible, elle nous dit aussi "la passion comblée a son innocence".
La dernière exposition vue ?
L’Art éveille les sens et l’esprit, il demeure et les expositions sont une merveilleuse source d’inspiration pour un créateur. Je suis allé au musée Soulages qui vient tout juste d’ouvrir ses portes à Rodez et retrace l’œuvre de cet artiste spécialiste du noir et de l’outrenoir. On y découvre ses différents travaux, sur papier, sur toile ou encore sur vitraux. Le Centre Pompidou avait réalisé en 2009 une rétrospective qui avait rencontré un immense succès : 500.000 entrées, un record ! Le dernier coup cœur musical ?
Il y a quelques jours, j’étais à Palma de Majorque dans un lieu chargé d’histoire et chargé de musique : le monastère de Valldemossa. Un lieu empli de spiritualité, qui convenait à l’esprit de Chopin et Georges Sand. C’est d’ailleurs là que Chopin y a composé l’étude N°3 en mi majeur op.10, dans l’hiver des Baléares, sous les clapotis d’une pluie intense. La musique telle une madeleine, fait renaitre des souvenirs et surgir des moments : elle nourrit notre âme.
Chaque saison, j’essaye de repousser les possibilités de ma matière fétiche, sous toutes ses formes et en avant-garde. La ligne Heifer qui fait partie de la collection automne-hiver 2014-15 met le cuir en scène à la manière d’une seconde peau délicatement brodée, jouant sur la transparence, à la manière d’un clair-obscur. Ce qui m’intéresse avant tout dans cette démarche c’est l’ambivalence d’un cuir à la fois protecteur et séducteur. Couvrir le corps pour mieux le révéler, imprégner la matière de la personnalité de celui ou celle qui le porte : chaque pièce porte l’ADN de la maison Jitrois. Renforcer le moi et renforcez vous ! Quel couturier vous a marqué au cours de votre carrière et pourquoi ?
Le travail de Pierre Cardin est visionnaire. Il est dès le début des années 60 le précurseur d’une mode nouvelle, un créateur rebelle qui bouscule l’establishment pour mieux faire descendre la couture dans la rue. C’est sur son modèle que je m’attache dans chacune de mes collections à une chose essentielle : innover. Je dis souvent que l’angoisse est le moteur de la création et c’est l’innovation qui crée une dynamique vertueuse. Le dernier livre lu ?
Posé sur ma table de nuit depuis près de 30 ans, "Les mémoires d’Hadrien" de Marguerite Yourcenar, est plus qu’un livre de chevet, une source inépuisable de références et de mots justes. La phrase qui résume le mieux le talent de Marguerite Yourcenar est au chapitre Saeculum Aureum : "Tout bonheur est un chef-d’œuvre, la moindre erreur le fausse, la moindre hésitation l’haltère, la moindre lourdeur le dépare, la moindre sottise l’abêtit". C’est comme une bible, elle nous dit aussi "la passion comblée a son innocence".
La dernière exposition vue ?
L’Art éveille les sens et l’esprit, il demeure et les expositions sont une merveilleuse source d’inspiration pour un créateur. Je suis allé au musée Soulages qui vient tout juste d’ouvrir ses portes à Rodez et retrace l’œuvre de cet artiste spécialiste du noir et de l’outrenoir. On y découvre ses différents travaux, sur papier, sur toile ou encore sur vitraux. Le Centre Pompidou avait réalisé en 2009 une rétrospective qui avait rencontré un immense succès : 500.000 entrées, un record ! Le dernier coup cœur musical ?
Il y a quelques jours, j’étais à Palma de Majorque dans un lieu chargé d’histoire et chargé de musique : le monastère de Valldemossa. Un lieu empli de spiritualité, qui convenait à l’esprit de Chopin et Georges Sand. C’est d’ailleurs là que Chopin y a composé l’étude N°3 en mi majeur op.10, dans l’hiver des Baléares, sous les clapotis d’une pluie intense. La musique telle une madeleine, fait renaitre des souvenirs et surgir des moments : elle nourrit notre âme.
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