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Mes goûts et mes couleurs : Dominique Issermann et ses photos en escale à l'aéroport Charles de Gaulle

Après avoir exposé à Arles et à la Maison Européenne de la Photographie, c’est à l’aéroport Paris-Charles de Gaulle que Dominique Issermann présente ses photos hors du circuit habituel et des normes attendues (tirages, cadres, accrochages, vernissage...). Un moyen de les faire connaitre de la manière la plus inattendue qui soit. Rencontre avec une photographe de mode à l'oeil aiguisé !
Article rédigé par Corinne Jeammet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
La photographe Dominique Issermann de dos, octobre 2016
 (O.Hersart)
Quelle est la photo préférée de votre dernière collection ?
"J’ai récemment publié une longue histoire de 20 pages avec Isabelle Adjani et son fils Gabriel Kane Day Lewis".
Isabelle Adjani et son fils Gabriel Kane Day Levis
 (Dominique Issermann)
"Je les avais photographiés ensemble quand le petit avait quelques mois, c’était très émouvant de les regarder 20 ans après, si proches, si complices".
Isabelle Adjani et son fils Gabriel Kane Day Levis, en 2016
 (Dominique Issermann)
Quel photographe vous a marqué au cours de votre carrière ?
"Edward Weston, l’image de sa feuille de chou m’a impressionnée très jeune".
"Cabbage Leaf" d'Eward Weston. 1931
 (Edward Weston)
Quel est le dernier livre lu ?
"Je viens de relire "Giacomo Joyce" de James Joyce. Toujours le même éblouissement."
"Giacomo Joyce" de James Joyce. Edition Gallimard
 (Gallimard)
Quelle est la dernière exposition vue ?
"L’exposition du photographe Joseph Sudek au musée de Jeu de Paume. Tellement belle". 
Josef Sudek, "Prague pendant la nuit", vers 1950-1959, Musée des Beaux-arts du Canada. Don anonyme, 2010
 (Succession de Josef Sudek)
Quel est le dernier coup cœur musical ?
"Le dernier album de Leonard Cohen "You want to make it darker".
Pourquoi avoir accepté que le lieu d’exposition soit un aéroport ?
"J’ai dit oui tout de suite à la proposition de Paris Aéroport d’exposer à Charles de Gaulle, j’aime bien installer les photos ailleurs que sur des murs. Alors au bout de 3 ou 4 visites à la recherche du lieu idéal dans l’aéroport, j’ai proposé d’exposer sur les écrans Decaux, ce qui a été accepté avec enthousiasme ! Du jamais vu !".
Que vous apporte ce format ?
"C‘est une nouvelle expérience, un nouveau support photographique, c’est le monde à l’envers, une expo qui interrompt des films publicitaires ! Cela m’a permis aussi de transformer chaque photo en un petit film".

N’est-ce pas un format un peu frustrant car le spectateur a juste le temps d’entrevoir la photo ?
"Chaque photo passe pendant 20 secondes, ce n’est pas mal …la même photo surgit sur les 470 écrans simultanément, et on voit souvent plusieurs écrans à la fois ou au moins successivement. Je n’ai aucune frustration et j’espère que le voyageur ne sera pas frustré dans son parcours. Je ne sais pas combien de personnes sur les 180.000 regarderont vraiment les écrans… c’est excitant d’espérer que ça les excitera de regarder".
Le travail de Dominique Issermann exposé à CDG, octobre 2016
 (O.Hersart)

