La créatrice de lingerie Paloma Casile couronnée du label "Fabriqué à Paris"
Diplômée d’Esmod Paris, major de promotion en spécialisation Lingerie et aiguille d’or de l’école, Paloma Casile a ensuite poursuivi son apprentissage au cœur des maisons Chantal Thomass et Cadolle. En 2012, elle remporte le prix lingerie au Festival des Jeunes Créateurs de mode de Dinard. Tout s'enchaîne alors !
"C’est compliqué quand on gagne un concours. Après le Festival de Dinard, on m’a demandé de participer au Salon International de la Lingerie" explique la jeune femme avant d’ajouter "J’ai dû créer ma marque dans la foulée. J’ai réalisé 200 pièces sur ma machine à coudre dans mon appartement. Après j’ai suivi un apprentissage au sein de la marque de lingerie Allande. Outre la formation à la gradation, j’y ai énormément appris".
Comment avez-vous obtenu ce label ?
"C’est la Chambre des métiers de l’artisanat qui m’a envoyé un mail pour participer au concours pour le label Fabriqué à Paris. J’ai présenté quatre parures et c’est le modèle Jane qui a gagné. L’étiquette Fabriqué à Paris n’est pas encore apposée dans la vitrine, elle le sera en octobre avec la refonte de la boutique. La rentrée sera chargée j'attends aussi la réponse de la commission Entreprise du Patrimoine Vivant auprès de laquelle j’ai déposé un dossier".Du "Made in France" au "Fabriqué à Paris"
Adepte du Made in France, Paloma Casile dispose du Label Fabriqué à Paris depuis fin 2017. "Après ma participation au festival de Dinard, j’ai eu la chance d’être accompagnée par des dentelliers de Calais qui m’ont aidé. Comme je suis Lyonnaise, cela a été aussi plus facile avec les Soyeux. Cette proximité permet d’accéder à ces savoir-faire de qualité. En fabriquant dans mon atelier parisien, j’ai aussi plus de souplesse. Ici nous fabriquons 2000 à 2500 pièces par saison. Je n’ai désormais recours à l’usine qu’en cas de très grosse commande. L'aspect négatif du fabriqué à Paris, c’est le prix. Mes parures sont chères et même dans le luxe, les gens ne comprennent pas toujours pourquoi. Même si, par exemple, on a ouvert les ateliers pendant la journée des métiers d’art. On a une vraie éthique (tout est labellisé Eco Tech) et l’on paye des salaires décents. A terme, je veut développer une ligne moins chère, mais c’est compliqué".Quel sera le nouveau concept de boutique ?
"La boutique va se réinventer en concept-store. C’est prévu pour octobre. La configuration va changer, l’atelier (que l’on utilise depuis quatre ans) va devenir plus fonctionnel avec de nouvelles machines… L’espace cabine prendra une allure de salon pour développer une expérience du shopping de luxe via le sur-mesure et la retouche. On fera vivre le concept-store avec des événements (des concerts entre autres) et en développant des collaborations. On va ainsi demander à des artistes (un tatoueur par exemple) de dessiner de la dentelle. On éditera ensuite une série limitée. Cette réouverture se tiendra le mois de la campagne de sensibilisation au cancer du sein, avec le lancement du second livre "Undressed. The secrets of french lingerie" de Kathryn Kemp-Griffin pour lequel j’ai fait les illustrations"."Aujourd’hui la boutique appartient à la créatrice de mode Nathalie Chaize. Outre la lingerie, il y a aussi des vêtements, car souvent les clientes demandent comment porter ma lingerie ! Cela va continuer : on va garder des pièces choisies comme les tailleurs pantalons, les vestes et les mailles qui mettent en valeur la lingerie. On développera aussi des produits comme les T-shirts en tulle par exemple. Cette collaboration avec Nathalie Chaize me permet de profiter de son expertise de vente. Au début, elle nous a accueilli au sein de son atelier, puis elle nous a proposé un corner dans la boutique fin 2016. Nos deux marques ont les mêmes attentes".
Créativité et technicité
"Les techniques traditionnelles qui font la richesse du savoir-faire français font parties de mon processus de création. Je dessine, je réalise les patronages et je crée chaque prototype. Les gradations de tailles sont réalisées ici (ndlr : dans l'atelier-boutique au 10, rue du Jour à Paris). Chaque pièce est conçue puis fabriquée à la main selon la technique traditionnelle de corseterie. Les matières sont sélectionnées ou spécialement fabriquées par des fournisseurs français ou européens reconnus pour leur exigence et leur qualité. Chaque création fait l’éloge d’une matière - la dentelle de Calais, la broderie française, la guipure, la soie de Lyon, les micro-fibres... - associée à des découpes graphiques et inattendues, des jeux d’élastiques travaillés, des attaches métallisées placées comme des bijoux. Les broderies et les motifs sont des créations propres développées avec les meilleurs artisans. Même si j’affectionne le noir et l'ivoire, il y a aussi désormais du bordeaux dans ma collection et même du bleu marine en 2019".FABRIQUe a Paris, la promotion de la richesse de la fabrication parisienne
Ce label distingue des produits dont la fabrication ou la dernière transformation ayant abouti à la création d'un produit nouveau a été réalisée à Paris et dont la valeur ajoutée a été majoritairement réalisée à Paris. Un logo "Fabriqué à Paris" permet aux créateurs de faciliter l’identification de leur produit sur leur vitrine et au sein de leur boutique.
La première édition a été organisée sous la forme d’un concours à l’automne 2017. 234 artisan(e)s, entrepreneur(e)s et créateurs (trices) ont été sélectionné(e)s : 15 ont été récompensé(e)s par la Ville de Paris. Parmi ces labélisés, les activités de bijouterie, de maroquinerie de mode et d’artisanat alimentaire ont été les plus représentées. Les 10e, 11e, 12e et 18e arrondissements sont ceux dans lesquels on dénombre le plus d’artisans récompensés.
Pour chacune des catégories (artisanat d’art-création, artisanat alimentaire et activités de production), des produits ont été distingués. Dans le domaine de la mode, il y a eu outre Paloma Casile, le manteau coutures tournantes de la Maison Coudert (20e), les chaussures Aspectus 53 du bottier Philippe Atienza (12e), la monture de lunettes Minotaure 1900 du fabricant Lucas de Stael (Paris 19e) et les vêtements et accessoires tricotés avec des fils recyclés de la créatrice Marcia de Carvalho (18e).
Organisée du 16 mai au 23 juin 2018, une exposition à l’Hôtel de ville a ensuite présenté 106 produits de ces artisans labellisés en 2017.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.