Paris Fashion Week : entre airbags et armures, le défilé Dior délivre un message féministe en temps de guerre
Sous le prisme de la guerre en Ukraine, la collection féminine automne-hiver 2022-23 de Dior, présentée mardi 1er mars à Paris, s'est prêtée à une nouvelle lecture : plusieurs pièces évoquaient des armures et des "protections", recherchées en temps de guerre.
Au moment où les missiles russes s'abattent sur des villes ukrainiennes, la collection conçue ces derniers mois et censée repousser les limites du "sportswear" de luxe, se prête à une lecture différente. Des airbags, élaborés avec une start-up italienne qui fabrique des équipements pour les motards, se portent en corset ou en gilet, une petite robe grise évoque les armures et des protections couvrent les épaules et chevilles.
"Il y a beaucoup de réflexion, comment, par ces temps difficiles, associer la beauté, l'esthétique et la protection", déclare à l'AFP Maria Grazia Chiuri, directrice artistique des collections femme de Dior. "Le vêtement en soi représente une idée de protection, c'est notre première maison, cela nous rassure. Cet aspect est très présent dans ce que je fais, de la protection émotionnelle à la protection au sens propre du terme", ajoute-t-elle.
Après la collection prêt-à-porter printemps-été 2022 optimiste avec des couleurs vives, celle présentée au deuxième jour de la semaine du prêt-à-porter féminin automne-hiver 2022-23 est sombre, dans le noir, gris et beige. Devant un parterre de célébrités dont la chanteuse Rihanna, enceinte, en tenue noire transparente laissant voir son ventre, les actrices françaises Isabelle Adjani et Karin Viard, la chanteuse Louane et l'influenceuse italienne Chiara Ferragni, les mannequins affichent une démarche angulaire rythmée par une musique dramatique.
Plus de femmes, moins de guerres
La guerre en Ukraine "est beaucoup plus proche de nous. Mais le monde était déjà en guerre, le Covid c'était une autre guerre d'une certaine manière, nous avons vécu des mois extrêmement difficiles". Le contexte pousse "la mode à se confronter à la technologie pour la rendre plus fonctionnelle pour la femme, pour le corps", souligne la créatrice.
En entrant au défilé baptisé Ere suivante dans le jardin des Tuileries, on passe par l'œuvre éponyme de l'artiste italienne Mariella Bettineschi, qui repeint des portraits féminins du XVIe au XIXe siècle en découpant et en dédoublant les yeux des femmes. La Dame à l'hermine de Léonard de Vinci avec quatre yeux accueille ainsi les invités à l'entrée du pavillon, symbolisant une relecture féministe de l'histoire de l'art.
Des visages féminins familiers, tirés de grands tableaux mais aux yeux dédoublés, observent le défilé depuis les murs bordeaux recouverts de ces portraits. Connue pour ses prises de position féministes, Maria Grazia Chiuri y voit un message anti-guerre. "Le problème est culturel et patriarcal. Il faut qu'il y ait plus de femmes aux postes décisifs (...) Il y aurait moins de guerres, les femmes ne veulent pas de guerres", souligne-t-elle.
La veste Bar, pièce phare
En terme de design, c'est la veste Bar, pièce phare ultraféminine du "New Look" d'après-guerre de Christian Dior, que Maria Grazia Chiuri transforme de façon la plus radicale. Rembourrée au niveau des hanches ou chauffante avec des circuits qui peuvent transmettre chaleur et lumière, la veste aux formes voluptueuses et hypersexualisées, devient une pièce fonctionnelle futuriste. "Je voulais la décomposer et la recomposer avec un autre lexique", explique la créatrice. La collection est faite en collaboration avec la start-up italienne D-Air lab.
Les escarpins brodés à bout carré réalisés en collaboration avec Roger Vivier sont rehaussées par un empiècement en tissu technique autour de la cheville, évoquant les bandes de protection. D'épaisses bottes noires de style militaire sont une pièce à choisir pour la femme Dior de l'ère à venir.
La vidéo du défilé de la collection Dior automne-hiver 2022-23 :
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