80 photos sur 470 écrans

Paris Aéroport présente jusqu'au 9 décembre 2016 ces 80 photos tirées des archives de Dominique Issermann qui les expose sous forme de films sur les écrans publicitaires de JC Decaux Airport Paris.
Le travail de Dominique Issermann exposé à l'aéroport CDG, octobre 2016
 (O.Hersart)
"Nos aéroports sont le premier et le dernier contact que les passagers ont avec Paris (…) Surprendre, émerveiller, émouvoir (…) tels sont les objectifs de notre programmation culturelle et de la collaboration exceptionnelle que nous avons initiée avec Dominique Issermann (…) 80 photos issues des archives personnelles de l'artiste et projetées -grâce au soutien de JC Decaux airport- sur 470 écrans répartis dans les 8 terminaux de l'aéroport (….) L'écran publicitaire devient support artistique et les images surgissent au milieu des plages de publicité (…) Cette exposition n'a ni début ni fin. Mouvante, elle s'adapte au passager et vient le surprendre tout au long de son parcours, de son arrivée à l'aéroport jusqu'à son départ en salle d'embarquement" explique Augustin de Romanet PDG du Groupe ADP.
Dominique Issermann à l'aéroport CDG, octobre 2016
 (O.Hersart)

Dominique Issermann de 1950 à aujourd'hui 

1950 : à la campagne, au fond du jardin, je vise dans le Brownie Flash de mon père, j’ai quatre ans, je photographie ma mère qui étend des draps, ma première photo.

1960 : je fais des photos de ma soeur, mon frère, mes voisins, des gens qui passent dans la rue.
Photo Vanity fair signée Dominique Issermann
 (Dominique Issermann)
1970 : l’Italie, le cinéma. Cinq ans à Rome. Travail collectif pour le film de Jean-Luc Godard "Vent d’est" et réalisation de deux longs métrages avec Marc’O. Puis la révolution des oeillets au Portugal. Je sens qu’au milieu des blessés je pourrais devenir infirmière et que seule l’émotion devant la beauté peut me faire devenir photographe. Je me lance dans un concours de photos de mode. Je gagne. Avant, il y avait les vrais gens dans la vraie rue et après il y a eu les vrais mannequins dans les vrais studios de mode.

1980 : je me gave de films à la Cinémathèque et je commence à photographier des actrices et des acteurs qui deviendront célèbres. Sonia Rykiel me dit : "Pouvez-vous photographier ma collection pour 18 pages dans Vogue ?". J’avais vu en couverture d’Elle Anne Rohart qui venait de remporter un concours pour devenir mannequin. Je photographie toutes ses collections pendant plus de dix ans et réalise avec Anne Rohart un livre de nus au château de Maisons-Lafitte.
Photo Mary Ann Io Donna, Belle Ile, juin 1998
 (Dominique Issermann)
1990 : Christian Dior, Nina Ricci, Yves Saint Laurent, Montana, Hermes, Chanel… Je travaille main dans la main avec les créateurs, ils me tiennent la main et me laissent faire. Je vis avec un groupe que j’aime, presque toujours les mêmes mannequins, coiffeurs, maquilleurs, stylistes, voyageant d’aéroports en hôtels, au gré des saisons inversées des collections de mode, pour Vogue, The New York Times magazine, Elle...
Photo Sonia Rykiel signée Dominique Issermann
 (Dominique Issermann)
2000 : les machines débarquent, je passe au numérique. J’édite des cartes postales pour une exposition à Arles. Je découvre l’architecture de Peter Zumthor aux Thermes de Vals. J’y entraine Laetitia Casta dans la chorégraphie d’un nouveau livre. L’expérience romaine m’a laissé le goût du cinéma. Leonard Cohen dans les années 90 m’a confié la réalisation de ses clips "Dance me" et "Manhattan", ainsi que Catherine Deneuve, Renaud et Patricia Kaas. C’est ainsi que Bob Dylan débarque un jour devant ma caméra, convié par Victoria’s Secret à faire une unique apparition dans le monde du film publicitaire.
2010 : j’ai toujours aimé faire des photos pour le papier, les pages de journaux, ça me plaisait de savoir que mes photos pourraient emballer du poisson ou empêcher les chaussures de perdre leur forme. Un tirage était pour moi, pendant longtemps, du matériel pour l’impression du journal, de l’affiche, du livre. Mes tirages sont exposés à la Maison Européenne de la Photographie en 2012. Puis, je réalise avec mon Iphone 10 vidéos clips à la demande de Léonard Cohen pour son album "Old Ideas". Enfin, l'Académie des César fait entrer dans mon studio 30 "Révélations 2013".

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