Les décoiffantes créations Hair Couture de Murielle Kabile s'invitent à la PFW
Des oeuvres uniques réalisées en fibre de cheveux synthétiques, confectionnées et tissées avec une extrême minutie, des assemblages de mèches, coiffées et laquées qui parent la tête et le corps de ses mannequins... diadèmes, robes haute couture ou oeuvres contemporaines, c'est un univers est à la croisée des cultures.
A l’occasion de la Fashion week parisienne, la Designer Hair Couture présente ses dernières réalisations. Entre performances et installations, ses oeuvres extravagantes questionnent les territoires de l’Art et ses champs d’intervention.
Invitée de Fashions week de Milan et de New York, Murielle Kabile fait ses premiers pas dans l’univers de la mode en tant que styliste spécialisée dans le cuir. Parallèlement, elle obtient son brevet professionnel de styliste visagiste et exerce ses talents dans la haute coiffure. Murielle Kabile décide en 2014 de détourner la fibre capillaire pour l’employer dans ses créations artistiques : vêtements, installations, photos, sculptures.
"Je n’appartiens pas entièrement au monde de la haute couture, ni à celui de la haute coiffure. Je n’estime pas faire de la coiffure lorsque j’habille quelqu’un, même s’il s’agit d’une réalisation en cheveux. Et je ne me considère pas non plus comme plasticienne lorsque je sculpte la fibre capillaire sur la tête d’un modèle".
Vos modèles relèvent-ils plus de la sculpture que du vêtement ?
"Pour moi ce sont plutôt des sculptures que l'on peut décider de porter ou ne pas porter. Elles ont été créées avec un mélange de techniques propres à la coiffure combinées à mon savoir-faire en matière de couture".
Comment peux-t-on vous qualifier ?
"Mes créations sont le mélange de l’ensemble de ces univers et je pense que le terme Designer Hair Couture est celui qui me définirait le mieux. Pour cette exposition, je souhaitais présenter à la fois des installations, des photos, des tableaux mais également réaliser des performances".
Pourquoi avoir choisi le cheveu comme matériau ? Quel type de cheveux utilisez-vous ?
"Je suis amoureuse du cheveu et je souhaitais l’exploiter différemment en le détournant. Car ce qui m’intéresse c’est de voir jusqu’où je peux aller avec cette matière... J'utilise, tout comme en coiffure, tous matériaux pouvant ressembler à du cheveu qu'il soit naturel ou non. Je ne me mets aucune limite".
Y-a-t-il un lien entre vos origines métissées et votre envie d'exploiter le cheveu ?
"Le travail du cheveu fait partie intégrante de la culture Afro. On porte des perruques, on ajoute des mèches, on fait des extensions. Mes racines ancestrales, kabile et martiniquaise, ont certainement une part inconsciente dans ma démarche mais ce n’était pas un parti pris au départ. J’aime travailler tous types de cheveux qu’ils soient lisses, bouclés, crépus, synthétiques ou naturels".
Qu’est-ce qui vous inspire ?
"Tout m’inspire ! A commencer par le quotidien. Les gens que je rencontre, les défilés ou les expositions auxquels j’assiste, le monde qui bouge autour de moi. Ça peut être la forme d’un bâtiment, un vêtement ou la couleur d’une étoffe. Je regarde le monde actuel et le transpose dans mes créations".
Comment réalisez-vous vos créations ?
"Je suis mon coeur et mes envies. Au départ, j’ai plus ou moins une projection mentale de ce que je souhaite réaliser. Je commence ensuite à poser les premiers éléments sur un buste et puis je me laisse guider par mon instinct. Je ne dessine pas. J’ai horreur de ça. J’aurais l’impression de perdre mon temps car souvent le résultat final ne ressemble pas à ce que j’avais imaginé initialement. Je préfère me lancer sans filet et créer directement sur le mannequin."
Quelle est la pièce dont vous êtes la plus fière ?
"La pièce dont je suis la plus fière est Nefertari. C’est ma toute première réalisation. Elle a, depuis sa création subit quelques modifications. Avec cette pièce je suis passée du rêve à la réalité, en concrétisant cette idée folle de créer avec des cheveux autre chose qu'une coiffure. Cette création a été portée par un mannequin à l’occasion de la montée des marches du Festival de Cannes en 2014....J’étais émue de constater que cette création suscitait un réel intérêt. Ce moment a été l’élément déclencheur qui m'a motivé à réaliser ma toute la première collection "Hair du temps".
Quel a été le fil conducteur de la collection Big Hair ?
"Big Hair World est ma dernière collection. C'est une collection de perruques créées comme des œuvres d'art sculptées directement sur la tête. Elles sont très volumineuses avec différentes textures, différentes matières, couleurs et formes. Je me suis beaucoup inspirée de l'histoire et de la symbolique de la coupe Afro pour cette collection. "Chaque cheveu possède ses spécificités. Ce qui me plaisait avec le cheveu texturisé, c’était de travailler les volumes, les formes et les couleurs. Je suis partie de la coupe Afro que j’ai volontairement amplifiée pour donner de nouvelles proportions au corps. Au-delà de l’aspect esthétique des volumes de cette coupe c’est également son côté historique et sociologique que je souhaitais évoquer".Quels sont vos projets ?
"Je collabore avec d’autres designers. La créatrice de bijoux Maud Viallaret pour Toubab Paris, le styliste italien Fabio Porliod, spécialisé dans le travail du cuir..... J’ai également des projets avec les photographes Xavier Dollin et David Ekue ou encore Stéphanie Ledoux, une ancienne biologiste qui a tout plaqué pour se consacrer au dessin de voyage".
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.